01 mai, 2010

Devant les militants, Le Pen promet de beaux jours au FN


Pour son dernier discours du 1er mai en tant que président du FN, samedi à Paris, Jean-Marie Le Pen a promis de beaux jours à son parti après son sursaut aux régionales, sans évoquer sa succession, pourtant déjà dans toutes les têtes.

Le traditionnel défilé des frontistes, en hommage à Jeanne d'Arc, a réuni cette année environ 2.000 personnes selon la police, 8.000 selon les organisateurs, des chiffres en hausse par rapport aux deux années précédentes (1.200 selon la police), mais toujours très loin des grandes foules des années 90 (plus de 10.000).

Visiblement en forme, le chef historique du FN, 81 ans, a discouru pendant près d'une heure place des Pyramides, sans faire allusion une seule fois à son départ de la présidence du parti, prévu lors du congrès des 15 et 16 janvier 2011.

Pourtant, à de nombreuses reprises durant le défilé, les slogans en faveur de Marine Le Pen ou de Bruno Gollnisch, tous deux candidats à la succession, ont fusé dans la foule, avec un avantage certain pour sa fille, dont la fédération du Nord-Pas-de-Calais, très nombreuse, se trouvait en tête de cortège.

En revanche, lorsque les deux prétendants sont montés sur le podium, les applaudissements ont semblé aussi nourris pour l'une que pour l'autre.

S'il a déjà laissé entendre que sa préférence allait à sa fille, Jean-Marie Le Pen a déclaré à plusieurs reprises qu'il se prononcerait "en temps utile".

"Un autre avenir est possible, il a commencé à naître aux dernières élections, qui ne sont que le prologue des batailles à mener", a lancé aux militants le patron du parti d'extrême droite.

Le FN s'est nettement redressé lors des régionales de 2010, avec plus de 11,42 % des voix au premier tour contre 6,34% aux Européennes de 2009 et des maintiens au second tour dans douze régions sur 22 en métropole.

Dans un discours à tonalité très sociale, Jean-Marie Le Pen a fustigé "l'égoïsme individuel", "la religion du marché" et le "libre-échange mondialisé". Prédisant une "recrise" plutôt qu'une "reprise", il a ensuite lancé un appel à l'électorat populaire.

"Cette gauche-là, qui vit encore, celle de la défense des opprimés, des exploités, des petits patrons, des petits fonctionnaires, des petits paysans, est certainement plus éloignée de la gauche américaine des Strauss-Kahn et des Aubry que nous", a-t-il déclaré, avant de s'en prendre à "cette droite de l'argent roi, des Rolex et des chanteuses", dans une allusion à peine voilée au couple présidentiel.

Le patron du FN est aussi revenu plusieurs fois sur son thème favori, l'"immigration massive", "cette traite négrière, clé de voûte du système" et "cancer de notre économie" qui "pèse sur la France comme une chape de plomb".

Le défilé s'est déroulé sans incident entre la place de l'Opéra et celle des Pyramides. Au milieu des nombreux drapeaux français, l'on pouvait lire sur une banderole "La France, aimez-là ou quittez-là".

Et parmi les slogans les plus fréquemment repris par les militants, l'on entendait "Français, réveille-toi, tu es ici chez toi" ou "Islam hors d'Europe".

Non loin du parcours de la manifestation, sur le pont du Carrousel, le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë a déposé une gerbe en hommage à Brahim Bouarram, un Marocain de 29 ans mort noyé dans la Seine le 1er mai 1995 en marge du défilé du FN.

Quatre agresseurs, issus de la manifestation, avaient été condamnés par la justice en 1998, l'un pour meurtre et les trois autres pour non-assistance à personne en danger.

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