23 août, 2010

En Afrique du Sud: le mouvement de grève illimitée des fonctionnaires se durcit


Plus d’un million de grévistes réclament depuis trois jours une hausse de salaire de 8,6% et jugent insuffisante la proposition du gouvernement d’une augmentation de 7%.

«le gouvernement Zuma n’a pas réussi à stopper l’enrichissement de la nouvelle élite noire, invoquant l’égalité des races, ou le «Black empowerment». Et cet enrichissement est devenu embarrassant pour l’ANC, alors que les ouvriers jugent inconcevable d’accepter un salaire mensuel qui équivaut au coût d’un repas d’un nouveau riche ! », explique André Thomashaussen, de l’Université d’Afrique du Sud à Prétoria.

Les grévistes exigent aussi une augmentation des allocations logement et une meilleure sécurité sociale. Le gouvernement menace d’appliquer unilatéralement l’accord si les syndicats ne le signaient pas dans les 21 jours.

Au cours des manifestations, la police a tiré des balles en caoutchouc contre des manifestants qui menacent de durcir le mouvement

Le ministre de la santé Aaron Motsoaledi a condamné le comportement de certains grévistes entravant le fonctionnement des écoles et des hôpitaux. Les forces de sécurité sont en état d’alerte.

Des citoyens ordinaires se portent volontaires dans les hôpitaux à travers tout le pays afin de réduire l’impact de la grève. Du personnel médical de l’armée a aussi été déployé dans les hôpitaux publics, et des patients ont été transférés dans des centres hospitaliers privés. Certains employés de la santé publique, considérés comme indispensables et n’ayant pas le droit de débrayer ont tout de même répondu au mot d’ordre des syndicat
La grogne gagne aussi le secteur privé. Les ouvriers de l’industrie métallurgique ont également manifesté, réclamant des hausses de salaires. A noter que les employés de l’industrie automobile ont cessé leur grève vendredi, après un accord sur une augmentation salariale de 10 % cette année, et 9 % les deux années suivantes.

Les grévistes accusent le gouvernement de ne pas avoir honoré ses promesses électorales : l’amélioration des conditions de vie des ouvriers et une meilleure justice sociale.

Pour André Thomashausen, professeur à l’institut de droit international et comparé à l’Université d’Afrique du Sud à Prétoria, un autre facteur a exacerbé ce ras-le-bol : «le gouvernement Zuma n’a pas réussi à stopper l’enrichissement de la nouvelle élite noire, invoquant l’égalité des races, ou le «Black empowerment». Et cet enrichissement est devenu embarrassant pour l’ANC, alors que les ouvriers jugent inconcevable d’accepter un salaire mensuel qui équivaut au coût d’un repas d’un nouveau riche ! ».

43% de la population en Afrique du Sud vit sous le seuil de la pauvreté. Le pays a abrité la Coupe du Monde de football cet été ; aujourd’hui la population s’interroge sur l’utilité des infrastructures pour lesquelles elle a contribué, et attend un geste du gouvernement.

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