Le marché des compléments alimentaires est
juteux. Mais des médecins pensent qu'ils ne procurent aucun bénéfice
pour la santé et qu'il devient inutile de s'en procurer, une
alimentation équilibrée étant suffisante. © Sorinus,
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Faut-il jeter ses compléments alimentaires ? C’est
en substance le message que tient à faire passer un groupe de cinq
médecins américains, publiant un éditorial dans la revue Annals of Internal Medicine.
Se basant sur trois études scientifiques publiées dans la même édition
du journal spécialisé, les auteurs appellent à stopper le « gaspillage d’argent » dans l’achat de ces produits, car ils ne procurent aucun avantage pour la santé, et pourraient même parfois se montrer nocifs.
La première
de ces recherches, menée sur 400.000 personnes, n’apporte aucune preuve
évidente d’un bénéfice des cocktails multivitaminés sur la mortalité
par cancer ou de maladies cardiovasculaires chez une population de personnes normalement nourries. Une deuxième étude ne montre pas d’avantage à la consommation de ces mêmes produits pour freiner ou limiter la démence chez les hommes âgées. Enfin, la troisième n’indique pas de diminution du risque cardiovasculaire chez les personnes ayant déjà vécu un infarctus.
Des conclusions généralisées, mais encore contestées
À l’exception des suppléments en vitamine
D, pour lesquels les chercheurs pensent qu’il faut encore approfondir
les recherches, les propos des auteurs sont tranchés : pour tous les
autres compléments alimentaires, « l’affaire est classée ». Ils précisent que «
la plupart des suppléments ne prévenant pas des maladies chroniques ou
de la mort, leur utilisation n’est pas justifiée, et ils devraient être
évités ».
Deux essais cliniques
parmi l’ensemble des études passées en revue semblent malgré tout
signaler un léger bénéfice des cocktails multivitaminés dans
l’occurrence du cancer chez les hommes, mais pas dans les maladies
cardiovasculaires. En revanche, d’autres recherches mettent en avant une
augmentation du risque de cancer du poumon chez les fumeurs consommant du bêta-carotène, alors que des doses élevées de vitamines A et E pourraient accentuer les probabilités de décès.
Des
résultats qui déplaisent évidemment fortement aux acteurs économiques
de ce marché en plein essor, et qui représentait un chiffre d’affaire de
30 milliards de dollars aux États-Unis l’an passé. Ils préfèrent
évoquer une étude publiée en 2012 qui notait une diminution modeste de
l’ensemble des cancers lors d’un essai clinique mené sur environ 15.000
personnes.
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