L’euro est passé sous la barre de 1,33 dollar mercredi matin, son plus bas depuis 11 mois. Un mouvement qui reflète la divergence économique et celle des politiques monétaires entre les Etats-Unis et la zone euro.
Les analystes l’avaient prédit. L’euro était
voué à pâtir de la divergence économique entre reprise aux Etats-Unis,
et stagnation de la croissance et de l’inflation en Europe. Ce mercredi
matin, la monnaie unique est passée sous le seuil symbolique de 1,33
dollar en cours de séance - qu’elle n’avait pas franchi, en clôture,
depuis septembre 2013. Une chute de 3% par rapport à son niveau du 1erjuillet,
à 1,3691 dollar. L’euro était au dessus de 1,39 dollar pas plus tard
qu’en mai dernier. Il a donc lâché 4,5 % depuis. Et cela devrait
continuer.
Reprise aux Etats-Unis, stagnation en Europe
La
reprise américaine se confirme. Résultats d’entreprises encourageants,
rebond du marché du logement... des signes positifs que la Réserve
fédérale américaine (Fed) ne peut ignorer. Celle-ci est au cœur de
toutes les attentions des marchés qui attendent le signal de la remontée
des taux directeurs. Chaque indicateur dépassant les espérances est une
pression de plus pour démarrer le resserrement monétaire américain. Ce
qui, pour le marché des changes, est synonyme de poursuite de
l’appréciation du dollar face à l’euro.
Car,
à l’inverse, les performances économiques des pays de la zone euro sont
très mitigées et la faiblesse de l’inflation inquiète. Conséquence, la
Banque centrale européenne (BCE) est obligée de mener une politique
opposée à celle de la Fed. Elle se prépare à lancer son nouvel outil de
soutien à l’économie. En septembre, la BCE va offrir des prêts de très
long terme à des conditions avantageuses aux banques qui s’engageront à
relancer le crédit (« TLTRO »). Par ailleurs, la pression augmente pour
qu’elle lance un vaste programme d’achats d’actifs financiers (« QE »),
sur le modèle de ce que la Fed a fait durant la crise, pour éviter le
piège de la déflation.
Les minutes de la Fed devraient confirmer cette tendance
Ce
mercredi soir seront publiées les minutes de la Fed. Pour les
analystes, elles apporteront probablement des arguments en faveur d’une
remontée des taux. Pour Barclays, « plusieurs membres du Comité [de la Fed, le FOMC] désirent probablement accélérer la transition vers les hausses de taux
». Reste à savoir si la présidente de la banque centrale américaine,
Janet Yellen, connue pour être une colombe, c’est à dire favorable à un
soutien appuyé à l’économie, se laissera convaincre de normaliser la
politique monétaire rapidement.
L’euro perd des supporters
La
faiblesse de l’euro s’explique aussi peut-être par le comportement des
investisseurs étrangers. Les chiffres de juin montrent qu’ils ont été
vendeurs de titres émis par la zone euro. Ils ont vendu 20 milliards
d’obligations européennes. Alors que d’un autre côté, les investisseurs
européens ont acheté 31 milliards d’euros d’obligations étrangères (en
net). Soit une balance négative de 51 milliards d’euros, qui pèse sur la
monnaie unique. En effet, l’appétit des investisseurs étrangers pour
les titres européens permettait jusqu’ici de soutenir l’euro face aux
devises étrangères.
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