05 août, 2013

Turquie: verdict attendu pour les putschistes présumés

L’audience du tribunal de Silivri, près d’Istanbul, qui doit prononcer son verdict dans l’affaire des putschistes présumés contre le gouvernement islamo-conservateur de l’AKP, s’est ouvert lundi dans un climat tendu alors que des gaz lacrymogènes étaient tirés contre des manifestants.
Des premiers échauffourées ont éclaté entre les forces de l’ordre et une dizaine de milliers de manifestants venus aux abords du tribunal de Silivri, à la mi-journée.
Des gaz lacrymogènes ont été tirés, a rapporté une journaliste de l’AFP. Les pompiers tentaient par ailleurs d‘éteindre un feu qui s’est déclaré dans un champ près du tribunal.
Des militants, interdits d’assister au procès à Silivri, continuaient à la mi-journée d’affluer près du tribunal à pied, abandonnant voitures et bus à plus de deux kilomètres.
Le gouverneur de la province d’Istanbul, Hüseyin Mutlu, avait interdit vendredi tout rassemblement. Seuls les prévenus, les avocats, des parlementaires et des journalistes étaient autorisés à accéder au tribunal.
L’audience qui s’est ouvert de lundi à 6H30 GMT a pris environ deux heures de retard, ont rapporté des médias turcs.
Plusieurs dizaines d’accusés, dont des généraux, des journalistes et des chefs de la pègre, sont écroués depuis 2007 et jugés depuis octobre 2008 dans le cadre d’un procès dénoncé par l’opposition laïque comme une chasse aux sorcières visant à faire taire les critiques contre le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
Le réseau Ergenekon est accusé d’avoir tenté de favoriser un coup d’Etat militaire contre M. Erdogan, un ancien islamiste au pouvoir depuis 2002, en semant le chaos dans le pays par des attentats et des opérations de propagande.
Parmi les accusés figure l’ex-chef d‘état-major, le général Ilker Basbug, qui a dirigé l’armée turque entre 2008 et 2010. Il rejette toutes les accusations portées contre lui, et a dénoncé via son compte Twitter dimanche soir, l’interdiction faite à ses proches d’assister au procès.
L’acte d’accusation prévoit de lourdes peines contre les putschistes présumés, dont la prison à vie pour 64 d’entre eux, devant répondre du crime de “tentative de renversement de l’ordre constitutionnel par la force”.
L’armée, qui pendant des décennies s’est voulue la gardienne des valeurs laïques de la République turque, a renversé trois gouvernements élus depuis 1960 et forcé un gouvernement pro-islamiste à la démission en 1997.
Munies du drapeau national et de portraits d’Atatürk, les manifestants venus de plusieurs villes de Turquie criaient “tous ensemble contre le fascisme”, demandant la “démission du gouvernement” devant des forces de l’ordre présents en grand nombre.
“Je suis venu pour soutenir ces prévenus emprisonnés à tort depuis cinq ans: il n’y a pas de preuve contre eux”, explique un des manifestants Dogan Muldur, ancien pilote d’avion à la retraite.
Son épouse, Ebru Kurt, est venue d’Istanbul pour “lutter contre l’injustice et défendre les droits du peuple”, persuadée “qu’ils sont innocents”.
Plusieurs bus de manifestants ont été arrêtés dès dimanche soir et confisqués par la police, empêchant des militants de plusieurs villes de rejoindre Silivri.

Copyright 2013 Agence France-Presse.

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