29 mai, 2010

Grâce à l'Euro 2016, le foot français renoue avec la victoire


En 1984, le numéro 10 des Bleus apportait au pays son premier trophée international lors de son premier Euro organisé à la maison. Quatorze ans plus tard, le meneur de jeu reconverti en brillant organisateur pilotait la Coupe du monde en France qui consacrait la bande à Zidane. Vendredi 28 mai, c'est dans son costume de président de l'Union des associations européennes de football Associations (UEFA) qu'il a annoncé, à Genève, que la France avait été désignée pour accueillir l'Euro en 2016.

Michel Platini n'a pas participé au vote du comité exécutif de l'UEFA qui n'a donné qu'une voix d'avance à la candidature française (7) face à sa rivale turque (6). Mais, pour le troisième postulant, l'Italie, écartée au premier tour, il ne faisait pas de doute que la nationalité du patron du football européen ferait pencher la balance en faveur de la France.

"Moi, je suis très ami avec les Turcs et j'ai un nom à consonance italienne", a déclaré après le vote Michel Platini, qui s'est contenté de montrer le carton "France " sans dire un mot au moment de la désignation du vainqueur. "Cette élection est la preuve que l'UEFA est démocratique. Si le président était un despote, le résultat aurait été de 13-0."

Le patron de l'UEFA, qui a toujours le sens de la formule, avait sévèrement taclé le football tricolore après l'échec de Lyon en demi-finale de la Ligue des champions, il y a un mois, estimant dans un entretien au Monde (du 29 avril) que "le football français a des années de retard". Vendredi, dans le concert de réactions enthousiastes - "On est très heureux, très honoré" (Nicolas Sarkozy) ; " Un grand bonheur" (Martine Aubry) ; "Un moment historique" (Rama Yade)...-, il a tenté de ramener tout ce petit monde politique à la hauteur de l'enjeu : "C'est un grand soulagement pour le foot français qui en avait besoin, pour refaire ses stades."

Des enceintes sportives qui ont vieilli depuis le Mondial 1998 et dont la Ligue de football professionnel (LFP) considère qu'ils constituent un frein à la compétitivité économique et sportive des clubs français sur la scène européenne. Parmi les douze sites présentés dans le dossier de candidature français - et dont seulement neuf accueilleront des matches en 2016 - quatre sont à construire (Bordeaux, Lille, Lyon et Nice) et sept à rénover (Lens, Marseille, Nancy, Paris, Saint-Etienne, Strasbourg, Toulouse). Seul le Stade de France de Saint-Denis n'est pas à moderniser. Le gouvernement, qui avait mis sur pied une commission "grands stades" pour soutenir la candidature française, a promis de participer à hauteur de 150 millions d'euros à l'effort de guerre. Mais la facture totale devrait s'élever à 1,7 milliard d'euros.

L'attribution de l'Euro 2016 à la France est aussi une vraie bouffée d'oxygène pour une fédération qui peine à mobiliser le public autour de son équipe nationale et de son sélectionneur, à deux semaines du début de la Coupe du monde en Afrique du Sud (du 11 juin au 11 juillet). Après le traumatisme des revers successifs pour l'obtention des Jeux olympiques de 2008 et de 2012 - où Pékin puis Londres ont été préférées à Paris -, ce succès est également un soulagement pour le mouvement sportif français dans son ensemble et le gouvernement.

A commencer par le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui s'était personnellement impliqué dans la campagne, en se rendant vendredi à Genève, accompagné de Zinédine Zidane, pour porter le dossier français. "Nous, nous pensons, en France, que le sport est une réponse à la crise, a déclaré M. Sarkozy devant les 13 membres du comité exécutif de l'UEFA juste avant l'élection. C'est justement parce qu'il y a une crise, qu'il y a des problèmes, qu'il faut mobiliser tout un pays vers l'organisation de grands événements."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire