01 mai, 2010

30 jours de marche pour l'obtention de papiers


Après une manifestation dans les rues de Paris ce samedi, un collectif de sans-papiers traversera la France à pied pour obtenir la régularisation de leur situation.

Destination: Nice. Une centaine de personnes prennent ce samedi la route depuis Paris pour une marche de près de 1000 kilomètres, programmée sur la totalité du mois de mai. Organisée par le Ministère de la régularisation de tous les sans-papiers, qui rassemble plusieurs collectifs de défense des sans-papiers, la manifestation vise à obtenir la régularisation de tous les immigrés clandestins.

Le cortège doit partir de Paris ce samedi après-midi, après une manifestation prévue à 14 heures entre République et Havre-Caumartin. Puis la caravane prendra la direction de Vitry-sur-Seine, première étape du périple. Le convoi compte actuellement une centaine de personnes, essentiellement des membres de la Coordination 75 des sans-papiers (CSP 75), mais aussi de différents partis politiques et associations. Les participants espèrent que d'autres marcheurs viendront les rejoindre sur les différentes étapes, pour une partie ou la totalité du trajet.

Le Ministère de la régularisation de tous les sans-papiers a en effet obtenu le soutien de nombreuses associations, notamment le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), Droit au logement (DAL), Droits devant ou encore Réseau éducation sans frontières (RESF). Plusieurs partis politiques, comme le NPA et le Parti communiste, se sont également associés au projet.
Dénoncer la responsabilité des chefs d'Etat africains

Le convoi de marcheurs effectuera entre 35 et 40 kilomètres par jour. Le trajet de la marche a été défini en fonction du soutien de municipalités et de l'aide apportée par des associations au niveau local pour fournir les hébergements et les repas. «Nous avons un hébergement dans presque toutes les étapes. Nous serons dans des gymnases ou chez nos soutiens et parfois sous la tente. Chaque marcheur part équipé d'une tente et d'un sac de couchage», explique Ohran Dilber, porte-parole de la Coordination des sans-papiers turcs et kurdes.

Les marcheurs comptent arriver à Nice juste à temps pour l'ouverture du sommet France-Afrique qui se déroulera les 31 mai et 1er juin prochains. «2010 marque le cinquantième anniversaire de la France-Afrique, et c'est aussi l'année de l'Afrique en France», remarque Djibril Diaby, responsable communication de la CSP 75, pour justifier la programmation de cette action. Les marcheurs espèrent à cette occasion être reçus par les chefs d'Etat africains et français.

Parallèlement à la marche, des manifestations et meetings seront organisés tout au long du parcours, notamment à Lyon le 14 mai et à Marseille le 28 mai. «C'est une marche qui va marquer l'histoire des sans-papiers en France», s'enthousiasme Anzoumane Sissoko, porte-parole de la CSP 75. Outre dénoncer la politique française en matière d'immigration, il espère que cette marche interpellera les chefs d'Etat africains sur leur responsabilité dans la situation des clandestins en France. «En laissant faire la politique française de rapatriement et en adhérant à la politique d'expulsion par la délivrance de laissez-passer, ils sont la première cause de cette situation.»
Gagner en visibilité

Pour se faire entendre, comme pour se faire voir, le collectif sera accompagné d'une petite équipe chargée de réaliser des sons et vidéos. Les reportages seront disponibles librement sur Internet, par le biais d'un blog audio, mais aussi sur la plateforme dailymotion. L'équipe compte diffuser un témoignage par jour et un reportage audio par semaine, ainsi qu'un montage vidéo tous les quatre à cinq jours. «Nous pensons également faire un documentaire à la fin du mois, qui retracera l'ensemble de la marche, explique Oriane Descout, l'une des vidéastes. Nous nous inscrivons dans une démarche participative afin de ne pas rester dans l'image exclusivement militante des sans-papiers. Les marcheurs prendront part au tournage.»

Le ministère de la régularisation de tous les sans-papiers espère par cette action acquérir en visibilité, autant à l'échelle nationale qu'internationale. «Il faut sans cesse inventer de nouvelles formes d'actions pour se faire entendre», constate un membre du ministère, qui rappelle que le combat pour une régularisation massive dure depuis 1996.

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