29 août, 2013

Syrie : Le Pen veut mobiliser sur les réseaux sociaux contre l'intervention


syrie le pen

POLITIQUE - Marine Le Pen est contre toute intervention militaire en Syrie. Cela fait plusieurs jours que la présidente du Front national répète qu'une telle décision "aurait de graves conséquences". L'ancienne candidate à la présidentielle se refuse "à soutenir des rebelles islamistes" et met en garde contre "l'engrenage" qui pourrait découler d'une telle action.
Mais c'est désormais sur les réseaux sociaux que la leader frontiste entend faire progresser ses idées. Elle a demandé à ses followers et abonnés de changer leur photo de profil: "Affichez votre opposition à la guerre en Syrie en remplaçant votre photo de profil sur les réseaux sociaux par l’image ci-dessous", écrit l'ancienne candidate à la présidentielle qui a aussitôt changé son compte Twitter.



Si Florian Philippot, vice-Président du FN a bien actualisé son profil...

philippot

... ce n'est pas le cas de Louis Aliot, autre vice-Président du parti et compagnon de Marine Le Pen.
louis aliot

Cette initiative n'est pas la première prise sur les réseaux sociaux par les opposants à une intervention militaire. Depuis plusieurs jours, le mot-clé #NonALaGuerreEnSyrie figure en bonne position des sujets les plus discutés. Et son utilisation dépasse les clivages politiques.
Il est ainsi écrit à la fois par le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan et le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon.

L'hebdomadaire britannique demande à ce que l'on "frappe fort" contre Bachar el-Assad dans le numéro à paraître samedi 31 août.
Ce jeudi, les politiques et les opinions se montrent plus prudents quant à l'éventualité d'une intervention occidentale en Syrie. Même le créateur de Virgin s'y met en tweetant "10 ans après l'invasion de l'Irak, ce serait tragique de faire les même erreurs en Syrie":
Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé jeudi que son pays se défendrait contre toute attaque alors que des pays occidentaux l'accusent d'avoir utilisé des armes chimiques et menacent d'une réaction militaire.
"La Syrie se défendra contre toute agression et les menaces ne font qu'accroître son attachement à ses principes et à son indépendance", a déclaré Assad en recevant une délégation yéménite et dont les propos ont été reproduits par la télévision officielle.
"La Syrie, avec son peuple qui résiste et sa valeureuse armée, est déterminée à éradiquer le terrorisme soutenu par Israël et les pays occidentaux afin de servir leurs desseins qui sont la division de la région, le morcellement et la soumission de ses peuples", a-t-il souligné, assimilant comme depuis 2 ans et demi la rébellion à du terrorisme.
"Le peuple est garant de la victoire et c'est ce qui se passe en Syrie", a-t-il encore dit.
Cinquante-huit pour cent des Allemands se déclarent opposés à une intervention militaire occidentale en Syrie où le régime aurait eu recours à des armes chimiques, selon un sondage publié jeudi.
Seulement 33% des personnes interrogées pour la chaîne de télévision publique ZDF estiment au contraire que les puissances occidentales devraient frapper la Syrie, 9% étant sans opinion, selon cette étude Politbarometer menée après l'attaque chimique présumée du 21 août.
En cas d'intervention sous commandement américain, 41% des personnes interrogées soulignent que l'Allemagne devrait y apporter un soutien financier et matériel.
Le gouvernement allemand a déjà signifié qu'il approuverait une réaction internationale à l'encontre du régime syrien de Bachar al-Assad.
Les pays occidentaux accusent l'armée syrienne d'avoir mené le 21 août une offensive à l'arme chimique près de Damas et se disent prêts à attaquer des cibles du régime en représailles. Selon l'opposition, cette attaque a fait des centaines de morts.
La constitution allemande prévoit que les députés, qui contrôlent l'armée, approuvent une éventuelle action de combat hors des frontières.
Le Politbarometer a été réalisé par téléphone auprès de 1.348 personnes, entre les 26 et 28 août.
Le président François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel se sont de nouveau entretenus jeudi au téléphone de la crise syrienne, évoquant "la meilleure façon de tirer les enseignements du travail des inspecteurs de l'ONU", a-t-on appris jeudi auprès de l'Elysée.
"Ils ont fait un point sur les contacts et les échanges parmi les alliés" d'une possible action militaire contre le régime de Damas, a-t-on précisé de même source.
Les dirigeants français et allemand ont également évoqué "la meilleure façon de tirer les enseignements du travail des inspecteurs de l'ONU" qui enquêtent en Syrie sur l'attaque présumée aux armes chimiques commise le 21 août, a ajouté l'entourage de François Hollande.
Six avions de chasse de l'armée de l'air (RAF) ont été envoyés jeudi matin à Chypre par "mesure de précaution pour protéger les intérêts britanniques", a annoncé le ministère britannique de la Défense.
"Six jet (Eurofighter) Typhoon de l'armée de l'air britannique (RAF) sont déployés ce matin à Akrotiri sur l'île de Chypre. C'est simplement une mesure de prudence et de précaution afin de protéger les intérêts du Royaume-Uni et la défense de nos zones de souveraineté dans une période de tensions accrues dans la région", précise le ministère, dans un communiqué.
"Ils ne sont pas déployés pour prendre part à une action militaire contre la Syrie", ajoute le ministère, précisant que leur action est uniquement "défensive" et s'inscrit dans le cadre d'une mission "air-air".
"Le Premier ministre a été clair sur le fait qu'aucune décision n'avait été prise quant à notre réaction et le gouvernement a déclaré qu'il y aurait un vote de la Chambre des Communes avant toute intervention militaire", réaffirme le ministère.
Les députés britanniques doivent se prononcer jeudi soir sur une motion gouvernementale appelant à condamner l'usage des armes chimiques par le régime syrien et à approuver le principe d'une intervention militaire. Celle-ci nécessitera néanmoins un second vote à la Chambre des Communes avant de pouvoir avoir lieu.
François Hollande a réaffirmé jeudi à l'Elysée, au côté du chef de l'opposition syrienne Ahmad al-Assi al-Jarba, que la communauté internationale devait marquer "un coup d'arrêt" à "l'escalade de violence" en Syrie, tout en insistant sur la nécessité d'une "solution politique".
"Tout doit être fait pour une solution politique mais elle ne viendra que si la coalition (de l'opposition) est capable de paraître comme une alternative" et si "la communauté internationale est capable de marquer un coup d'arrêt" à "l'escalade de violence dont le massacre chimique n'est qu'une illustration", a dit le président français.
Les armées françaises sont "en position de répondre aux demandes du président de la République" si une décision était prise d'engager les forces françaises dans le cadre de la crise syrienne, a annoncé jeudi le ministère de la Défense.
"Les armées françaises se sont mises en position de répondre aux demandes du président de la République, s'il prenait la décision d'engager les forces françaises", a déclaré le porte-parole de la Défense, Pierre Bayle, lors du point de presse du ministère.
Le porte-parole a indiqué qu'il ne donnerait pas de précisions sur ce sujet.
Les armées, notamment la marine et l'aviation, se préparent depuis plusieurs jours pour parer à toute éventualité, dans l'attente d'une décision politique sur une éventuelle participation française à une intervention militaire en Syrie.
Les experts des Nations unies, qui enquêtent en Syrie sur une attaque présumée aux armes chimiques, resteront dans le pays jusqu'à samedi matin, a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon jeudi à Vienne.
"Ils continueront leur enquête jusqu'à demain vendredi, et ils quitteront la Syrie d'ici samedi dans la matinée et me feront leur rapport dès qu'il seront sortis" a indiqué Ban à des journalistes. Il avait déjà indiqué que les inspecteurs avaient besoin de quatre jours pour accomplir leur mission, qui a débuté lundi. Comme ils n'avaient pas pu travailler mardi, la fin de la mission était donc prévue vendredi.
Le chef de l'ONU a également indiqué avoir parlé mercredi avec le président américain Barack Obama alors qu'une décision sur une frappe militaire en Syrie semblait proche. "J'ai (...) exprimé le souhait sincère que l'équipe des inspecteurs puisse être autorisée à continuer son travail conformément au mandat des Etats membres", a-t-il souligné.
"Nous avons discuté de la façon dont les Nations unies et le monde peuvent travailler ensemble, en particulier avec les Etats-Unis (...)", a-t-il ajouté.
Ban s'est à plusieurs reprises exprimé contre de possibles frappes militaires en Syrie. "Il faut donner une chance à la diplomatie, il faut donner une chance à la paix (...)", a-t-il redit à Vienne. "L'utilisation d'armes chimiques par quiconque, et pour quelque raison que ce soit (...) est un crime contre l'humanité", a-t-il ajouté, et leurs auteurs doivent rendre des comptes.
Le président syrien Bachar al-Assad a déclaré que son pays sortirait "vainqueur" d'une confrontation avec les Etats-Unis, selon le quotidien libanais al-Akhbar.
Plusieurs pays occidentaux, Etats-Unis en tête, évoquent une attaque militaire contre le régime syrien, qu'ils accusent d'avoir utilisé des armes chimiques contre des civils le 21 août près de Damas.
"Depuis le début de la crise, vous le savez, nous attendons le moment où notre véritable ennemi se révèlera", a déclaré Assad devant des responsables syriens, selon al-Akhbar.
"Je sais que votre moral est bon et que vous êtes prêts à faire face à toute agression et à préserver la patrie", a-t-il ajouté. "C'est une confrontation historique dont nous sortirons vainqueurs", a affirmé le président Assad.
La Russie va envoyer "dans les prochains jours" un bateau de lutte anti-sous-marine et un bateau lance-missiles en Méditerranée, au moment où des pays occidentaux se préparent à de possibles frappes contre la Syrie, a annoncé jeudi une source militaire russe.
"La situation qui se complique dans l'est de la Méditerranée exige de notre part une certaine adaptation dans la composition des forces navales", a déclaré à l'agence Interfax cette source au sein de l'état-major des forces armées russes.
"Dans les prochains jours, un bateau de lutte anti-sous-marine va rejoindre" les forces navales russes déjà présentes dans cette région, a-t-elle ajouté.
"Plus tard, il sera rejoint par le croiseur lance-missiles de la flotte de la mer Noire Moskva, qui est en train d'achever sa mission dans l'Atlantique Nord et va bientôt entamer une traversée transatlantique en direction du détroit de Gibraltar", selon la même source.
Toutefois, une source à l'état-major des forces navales russes a indiqué à l'agence officielle Ria Novosti que ces changements dans la Méditerranée n'étaient pas liés aux tensions concernant la Syrie et a affirmé qu'il s'agissait d'une "rotation prévue".
Les puissances occidentales, Etats-Unis en tête, temporisaient jeudi sur une possible attaque militaire contre la Syrie, tout en affichant, comme le président américain Barack Obama, leur volonté de donner "un coup de semonce" à Damas pour l'usage d'armes chimiques.
Les experts de l'ONU se sont dirigés jeudi vers l'un des sites de l'attaque chimique présumée imputée au régime syrien, pour une nouvelle journée d'enquête, a constaté un photographe de l'AFP.
Ils ont pris place à bord d'un convoi de six voitures de l'ONU. C'est la troisième journée de leur mission dans les environs de Damas.
Mercredi, ces experts ont effectué des prélèvements sanguins, d'urine et de cheveux auprès des victimes de l'attaque dans une localité de la Ghouta orientale, à l'est de Damas, selon des vidéos diffusées par des militants.
Lundi, ils s'étaient rendus à Mouadamiyat al-Cham, une des principales villes de la Ghouta occidentale, où ils avaient également recueilli des échantillons, selon l'ONU, malgré des tirs d'inconnus qui ont visé leur convoi.
Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, a déclaré jeudi qu'agir en Syrie ne viserait pas seulement à punir Damas, accusée du gazage de civils, mais aussi à "trouver une sortie de crise", d'où "une riposte compliquée à construire".
La ministre était interrogée par France 2 sur l'opération en projet, à laquelle le président François Hollande s'est dit prêt et qui semblait imminente, mais non encore décidée par Barack Obama. Elle a d'abord jugé que l'attaque du 21 août, qui aurait fait un millier de morts parmi les civils syriens, était "inqualifiable et dépasse l'entendement".
"C'est un crime contre l'humanité qui se passe sous nos yeux et demande à la communauté internationale de ne pas rester sourde et indifférente". La réaction des dirigeants français, britannique et américains "a été salutaire, c'est de notre humanité que l'on parle", a poursuivi Najat Vallaud-Belkacem.
"Il faut que la communauté internationale trouve une riposte adaptée à la situation", selon elle, mais elle est "compliquée à construire".
Compliquée "d'abord parce que l'Etat ne va pas intervenir seul, donc il faut obtenir l'adhésion de plusieurs alliés, de plusieurs partenaires, ce que nous essayons de trouver au sein du conseil de sécurité des Nations unies" mais "avec des Etats comme la Chine et la Russie qui posent un certain nombre de difficultés".
"Nous étudions d'autres options", a fait valoir la responsable gouvernementale, "en gardant à l'esprit qu'il ne s'agit pas simplement de punir et d'empêcher le régime syrien de procéder à une nouvelle attaque de ce type - ce serait déjà beaucoup - mais aussi de trouver une sortie de crise".
"C'est extrêmement important, pour la communauté internationale, si elle intervient, de le faire dans des conditions qui permette au pays ensuite de se rétablir", a insisté Mme Vallaud-Belkacem.
Christian Jacob, chef de file des députés UMP, s'est étonné jeudi que le Premier ministre n'ait pas réuni les présidents des groupes parlementaires et des commissions concernées pour les informer sur la Syrie.
Alors que la session extraordinaire a été avancée au 4 septembre pour un débat sur cette crise, le député-maire de Provins (Seine-et-Marne), s'est interrogé auprès de l'AFP : "pourquoi attendre une semaine ?"
"Après les déclarations claires du président de la République mardi et la réunion d'un conseil de Défense mercredi, on est surpris que contrairement à la tradition, le Premier ministre n'ait pas réuni les présidents de groupes" du Sénat et de l'Assemblée, "ni ceux des commission concernées, Défense et Affaires étrangères".
L'ex-ministre a relevé que pour le Mali, au contraire, Jean-Marc Ayrault avait organisé cette réunion "juste avant le déclenchement de l'offensive", en janvier. "On repousse à huit jours l'information des parlementaires", a insisté M. Jacob. "Je ne comprends pas ce qui justifie ce retard".
Le prix Nobel de la paix sud-africain Desmond Tutu a mis en garde mercredi contre une action militaire en Syrie, lançant un appel à un dialogue et demandant qu'on laisse encore du temps aux inspecteurs de l'ONU sur place.
"Les violentes crises en Syrie (et en Egypte) sont des cris lancés aux peuples du monde: 'aidez-nous s'il vous plaît!'", affirme l'ancien archevêque anglican dans un communiqué. "Nous avons besoin de parler, pour éviter davantage d'effusion de sang, pas de se battre", déclare-t-il.
Les troubles "requièrent une intervention humaine, pas une intervention militaire", estime l'ancien activiste anti-apartheid, aujourd'hui âgé de 81 ans. "Les inspecteurs de l'ONU (chargés d'enquêter) sur les armes chimiques sont sur le terrain en Syrie, mais ont besoin de davantage de temps pour finir leur travail", plaide-t-il.
De la même façon qu'envahir la Syrie peut finir par la capture ou la mort de (Bachar al-)Assad, "cela peut aussi entraîner une escalade générale des tensions et de la violence au Moyen-Orient", avertit Desmond Tutu qui avait reçu le prix Nobel de la paix en 1984 pour son engagement pacifique contre le régime ségrégationniste de l'apartheid.
Les projets occidentaux d'intervention en Syrie sont "un défi" à la Charte de l'ONU, a fait savoir le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
"Les projets de frappes militaires en Syrie déclarés par certains pays sont un défi aux dispositions clé de la Charte de l'ONU et à d'autres normes du droit international", a déclaré M. Gatilov mercredi soir à La Haye, selon un communiqué publié jeudi de la diplomatie russe.
"A ce stade il faut utiliser tous les instruments possibles politico-diplomatiques, avant tout laisser les experts de l'ONU mener à bien leur enquête sur l'attaque chimique présumée et rendre leurs comptes à l'ONU", selon la même source.
Moscou, qui soutient le régime de Damas depuis le début du conflit il y a deux ans et demi, devrait vraisemblablement bloquer toute décision au Conseil de Sécurité qui viserait à lancer une action punitive contre le président Bachar al-Assad.
Le président Barack Obama a indiqué mercredi soir qu'il n'avait pas encore pris de décision sur la réaction américaine à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, mais évoqué un "coup de semonce" destiné à en dissuader Damas.
"Je n'ai pas encore pris de décision" sur une action en Syrie, a indiqué le dirigeant à l'antenne de la télévision publique PBS, ses premiers commentaires publics depuis vendredi dernier sur ce dossier.
Pendant le week-end, alors qu'émergeaient les détails de l'attaque qui aurait fait plusieurs centaines de morts le 21 août près de Damas, les Etats-Unis ont considérablement durci le ton contre la Syrie, au point qu'une intervention armée, comme des tirs de missiles de croisière contre des équipements ou symboles du pouvoir de Bachar al-Assad semble désormais probable à court terme.
Le président Obama a toutefois rejeté l'idée d'une intervention américaine destinée à appuyer la rébellion, alors que le pouvoir syrien est en butte à une révolte populaire déclenchée début 2011. Cette dernière s'est militarisée et a dégénéré en guerre civile qui a fait plus de 100.000 morts selon l'ONU.
Un "engagement direct militaire" des Etats-Unis dans la guerre civile "ne serait pas bénéfique à la situation sur le terrain", a-t-il estimé. L'idée sous-jacente à la réaction des Etats-Unis serait, a-t-il expliqué, que le gouvernement syrien "reçoive un message assez fort sur le fait qu'il ferait mieux de ne pas recommencer".
Barack Obama a indiqué que les Etats-Unis "ont conclu que le gouvernement syrien a bien commis cela, et que donc, il faut qu'il y ait des conséquences internationales".
"Je ne souhaite pas un conflit sans fin en Syrie, mais (...) lorsque des pays violent les règles internationales sur des armes comme des armes chimiques qui pourraient nous menacer, il faut qu'ils rendent des comptes", a-t-il insisté.
Les membres permanents du Conseil de sécurité ne sont pas parvenus mercredi à s'accorder sur une résolution britannique justifiant une action armée en Syrie, Londres assurant qu'elle n'aurait pas lieu avant que les résultats de l'enquête de l'ONU soient connus.
La ligne de fracture entre ces cinq pays --Chine et Russie d'un côté, France, Royaume-Uni et Etats-Unis de l'autre-- reflète fidèlement les positions de chacun sur le conflit qui a fait plus de 100.000 morts et poussé des millions de Syriens à la fuite depuis mars 2011.
La Russie estime qu'il faut attendre le résultat des inspecteurs de l'ONU en Syrie enquêtant sur l'usage présumé d'armes chimiques avant de discuter de toute action du Conseil de sécurité, a déclaré mercredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
"La partie russe a insisté sur la nécessité d'attendre les résultats de la mission d'inspection de l'ONU qui se trouve actuellement en Syrie et qui enquête sur les allégations d'usage d'armes chimiques dans le conflit syrien", a rapporté le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué mercredi après un appel téléphonique entre Lavrov et son homologue britannique William Hague.
Plus tôt dans la journée de mercredi, le premier vice-ministre russe des Affaires étrangères Vladimir Titov, cité par l'agence de presse Interfax, avait déclaré: "Discuter de toute réaction du Conseil de sécurité avant que les inspecteurs de l'ONU en Syrie n'aient présenté leur rapport est pour le moins inopportun".
Le Royaume-Uni a présenté mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution "condamnant l'attaque chimique" du 21 août en Syrie et visant à "protéger les civils".
"Nous soutenons les déclarations du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, faites à La Haye selon lesquelles il est indispensable de continuer à chercher une solution diplomatique au conflit syrien", a ajouté M. Titov.
"Le Conseil doit s'unir afin d'agir pour la paix", a déclaré Ban Ki-moon dans un discours au Palais de la Paix, à La Haye, soulignant que "le moment le plus critique de ce conflit" avait été atteint.
Le gouvernement britannique ne va pas lancer d'action militaire en Syrie avant d'avoir eu connaissance des résultats des experts de l'ONU qui enquêtent sur place sur une attaque présumée aux armes chimiques, selon une motion qui doit être soumise jeudi au Parlement.
"Le secrétaire général de l'ONU doit pouvoir s'adresser au Conseil de sécurité immédiatement après la fin de la mission de l'équipe", indique le texte, ajoutant que "le Conseil de sécurité des Nations unies doit avoir l'opportunité d'avoir ce compte-rendu et tous les efforts doivent être faits pour obtenir une résolution du Conseil de sécurité soutenant une action militaire avant qu'une telle action ne soit prise".
Les Etats-Unis ont estimé mercredi que le projet de résolution britannique justifiant une frappe en Syrie, actuellement en discussion au Conseil de sécurité de l'ONU, n'allait probablement pas aboutir.
"Nous ne voyons aucune issue possible sur ce vote étant donnée l'opposition continue des Russes", a déclaré Marie Harf, une porte-parole de la diplomatie américaine.
Les experts de l'ONU ont effectué mercredi des prélèvements sanguins, d'urine et de cheveux auprès de victimes de l'attaque à l'arme chimique imputée au régime près de Damas, selon des vidéos diffusées par les militants.
Le patron de l'ONU, Ban Ki-moon, a affirmé mercredi que suite à ces analyses, "les experts devront faire des analyses scientifiques, puis nous devrons faire un rapport au Conseil de sécurité afin qu'il entreprenne les actions qu'il juge nécessaires".
Les probables frappes aériennes occidentales sur la Syrie viseront certainement l'armée, les services de renseignement et peut-être des lieux symboliques du régime mais ne modifieront pas le rapport de force dans le pays, estiment des spécialistes.
Ces raids seront menés avec des missiles Tomahawk embarqués sur des navires croisant en Méditerranée et/ou des chasseurs-bombardiers opérant en dehors de l'espace aérien syrien. Ils visent à "punir" le régime de Bachar al-Assad et à lui envoyer un message, pas à anéantir ses capacités militaires et à donner un avantage décisif à la rébellion, assurent-ils.
"Les cibles devraient inclure les quartiers généraux, dans la région de Damas, et les casernes de la 4e division blindée et de la Garde républicaine, deux unités très impliquées dans le bombardement de secteurs civils", estime Jeffrey White, du centre de réflexion Washington Institute for Near East Policy. La Garde républicaine, réputée être l'une des unités les mieux armée et entraînée du pays, est commandée par Maher al-Assad, frère du président syrien. Très redoutée, elle est spécialement chargée de la défense de la capitale.
"Les forces alliées devraient également viser les quartiers généraux de l'armée, des services de renseignement et les centres de commandement responsables des opérations dans la région de la capitale", ajoute-t-il.
Le général français Vincent Desportes, ex-directeur de l'Ecole de guerre à Paris, confie que "ces frappes seront plus symboliques que militaires. Il s'agit de rétablir la crédibilité occidentale en faisant quelque chose. La ligne rouge proclamée ne peut avoir été franchie à ce point sans que l'on fasse quelque chose, faute de quoi toute la crédibilité américaine serait perdue, spécialement vis à vis de l'Iran".
"Mais il ne faut pas en faire trop, car si le président Assad meurt ou si le régime s'effondre, on irait vers un bain de sang terrible, un chaos à l'échelle du pays. Ce serait un nouvel échec stratégique, à l'image de ce qui s'est passé en Libye", précise-t-il.
D'après l'agence de presse Reuters, la population syrienne qui réside à Damas se presse actuellement pour faire des réserves de vivres ou pour trouver des endroits où résider, loin des potentielles cibles militaires.
Le pain et la nourriture en conserve font partie des aliments les plus recherchés . Autres produits de première nécessité particulièrement prisés : l'eau et les piles, d'après un reportage de l'agence (lire l’article en anglais)
Le chef de la diplomatie britannique William Hague a reconnu mercredi que l'adoption par le Conseil de sécurité du projet de résolution présentée par son pays était "improbable" mais a répété qu'il fallait agir même sans aval de l'ONU face à un "crime contre l'humanité" en Syrie.
"Je m'attends à ce qu'il y ait encore des discussions à New York les prochains jours, nous avons entamé ces discussions sur une résolution parce que le mieux serait que les Nations unies soient unies, même si cela paraît improbable étant donné les veto opposés par la Russie et la Chine dans le passé, mais nous devons essayer", a déclaré le ministre des Affaires étrangères à la presse.
"Nous sommes clairs sur le fait que s'il ne peut pas y avoir d'accord, s'il n'y a pas d'accord aux Nations unies, nous avons toujours une responsabilité, nous et d'autres nations, avons toujours une responsabilité", a insisté William Hague.
"C'est le premier recours à une guerre chimique au 21e siècle, ce doit être inacceptable, nous devons affronter quelque chose qui est un crime de guerre, un crime contre l'humanité", a-t-il poursuivi.
"Si nous ne le faisons pas, nous devrons affronter des crimes encore plus graves dans le futur. Donc nous continuons à chercher une réponse forte de la communauté internationale, qui soit légale, qui soit proportionnée et destinée à empêcher tout usage futur d'armes chimiques", a-t-il ajouté.
Lundi déjà, le ministre britannique avait jugé qu'il serait "possible" de répondre à l'usage d'armes chimiques en Syrie "sans unité complète au Conseil de sécurité de l'ONU".
L'armée syrienne a commencé à se repositionner ces dernières 48 heures en raison des menaces occidentales contre les positions militaires du régime en représailles à l'utilisation présumées d'armes chimiques, selon une ONG.
"Il n'y a pas un abandon de positions mais un repositionnement militaire ces dernières 48 heures", a expliqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui s'appuie sur un vaste réseau de militants à travers le pays.
"Des dizaines de sièges de commandement militaire et de commandement de brigades sont évacués pour se replacer ailleurs. Ces changements de position ont lieu à Damas, à Homs et Hama (centre), sur la côte méditerranéenne, à Soueida et Deraa au sud", a-t-il précisé.
Un haut responsable des services de sécurité à Damas a expliqué: "Personne ne dévoile son plan, toutes les armées dans le monde qui sont la cible d'attaques vont se défendre, le peuple et la patrie, c'est la mission des armées".
"Depuis deux ans et demi, nous sommes au cœur de la bataille. (Les terroristes) auxquels nous faisons face ne diffèrent en rien des menaces en cours" de la part des occidentaux, a-t-il ajouté.
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(AFP)
L'Organisation de la coopération islamique (OCI), qui rassemble 57 pays musulmans, a appelé mercredi à une "action décisive" contre le régime syrien, qu'elle tient légalement et moralement responsable de l'attaque au gaz du 21 août près de Damas.
Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Meqdad a accusé l'Occident d'avoir encouragé les rebelles à utiliser du gaz sarin à plusieurs reprises en Syrie.
"Les groupes terroristes (terme désignant les rebelles dans la terminologie officielle) ont fait usage de gaz sarin dans plusieurs points du pays (...), avec les encouragements américain, britannique et français", a-t-il assuré.
Parlant aux journalistes à la fin de son entretien à l'hôtel Four Seasons de Damas avec la responsable de l'ONU pour le désarmement Angela Kane, le ministre syrien a mis ces pays en garde.
"Il faut que cessent les encouragements de ces pays occidentaux, car en défendant ces terroristes et en adoptant leurs propos, ces groupes retourneront prochainement les armes chimiques contre les peuples d'Europe".
Auparavant, l'ambassadeur de Syrie à l'ONU Bachar al-Jaafari avait affirmé dans une interview reprise mercredi par l'agence Sana que "beaucoup de données (tendaient) à prouver l'innocence du gouvernement syrien" et dénoncé "une accusation fallacieuse".
Ces données prouvent également que les "groupes armés ont utilisé des armes chimiques dans le but d'entraîner une intervention militaire étrangère et une agression contre la Syrie", a assuré l'ambassadeur.
Le roi Abdallah II de Jordanie et le président palestinien Mahmoud Abbas ont appelé mercredi à une solution "globale" en Syrie.
"Le roi et Abbas ont discuté de la crise syrienne, et appellent à une solution globale à la crise, qui mettrait fin aux souffrances du peuple syrien", a annoncé un communiqué du Palais après la rencontre des deux hommes à Amman.
Le ministre de l'Information jordanien Mohammed Momani a affirmé de son côté que son pays ne servirait pas de "rampe de lancement" pour une éventuelle intervention militaire en Syrie.
L'opposition islamiste dans le royaume a quant à elle rejeté toute action militaire contre la Syrie, "quels que soient ses motifs et ses justifications", mettant en garde contre de "dangereuses répercussions" pour la région.
Le Front islamique d'action, la branche politique des Frères musulmans en Jordanie, a ajouté que le pays "ne devrait pas être utilisé pour une attaque. Son rôle devrait se concentrer sur l'aide aux réfugiés syriens jusqu'à ce qu'ils puissent rentrer chez eux."
Quelque 500.000 Syriens sont réfugiés en Jordanie, et la population craint que l'impact de la situation syrienne sur leur pays ne s'alourdisse.

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