Les Français ne jurent plus que par les vacances, mais ils n’ont plus beaucoup d’argent à claquer pour se rendre au bord de la mer. Ne vous attendez pas à ce que je vous fasse éloge des familles russes qui se la coulent douce sous les palmiers de Saint-Tropez. Après 20 ans des montagnes…russes des frasques de la révolution gorbatchévienne, la Russie, elle, vient de recouvrer tant bien que mal un peu de bien-être social. Certes, comparé à l’époque soviétique, les Russes sont beaucoup plus nombreux à partir en France. Et malgré l’anti-publicité russophobe qu’on leur fait, ce n’est plus les catins qui garnissent les soirées des play-boys vieillissants du secteur banquier, ni les mafieux du type Bérézovski cherchant à cacher les fonds volés. Les gens dits normaux de la classe moyenne, prennent facilement l’avion pour aller se reposer en Espagne, en Grèce, en Bulgarie, en Egypte et en Turquie. Ils passent souvent par l’Italie, mais ils essaient souvent d’éviter la France dont le confort et le style de vie sont, malheureusement, en chute libre. Tout d’abord on vous fait payer le double et le triple par rapport à la tarification des mêmes services dans les pays limitrophes mais se trouvant un peu plus au soleil. Le moindre yahourt vous revient à plus de 90 cents par unité sans parler du voyage en RER non-aéré sans air climatisé et avec tous les arrêts intermédiaires dans la gentille banlieue de Saint-Denis pour vous rendre de Roissy à Paris. Et encore ce voyage vous coûtera-t-il un euro 50 cents plus cher par rapport au tarif moscovite pour un aéro-express de Moscou à l’aéroport en train grand luxe à l’air conditionné et avec des fauteuils du type avion. La différence est flagrante et accablante.
Je viens tout juste de revenir de Paris où j’étais descendu dans un hôtel 4 étoiles rue Rouget Delisle en plein centre de la capitale juste à côté du Louvre. Non seulement le service était minime, sans robe de chambre et avec le buffet au petit-déjeuner, pitoyablement pauvre en mets sans choix de fromages, céréales et avec des croissants minuscules ! Mais qui plus est, la nuit, le service de vide-poubelles arrivait à 4 heures du matin avec les ronflements de moteur et les cris des travailleurs dignes du Parc des Princes aux heures de grande liesse populaire. Dormir dans cet hôtel fenêtres ouvertes relevait de la mission impossible. Et surtout n’allez pas me dire que la direction de l’hôtel n’y était pour rien. Il lui aurait suffi de faire scandale dans la mairie du premier pour expliquer que l’on ne doit pas déranger le sommeil des touristes. Mais apparemment la France semble se moquer de la qualité de vie de ses visiteurs.
Il y va de même pour les cafés. J’imagine mal les cafés de Rome ou Madrid fermer ses portes à l’unisson à minuit pile. Pourtant, côté Rivoli, on ne trouve pas un estaminet ouvert après 12 coups à la grande horloge de la Gare du Nord de la Rive gauche. Comment peut-on attirer les touristes si on ne pense pas à leur confort au quotidien ou si l’on essaie de leur vendre ses prestations à un prix exorbitant ? Autrefois, il y avait beaucoup de Slaves qui se rendaient à Paris pour faire leurs emplettes. Mais lorsque je suis passé à la galerie des 4 temps à la Défense j’ai vite fait de m’apercevoir que les prix dans les magasins étaient absolument du même niveau qu’en Russie. En même temps c’est bien la Russie qui importe le textile chez elle et c’’est du textile français. Alors comment se fait-il qu’un polo revient au même prix à Moscou et à Paris.
Mais le comble du malheur a été mon passage à l’aéroport de Roissy, secteur international. Au niveau du contrôle d’identité par la Police de l’Air et des Frontières le flux de voyageurs est partagé en 2 ruisseaux dont un est représenté par les ressortissants des pays de l’Union Européenne ; et le deuxième est constitué par de « vrais » étrangers. Vous pouvez ne pas me croire, mais hier c’est-à-dire le premier août, en plein dans la saison de la Grande évasion, j’ai vu quelque chose que je n’ai pas vu depuis des lustres, bien que blanchi sous le harnais de journaliste. Si je comprends bien, les ressortissants de l’UE devaient passer la ligne de contrôle sans coup férir parce que chez eux, dans leur pays et avec une vérification d’identité simplifiée. C’était tout le contraire. Pis ! Cela a tourné en désastre ! Etant bipatride, j’avais pris la ligne des ressortissants de l’UE et ai vite fait de constater que j’avais fait une monumentale erreur. Les étrangers passaient le contrôle en quelques minutes avec 5 policiers qui s’occupaient leurs passeports. Pour ce qui est des malheureux Français, ils se morfondaient pendant plus d’une heure ! parce qu’il n’y avait qu’un seul policier pour une foule de plus de cent personnes. Et ensuite lorsque l’ordinateur est tombé en panne, ce policier a tranquillement verrouillé sa guérite et s’en alla pour quérir de l’aide en laissant les passagers attendre sans explication aucune. Il y avait des enfants en bas âge et des vieux qui restaient debout à faire la file, parqués dans cette partie de la salle. Les touristes japonais prenaient même cette cohue en photo ! Vous imaginez bien le gâchis et le bordel !
Aux douanes, le même scénario s’était reproduit. Non seulement sous le moindre prétexte les grosses femmes qui étaient de service faisaient vider majestueusement les valises des malheureux pères de famille, mais aucune excuse ne leur était présentée bien qu’aucun objet suspect n’ait été trouvé. Je l’ai vu de mes propres yeux et étais même obligé de refaire ma valise à la va-vite et sans aucun confort prévu dans la salle des douanes. Et la ronde se continua à la montée dans l’avion : plus d’un quart d’heure de retard et aucune excuse ou explication fournie aux passagers. J’ai vu les Français devenir furieux. Je les ai entendus invectiver le gouvernement et dire que l’administration ne pensait qu’aux touristes mais point à ceux qui, eux, représentaient le peuple. Triste image d’une France qui se perd !
Je vous ai narré ces aventures pour démontrer que la France s’habitue à son nouveau rôle d’une puissance un peu à la dérive qui n’est pas sans me rappeler ce que j’ai vu à l’époque brejnévienne : l’idéologie officielle qui n’a rien à voir avec la vie de tous les jours, la hausse du coût de la vie et la détérioration des conditions sociales, la guerre en Afghanistan menée contre toute raison, une propagande des plus noires dirigée contre le monde occidental, une population qui commence à se sentir ethniquement distincte les uns des autres… Tous ces problèmes de l’URSS ont été envenimés par l’absence de la religion. Maintenant que j’observe la France je retrouve les indices du même mal. Je souhaite beaucoup de courage à François Hollande mais ai du mal à comprendre comment veut-il sortir de ce cercle vicieux qui se transforme de plus en plus en trou noir aspirant le pays et le tirant vers le bas.

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