21 août, 2014

L'euro est passé en dessous du seuil symbolique

L’euro est passé sous la barre de 1,33 dollar mercredi matin, son plus bas depuis 11 mois. Un mouvement qui reflète la divergence économique et celle des politiques monétaires entre les Etats-Unis et la zone euro.

Les analystes l’avaient prédit. L’euro était voué à pâtir de la divergence économique entre reprise aux Etats-Unis, et stagnation de la croissance et de l’inflation en Europe. Ce mercredi matin, la monnaie unique est passée sous le seuil symbolique de 1,33 dollar en cours de séance - qu’elle n’avait pas franchi, en clôture, depuis septembre 2013. Une chute de 3% par rapport à son niveau du 1erjuillet, à 1,3691 dollar. L’euro était au dessus de 1,39 dollar pas plus tard qu’en mai dernier. Il a donc lâché 4,5 % depuis. Et cela devrait continuer.

Reprise aux Etats-Unis, stagnation en Europe

La reprise américaine se confirme. Résultats d’entreprises encourageants, rebond du marché du logement... des signes positifs que la Réserve fédérale américaine (Fed) ne peut ignorer. Celle-ci est au cœur de toutes les attentions des marchés qui attendent le signal de la remontée des taux directeurs. Chaque indicateur dépassant les espérances est une pression de plus pour démarrer le resserrement monétaire américain. Ce qui, pour le marché des changes, est synonyme de poursuite de l’appréciation du dollar face à l’euro.
Car, à l’inverse, les performances économiques des pays de la zone euro sont très mitigées et la faiblesse de l’inflation inquiète. Conséquence, la Banque centrale européenne (BCE) est obligée de mener une politique opposée à celle de la Fed. Elle se prépare à lancer son nouvel outil de soutien à l’économie. En septembre, la BCE va offrir des prêts de très long terme à des conditions avantageuses aux banques qui s’engageront à relancer le crédit (« TLTRO »). Par ailleurs, la pression augmente pour qu’elle lance un vaste programme d’achats d’actifs financiers (« QE »), sur le modèle de ce que la Fed a fait durant la crise, pour éviter le piège de la déflation.

Les minutes de la Fed devraient confirmer cette tendance

Ce mercredi soir seront publiées les minutes de la Fed. Pour les analystes, elles apporteront probablement des arguments en faveur d’une remontée des taux. Pour Barclays, « plusieurs membres du Comité [de la Fed, le FOMC] désirent probablement accélérer la transition vers les hausses de taux  ». Reste à savoir si la présidente de la banque centrale américaine, Janet Yellen, connue pour être une colombe, c’est à dire favorable à un soutien appuyé à l’économie, se laissera convaincre de normaliser la politique monétaire rapidement.

L’euro perd des supporters

La faiblesse de l’euro s’explique aussi peut-être par le comportement des investisseurs étrangers. Les chiffres de juin montrent qu’ils ont été vendeurs de titres émis par la zone euro. Ils ont vendu 20 milliards d’obligations européennes. Alors que d’un autre côté, les investisseurs européens ont acheté 31 milliards d’euros d’obligations étrangères (en net). Soit une balance négative de 51 milliards d’euros, qui pèse sur la monnaie unique. En effet, l’appétit des investisseurs étrangers pour les titres européens permettait jusqu’ici de soutenir l’euro face aux devises étrangères.
Jade Grandin de l’Eprevier

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