25 juillet, 2014

Avion d'Air Algérie: l'armée française récupère les corps au Mali,la météo peut-elle être à l'origine du crash ?

« Compte tenu des très mauvaises conditions météorologiques, je demande à faire un changement de direction. » La dernière communication du pilote espagnol du vol AH 5017 semble désigner la météo comme piste privilégiée dans l'enquête qui a été ouverte à la suite de la découverte de l'épave du vol d'Air Algérie dans la région de Gossi, au Mali.

 
L'avion d'Air Algérie qui s'est écrasé le 24 juillet transportait 118 personnes, dont 54 Français. Il n'y a aucun survivant.

C'est « l'hypothèse la plus probable » pour expliquer l'accident, a estimé le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, au lendemain de la catastrophe aérienne, survenue dans la nuit de mercredi 23 à jeudi 24 juillet, qui a coûté la vie à 118 personnes, dont 54 Français. Plus tôt, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, avait déclaré qu'aucune hypothèse n'était à exclure, ajoutant que « la seule chose que nous sachions de manière certaine, c'est l'alerte météo ».
  • De violents orages sur le Mali et le Burkina Faso au moment de l'accident
L'appareil a décollé de Ouagadougou à 1 h 17, avec quelques minutes de retard, alors que de violents orages s'abattaient sur le Burkina Faso. L'avion devait arriver quatre heures et demi plus tard à Alger, mais le contact a été perdu avec le vol AH 5017 moins d'une heure après le décollage. Selon le chef d'état-major de la présidence burkinabé, le général Gilbert Dendiéré, « l'équipage a signalé qu'il changeait de direction en raison de conditions météo particulièrement difficiles ».
Dominique Rapaud, prévisionniste à Météo France, confirme qu'une « cellule orageuse importante de plusieurs dizaines de kilomètres de large [se trouve] au-dessus de la frontière entre le Burkina Faso et le Mali », sur la route de l'appareil d'Air Algérie. « Un phénomène habituel à cette période de l'année », selon la prévisionniste. La saison des pluies en Afrique de l'Ouest implique des « orages presque quotidiens ».
Météo France informe que des tempêtes de sable — sans danger pour un avion de ligne — ont également été rapportées. Pour cette région désertique du globe, les prévisionnistes ne peuvent s'appuyer que sur les images satellite, en l'absence de réseau dense de stations météorologiques au sol, précise Dominique Rapaud.
  • De quelles informations le pilote disposait-il ?
Avant le décollage, les pilotes reçoivent des informations sur les paramètres météorologiques qu'ils rencontreront sur tout leur trajet. Par ailleurs, « les avions sont aujourd'hui obligatoirement équipés de radars météo qui informent les pilotes sur la présence et la hauteur des cellules orageuses jusqu'à 200 kilomètres de distance », explique Gérard Feldzer, consultant en aéronautique et en transport. Ces radars disposent aussi d'un code couleurs allant du vert au rouge, afin de renseigner les équipages sur l'intensité des orages.
Selon Dominique Rapaud, « la cellule orageuse observable sur les images satellite est localisée et distincte. Elle pouvait donc être contournée et évitée ». C'est, selon toute vraisemblance, ce qu'a essayé de faire le pilote du vol AH 5017, qui a demandé un déroutement peu de temps avant la perte de contact avec l'avion.
  • Quels sont les dangers pour un avion dans une cellule orageuse ?
« La base d'un nuage d'orage se situe à une altitude d'environ 1 000 mètres et peut monter jusqu'à 15 000 ou 18 000 mètres », détaille Dominique Rapaud. Il est alors impossible pour un appareil de passer au-dessus ou au-dessous. Pour Gérard Feldzer, également ancien commandant de bord chez Air France, « le pilote a dû être piégé », et il est possible que l'avion ait été contraint de rentrer dans un cumulonimbus. « Le radar permet de passer entre les cellules orageuses, mais c'est un outil complexe et parfois un orage peut en cacher un autre ».
« Une fois dans la cellule orageuse, précise Dominique Rapaud, un appareil peut être victime de vents violents, de courants ascendants ou descendants et de fortes précipitations, notamment de grêle. » Autre phénomène dangereux relevé par la météorologue : le givrage. « L'eau présente dans le nuage et donc sur la carlingue de l'avion peut se transformer en glace et perturber le fonctionnement de l'appareil. »
  • Le vol AH 5017, « victime d'un phénomène violent »
« L'absence d'envoi de message de détresse indique en tout cas que l'avion a subi un phénomène violent », assure Gérard Feldzer. « L'appareil a pu être frappé par la foudre », un événement sans gravité, sauf si elle s'abat, « ce qui est extrêmement rare », sur un endroit sensible, comme les réservoirs situés au niveau des ailes de l'appareil.
L'ancien pilote considère que l'on s'oriente de plus en plus vers l'hypothèse d'un accident dû aux mauvaises conditions météorologiques, mais il n'exclut pas la possibilité d'une bombe à bord. « La seule certitude c'est qu'il s'agit de quelque chose de soudain. »


Des soldats français ont commencé vendredi à récupérer les corps des 118 victimes de la catastrophe de l'avion d'Air Algérie qui s'est écrasé dans le nord du Mali. L'épave de l'avion avait été localisée jeudi soir dans la région de Gossi, près de la frontière burkinabée.

Les autorités aéroportuaires du Burkina Faso confirment la présence de 118 personnes de 14 nationalités, dont 54 Français et une Suissesse. Elles voyageaient à bord de l'avion de la compagnie espagnole Swiftair affrété par Air Algérie pour un vol entre Ouagadougou et Alger.


"Les débris de l'avion sont concentrés sur un espace limité, mais il est encore trop tôt pour tirer les conclusions", a expliqué François Hollande. Le chef de l'Etat français a ajouté qu'une boîte noire de l'avion a été retrouvée et acheminée à Gao, au Mali, principale base des troupes françaises dans la zone. "Il y a des hypothèses, et notamment climatiques, mais nous n'en écartons aucune", a-t-il poursuivi.


Selon un responsable à Gossi, des gardiens de troupeaux ont assisté au crash. "C'était sans doute une tempête et il a été frappé par la foudre. Les gardiens disent que l'appareil était en feu quand il est tombé, avant de s'écraser", selon ce responsable.


Attentat écarté

A ce stade de l'enquête, les autorités françaises écartent la piste de l'attentat. "Il n'y avait pas "de personnes suspectes" enregistrées à bord de l'avion, a déclaré à Ouagadougou la secrétaire d'Etat aux Français de l'étranger, Fleur Pellerin.
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Plus tôt, le secrétaire d'Etat français aux Transports, Frédéric Cuvillier, avait lui écarté la possibilité d'un tir depuis le sol, acte "hautement improbable voire impossible", a-t-il dit.


Sécuriser la zone
Près de 100 soldats français en provenance de Gao, dans le nord du Mali, sont arrivés vendredi sur les lieux du crash. Ils étaient accompagnés de 60 soldats maliens et 40 Néerlandais de la Minusma, la force de paix de l'Onu au Mali. Leur mission est de sécuriser la zone et de recueillir des éléments utiles à l'enquête.


Ils ont aussi pour mission d'acheminer les corps à Gao pour y être identifiés. Ce qui prendra du temps, car la zone où se situe l'épave est à huit ou neuf heures de route et de piste de cette ville du nord du Mali.


ats /

lemonde.fr

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