Obama a profité de la conférence de presse pour expliquer sa décision de ne pas aller au sommet de Moscou. Il a avoué que les divergences entre les États-unis et la Russie se maintiendraient à l’avenir également mais que ce n’était pas une raison pour refuser le dialogue avec elle. Depuis la chute de l’URSS, a dit le président américain, les relations avec la Russie ont connu des périodes de tension et de copération dans certains domaines et de rivalité dans d’autres. Mais des progrès ont également été réalisés dans le domaine du nouveau traité START et la Russie aide les États-Unis dans leur mission en Afganistan.
« Je pense que le dernier épisode (« affaire Snowden ») n’est qu’une des divergences qui se manifestent depuis quelques mois dans la question syrienne et celle des droits de l’homme. Il serait correct de prendre une pause pour essayer de comprendre où va la Russie, quels sont nos intérêts et « réajuster» nos relations en conséquence afin que nous puissions faire ce qui sert nos intérêts et, j’espère, ceux de la Russie. Il faut cependant avouer que certaines divergences se maintiendront forcément mais c’est normal ».
Obama a dit qu’il ne voyait aucun intérêt à boycotter les JO d’hiver à Sotchi, ce que demandent les congressistes de droite mais surtout le « lobby » des minorités sexuelles mécontenté par la loi sur l’interdiction de la propagande gay adoptée en Russie.
« Je sais qu’on nous demande de nous définir par rapport aux JO de Sotchi. Je veux faire clairement comprendre à tout le monde qu’il ne faut par les boycotter. Les sportifs américains s’entraînent intensément en prévision de cet événement et font tout leur possible pour y obtenir du succès. S’il n’y a pas de sportifs gay ou lesbiennes dans l’équipe russe, cela la rend sans doute plus faible ».
C’était la première conférence de presse donnée par Obama depuis trois mois. Il s’agit d’une pause assez longue d’après les standards américains surtout compte tenu du fait que c’était une période saturée d’événements retentissants comme l’évasion d’Edward Snowden, ce révélateur du réseau d’espionnage global monté par la NSA. La Maison Blanche avait très bien préparé ce point de presse parce que Obama consultait une liste avant de donner la parole à tel ou tel journaliste. Mieux encore, certains d’entre eux lisaient leurs questions, signe qu’elles avaient été harmonisées d’avance.
Le refus d’Obama d’aller à Moscou a l’air « enfantin » et nuit aux relations américano-russes, a dit à La Voix de la Russie l’analyste du Centre de recherche de Washington Global Research Center Martin Sieff :
« Il y avait des transfuges des deux côtés même aux temps de la « guerre froide » mais alors aucun leader soviétique ou président américain ne l’a jamais instrumenté pour annuler ne serait qu’un seul des sommets bilatéraux. Le président Obama n’aurait pas dû le faire. Je vois personnellement derrière cet incident l’influence de la conseillère présidentielle Suzan Rice. C’est une démarche peu raisonnable et je ne pense pas qu’elle ait pu être suggérée par le secrétaire d’État John Kerry ».
L’appareil de propagande de la Masion Blanche s’applique actuellement à faire croire que ce sont les États-Unis qui cherchent à faire prendre à la Russie la voie du progrès mais elle bascule tout le temps dans la rhétorique de la « guerre froide ». Obama avait même dit qu’il essayait constamment d’aider le président Poutine à « tourner le regard vers l’avenir et non pas vers le passé » mais qu’il n’y réussissait pas souvent. Le cas échéant, Obama n’a pas du tout fait preuve d’originalité parce que la Maison Blanche avait toujours eu l’habitude de classer dans la catégorie des « mauvaises actions » tout ce qui ne répondait pas aux intérêts américains.
Le refrain sur « la guerre froide » sonne particulièrement étrange parce que c’est précisément la NSA qui avait lancé la cybersurveillance globale à l’échelle dont personne ne pouvait rêver aux temps de la « guerre froide ». D’ailleurs, c’est ce système qui avait été dénoncé par l’ex-agent de la CIA et de la NSA Edward Snowden qui a reçu l’asile temporaire en Russie.
Obama a annoncé par la même occasion certaines réformes concernant la NSA et destinées à la rendre plus transparendre et respectueuse des lois. Le président a souligné une fois de plus que cette institution la plus secrète des États-Unis n’espionnait pas les citoyens américains mais se souciait de leur sécurité. Cette image idyllique avait été fortement compromise par le Guardian londonien qui a publié le jour de la conférence de presse une nouvelle série des révélations faisant partie du « dossier de Snowden ». Ces documents montrent que la NSA utilise les failles de l’environnement législatif qui lui permettent d’écouter les conversations téléphoniques et d’intercepter facilement le courrier électronique de tout citoyen américain.
french.ruvr.ru