13 mars, 2010

AFFAIRE DES OTAGES D’AQMI : Le rôle déterminant de Blaise Compaoré


Et d’une. Des cinq otages retenus depuis de longs mois dans la bande sahélo saharienne par la branche maghrébine d’Al Qaïda, une Espagnole, Alicia Gamez respire désormais l’air de la liberté. Et ce, depuis le 10 mars, libérée après trois mois passés en détention dans le nord du territoire malien. Comment en est-on arrivé là ? La médiation du chef d’Etat burkinabè, Blaise Compaoré est passée par là.

La déclaration de cette source diplomatique "C’est grâce aux efforts du Burkina Faso qu’on a pu obtenir ce résultat" traduit à la fois l’hommage et la reconnaissance qu’à l’unanimité, tous ceux qui se seront impliqués de près ou de loin dans cette difficile affaire des otages d’Aqmi rendent à l’enfant terrible de Ziniaré.

Il aura une fois de plus administré la preuve qu’on pouvait compter sur lui pour sauver des situations des plus alambiquées. D’avoir obtenu un début de solution à ce terrible noeud gordien des otages retenus par les extrémistes islamistes de la zone sahélo-saharienne prouve à souhait que l’homme est un négociateur hors pair et qu’il saurait, le cas échéant, négocier avec le diable et qui plus est,serait en mesure d’en ressortir avec des résultats positifs. Car, on en conviendra, les islamistes d’Al Qaïda sont loin d’être des enfants de choeur. Tout le mérite lui en revient. Et cela permet de garder espoir pour la suite, car, quatre otages restent toujours aux mains d’Aqmi : deux humanitaires espagnols, un Italien et son épouse burkinabè.

Ce qui frappe dans la prouesse du chef d’Etat burkinabè, en plus du caractère presque inattendu de cette libération, est bien la totale discrétion qui aura entouré ces négociations, avant de produire le résultat spectaculaire que l’on sait. C’est cela aussi, la méthode Compaoré. Un modus operandi qui tranche par sa discrétion. Les Burkinabè auront été grandement surpris d’apprendre que l’ex-otage espagnole a été convoyée dans leur capitale avant de rejoindre Madrid. On a connu d’autres dénouements heureux de prises d’otages qui ont été médiatisés par la présence renforcée de radios et télévisions. La méthode Compaoré tranche par son caractère presque secret et c’est tant mieux si cela peut aider à résoudre le reste de la question des otages.

Le chef d’Etat burkinabè aura d’ailleurs présenté de lui une facette qu’on ne lui soupçonnait peut-être pas. On le savait d’une compétence avérée pour le dénouement de crises ouvertes. Les exemples en la matière se trouvent à foison : des crises togolaise, ivoirienne et guinéenne, il a été le facilitateur et a forcé à chaque fois l’admiration de tous, opposition et majorité confondues, tant à l’intérieur des pays concernés qu’à l’intérieur de la nation des hommes intègres. Mais, et on vient de l’apprendre, il excelle aussi dans les négociations de crises souterraines et semble même y être plus efficace que dans celles grandement ouvertes.

Et c’est bon qu’il en soit ainsi. Car, de toutes ces crises, cette zone de l’Afrique occidentale est celle qui, en ce moment, en manque le moins. Sans compter que la présente affaire des otages n’est pas à son entier dénouement. Quatre captifs restent entre les mains des islamistes, l’épouse burkinabè, Philomène Kaboré, par amour pour son mari italien, ayant refusé la libération qu’on lui offrait. Il faut espérer que cette indéniable preuve d’amour ne vienne cependant pas compliquer la tâche du facilitateur. Blaise Compaoré est bien parti pour achever la réalisation de son exploit. En plus de privilégier la totale discrétion des négociations en cours -ce qui n’est pas pour déplaire aux islamistes d’Al Qaïda- il possède un excellent réseau de contacts qui lui permet de "toucher" qui de droit parmi les dirigeants de la nébuleuse présents dans la bande sahélo-saharienne. On n’oubliera pas que ses premiers contacts avec les

terroristes du désert remontent aux années 90, lors de la difficile crise touarègue qui secoua bon nombre de pays sahéliens de l’ouest africain. Décidément, il aura conservé dans son carnet d’adresses des contacts utiles dont il se sert fort judicieusement à présent. Au risque de susciter l’ire de ses contempteurs qui voient en son succès une manifestation, sinon la preuve qu’il existerait comme une "collusion" qui ne dit pas son nom et qui lierait les terroristes du désert au chef d’Etat burkinabè. La critique, pour être politicienne n’en résiste pas moins à l’analyse sérieuse. Aqmi n’est pas originaire de la sous-région ouest-africaine et rien ne semble pouvoir unir Blaise Compaoré à la nébuleuse extrémiste, surtout pas la religion dont elle se réclame.

Et puis, on ne peut sérieusement penser que le chef d’Etat burkinabè s’amuse à un tel jeu dangereux : ce serait se mettre à dos la quasi-totalité des pays de la zone sahélo-saharienne, auxquels s’ajouteraient les pays européens, américains, asiatiques dont sont originaires toutes les victimes de ces rapts opérés dans le désert. Non, la raison commande de se montrer plus positif. Et de commencer par apprécier à sa juste valeur la prouesse du premier des Bukinabè. Et dans cette dynamique, garder l’espoir que les négociations qu’il continue comme d’habitude de mener dans le secret et en silence, aboutissent bientôt. Ce faisant, ce sont des familles qu’il réunirait, des inquiétudes qu’il apaiserait, bien des douleurs qu’il calmerait. Alors on croise les doigts et on attend qu’un de ces jours prochains, un futur exploit de Blaise Compaoré nous arrive tous par surprise. Encore une fois, on touche du bois

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