16 septembre, 2013

Aung San Suu Kyi et le dalaï lama se sont rencontrés à Prague


L’opposante birmane Aung San Suu Kyi et le dalaï lama, chef spirituel des Tibétains, se sont rencontrés en privé en marge d’une conférence internationale ouverte lundi à Prague, au risque de provoquer la colère de la Chine, puissant voisin de la Birmanie.
Aucun détail n’a été donné sur cette rencontre qui a eu lieu dimanche mais a seulement été rendue publique lundi, a indiqué Filip Sebek, porte-parole de la conférence internationale d’intellectuels et d’hommes politiques, Forum 2000.
“Ils se sont rencontrés dimanche, à l’occasion d’une conférence donnée par le dalaï lama”, a-t-il déclaré à l’AFP.
Aung San Suu Kyi et le dalaï lama, qui s‘étaient déjà entretenus l’an dernier à Londres, ont assisté chacun de son côté à l’inauguration du Forum 2000.
Le dalaï lama, prix Nobel de la paix en 1989, a fui le Tibet après l‘échec d’un soulèvement contre la domination chinoise en 1959 et a fondé ensuite le gouvernement tibétain en exil en Inde. Pékin le considère comme un “séparatiste” antichinois.
Lors de sa récente visite en Lituanie, le dalaï lama a toutefois estimé que la Chine était maintenant “plus réaliste” à l‘égard du Tibet, après avoir longtemps suivi une ligne dure.
Le programme de la 17e édition du Forum 2000 qui se tient à Prague lundi et mardi ne prévoit pas d’entretien officiel entre l’opposante birmane et le chef spirituel des Tibétains, selon le porte-parole.
Le Forum 2000, organisé tous les ans à Prague depuis 1997, avait été fondé conjointement par l’ancien président tchèque et artisan de la “Révolution de velours” Vaclav Havel (1936-2011) et l‘écrivain américain Elie Wiesel.
Hommage à Vaclav Havel
Aung San Suu Kyi et le dalaï lama ont profité de leur participation à cette conférence pour rendre hommage à M. Havel, dramaturge anti-communiste et artisan de la chute du régime totalitaire dans son pays.
“Quand je me trouvais pendant de nombreuses années en résidence surveillée en Birmanie, je savais qu’il y avait quelque part dans le monde un homme qui me soutenait et grâce à qui ma liberté restait intacte en dépit de ma détention physique”, a déclaré Mme Suu Kyi, prix Nobel de la Paix en 1991.
L’opposante birmane, âgée de 68 ans, a passé 15 ans en résidence surveillée. Elle n’a jamais rencontré M. Havel en personne.
Ardent défenseur des droits de l’Homme, Vaclav Havel avait passé cinq ans dans les geôles communistes avant d‘être propulsé à la magistrature suprême en 1989. Il a soutenu en 1991 la candidature de l’opposante birmane au Nobel de la Paix.
“Ce qu’il a fait pour la Birmanie, pour les droits de l’Homme et la démocratie dans le monde, est si vaste que nous ne pourrons jamais arrêter d’en parler”, a aussi déclaré Mme Suu Kyi.
Le dalaï-lama, 78 ans, fut l’une des dernières personnalités à avoir parlé à M. Havel avant sa mort en décembre 2011. Il s’est félicité d’avoir pu visiter lors de son actuel séjour à Prague son bureau, “assez petit et assez désordonné”.
“J’ai mis ma tête sur sa chaise et (elle) reflétait son esprit. De cette chaise, je pourrais peut-être transmettre ici une part de sa bénédiction”, a-t-il dit.
“Notre responsabilité, c’est de continuer à porter son voeu, son rêve, sa vision et son esprit”, a souligné le chef spirituel des Tibétains qui avait visité Prague à plusieurs reprises depuis la “Révolution de velours” de 1989.

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