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Que dissimule, en réalité, l'offensive aérienne longuement préparée contre l’EI ? Inutile de répéter que la cible finale n’est pas l’Irak. Que non ! La cible finale, c’est Assad.
Obama a donné l’ordre à ses armées de réduire à néant
les foyers de l’EI dispersés non seulement à travers l’Irak mais aussi à
travers la Syrie. Comme l’armée américaine a davantage l’habitude de
bombarder que d’effectuer des opérations terrestres forcément risquées,
les pays en question peuvent s’attendre à une pluie de bombes non moins
destructrice que le fut celle qui eut raison de Tripoli. Mieux encore !
Enfin … pire pour les autochtones – ils seront surtout bombardés par des
drones la vie d’un pilote otanien valant son pesant d’or. Que
dissimule, en réalité, cette offensive aérienne longuement préparée ?
Inutile
de répéter que la cible finale n’est pas l’Irak, un pays qui ne s’est
presque pas relevé de ses ruines avec un Maliki plutôt contrôlable
quoiqu’enclin la rébellion. Que non ! La cible finale, c’est Assad.
Revenons
en arrière et schématisons. D’abord il y a eu le massacre sous fausse
bannière de la Ghouta, ensuite la liquidation de l’arsenal chimique du
pays qui aurait résulté de ce massacre coordonné par le renseignement
turc. A partir de là, la Syrie sembla quelque peu oubliée. Or, après 6-7
mois de campagne américaine en Ukraine, une campagne franchement nulle,
on a subitement vu apparaitre l’EIIL avec un certain Al-Baghdadi,
Calife autoproclamé, à sa tête. Aux massacres des minorités refusant de
se convertir s’ajouta la dure réalité de l’exil et le remue-ménage de la
presse occidentale pour qui Al-Baghdadi n’était qu’un prédicateur
radical tombé du ciel. Il a fallu attendre l’exécution (réelle ou pas,
qu’importe) du journaliste américain James Foley suivie de deux autres
exécutions du même type pour pousser l’OTAN à une opération étendue en
Irak et en Syrie, cela malgré la réticence de Damas et la
non-approbation de l’ONU.
Toujours aussi originaux dans
leur façon d’agir, les USA entendent armer l’opposition syrienne contre
l’EI. L’opposition syrienne ou pseudo-syrienne, donc, principalement, le
Front al-Nosra dont on fait mine de se demander encore s’il est oui ou
non radical. Cette décision surréaliste intervient après la signature
d’un accord entre l’EI et Al-Nosra, accord passé sous silence par le
mainstream occidental.
Parallèlement, M. John Kerry nous
apprend que la Syrie doit rester à l’écart de l’opération car il ne
s’agit pas d’ « un combat en coopération ». Si la Syrie n’est pas
appelée à participer, elle doit néanmoins tolérer sur son sol les pluies
de drones qui l’attendent sans – dieu l’en préserve ! – abattre ne
serait-ce qu’un seul drone, quelle que soit sa trajectoire !
S’il arrivait par hasard qu’un drone soit abattu par l’armée régulière, Obama donnera l’ordre de « balayer le système de défense aérienne syrien (…) »et de « destituer M. Assad ».
N’est-il
pas d’emblée clair qu’un ou plusieurs drones seront joyeusement abattus
pour faire ensuite porter le chapeau à Bachar el-Assad ?
Mais c’est là qu’intervient ce qu’Alain Rodier a qualifié dans son intervention pour Atlantico
de « détail poutinesque ». Si l’on résume, il s’agit d’une allusion à
une éventuelle riposte de la Russie qui défendra non seulement ses
intérêts à Tartous mais aussi son statut d’exportateur numéro 1
d’armements en Syrie, car il est certain que les forces aériennes de
l’OTAN frapperont autant les sites de l’EI que les usines d’armement du
pays. Or, c’est là que le bât blesse. Si la Russie contre-attaque, c’est
encore Assad qui en va en assumer toute la responsabilité. Si la Russie
ne contre-attaque pas, il n’est pas dit que la Syrie pourra
indéfiniment résister à une invasion longue de trois ans et qui n’est
pas loin de son point de culmination. Qui plus est, Obama tient trop à
en finir avec Assad pour ne pas sacrifier quelques misérables drones.
Dans
la logique d’un plan qui semble maintenant cristallin, Al-Nosra, de
nouveau armé par l’Outre-Atlantique, achèvera de faire le ménage. Voici
pour l’enchaînement des faits à travers lequel transparait l’immense
piège que les USA ont tendu à Assad et, indirectement, à la Russie.
Reste à savoir comment le déjouer.
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