30 août, 2013

Obama a hâte de châtier la Syrie

NG

La campagne militaire de l'Occident en Syrie pourrait commencer dès aujourd'hui, écrit vendredi 30 août le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Les habitants de Damas et l'armée s’y préparent. Mais les alliés pourraient être retardés car le parti travailliste d'opposition a fait promettre au premier ministre britannique David Cameron d'organiser un second vote au parlement national avant toute décision.
Le piège dans lequel est tombé Cameron ne devrait pas lier les mains de Barack Obama.
Selon les juristes, le président américain se transforme de protecteur du droit international en gendarme du monde.
A la veille de l'invasion supposée, la situation à Damas était alarmante. Les habitants de la capitale syrienne ne sont pas allés travailler, ils font des réserves de nourriture et s'enferment dans leurs maisons ; beaucoup ont fui au Liban voisin.
Les établissements militaires, y compris le QG de l'armée et du renseignement, ont été évacués, les soldats ont abandonné leurs postes de contrôle. Plus de 4 000 volontaires civils ont été enregistrés. Les sites progouvernementaux appellent les gens à se rassembler dans des lieux qui seront très probablement attaqués, formant ainsi des boucliers humains. L'armée syrienne se prépare à riposter avec des missiles, à abattre les avions de l'ennemi avec l'artillerie et même à utiliser des pilotes kamikazes. Selon le Guardian, ils seraient plus de 8 000.
Dans ce contexte, les alliés ont rencontré hier des problèmes avec le parlement britannique.
Se référant aux "leçons irakiennes", le parti travailliste s'est opposé à la campagne syrienne. L'opposition a réussi à convaincre Cameron d'organiser un second vote, qui se déroulera lorsque le Conseil de sécurité des Nations unies se sera exprimé sur le rapport d’experts après leurs recherches sur les lieux de l'attaque chimique présumée. Le secrétaire général de l'Onu
Ban Ki-moon compte recevoir ce rapport samedi, jour où les inspecteurs de l'Onu quitteront la Syrie. Cela risque de provoquer un atermoiement indésirable pour Washington. Selon la presse britannique, Obama pourrait reporter l'attaque jusqu'à mardi ou l'annoncer à la veille de sa visite en Europe pour assister au G20 à Saint-Pétersbourg.
Bien qu'Obama et Cameron cherchent à nier le parallèle avec les événements de 2003 et avec les dirigeants de l'époque – leurs opposants -, ils suivent pourtant leurs prédécesseurs à la trace.
On peut dire la même chose à propos du secrétaire d'Etat John Kerry, candidat à la présidentielle de 2004 du parti démocrate. A l’époque, il appelait à attendre les conclusions des inspecteurs de l'Onu avant de lancer la campagne irakienne... Obama a déclaré mercredi qu'il adopterait une "approche limitée et mesurée" en voulant éviter la dérive vers un long conflit et la répétition du scénario irakien. Cependant, le fantôme de l'Irak poursuit le président, estime Hans Blix, chef de la mission d'inspection de l'Onu en Irak en 2000-2003.
Encore récemment, Obama était le seul à parler de l'importance du droit international en affirmant qu'il ne fallait pas engager des actions militaires contre d'autres Etats sans l'autorisation du Conseil de sécurité, rappelle Blix. Aujourd'hui, le président tient un discours différent. Londres et Paris ne se préoccupent pas non plus du cadre légal de l'opération. Blix ajoute que l'attaque de la Syrie avec des missiles de croisière apporterait peu d’avancées sur le plan stratégique. "Si les actions militaires visaient uniquement à "châtier" al-Assad et satisfaire l'opinion publique et médiatique sans même avoir écouté le rapport des experts de l'Onu, alors ce serait une triste journée pour le droit international", conclut le spécialiste.

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