Modern Slavery - © Andreas Gradin
Le ministère public équatorien le
désigne comme un centre de torture. Le bâtiment fait trois étages et
toutes les fenêtres sont teintées. Ce centre se situe a 2,5 km de Tena,
ville d’Equateur, capitale de la province de Napo. Zulema C. s’est
échappée du centre il y a environ un mois.
« Soigner votre homosexualité car vous êtes malades »
Enetre les murs de cet édifice, les
autorités de cette clinique ont essayé, pendant 21 jours, de soigner
Zulema, lesbienne. Pendant ces trois semaines d’enfermement, le même
message lui a été sans cesse répété « Dieu a créé l’homme et la femme.
Nous devons te réhabiliter. Tu es malade ». Mardi dernier, quatre
personnes ont été arrêtées. Zulema a quant à elle porté plainte pour
mauvais traitements psychologiques et pour avoir été obligée de
s’alimenter avec des produits périmés, rappporte El Comercio.
Des infrastructures similaires à ce centre, qui offrent aux parents des
jeunes des « thérapies de déshomosexualisation », ne sont pas nouvelles
dans le pays. Plusieurs fondations signalent leur présence en Equateur
depuis maintenant 13 ans.
En 2001, Maria Auxiliadora a été
enfermée de force dans une de ces cliniques de Guayaquil. Son témoignage
fait partie d’un rapport du Tribunal traitant des droits des femmes en
Equateur. La Jeune femme a été internée le 28 mai 2001. Le personnel l’a
mise dans une chambre. De son passage dans ce lieu sans nom, elle se
souvient d’une « technique thérapeutique » nommée « L’Aube » où
réveillée à minuit, elle était jetée à même le sol, complètement nue,
avec les bras dans le dos et la tête vers le bas. Les fonctionnaires lui
criaient « Alors mec ! » et lui jetaient des seaux d’eau glacée.
Les mauvais traitements psychologiques en tant que partie intégrante du « traitement »
Le personnel a prétendu que Maria
Auxiliadora était porteuse du virus du SIDA. « Ils voulaient me soigner
en me plaçant la main sur la Bible. Cela faisait partie de la thérapie
». Plusieurs autres jeunes femmes ont vécu des expériences similaires.
On leur répétait des phrases telles que : « Si tu étais amie avec ma
fille, elle ne pourrait jamais sortir avec toi, toi qui aime les femmes,
toi qui ne veut pas changer, toi qui veut ruiner ta vie ». Après sa
fuite, Zulema est arrivée à Guayaquil où elle a été prise en charge par
Lía Burbano, présidente de l’Association Lesbienne « Mujer y Mujer »
(Femme et Femme). Burbano explique : « Nous ne nous battons pas contre
les parents qui souhaitent que leurs enfants changent d’orientation
sexuelle mais contre ces centres qui divulguent de fausses idées sur
l’homosexualité en la faisant passer pour une maladie qui doit être
traitée ». Jorge Luis Escobar, président de l’Association de
Psychologues d’Equateur souligne : « la science commet une erreur
historique en considérant l’homosexualité comme une pathologie ». En
1974, l’Association américaine de Psychiatrie a retiré l’homosexualité
de la liste des maladies mentales. En Equateur, elle a été considérée
comme délit jusqu’en 1997. le Code Pénal pouvait proclamer des peines de
prison pour les personnes se déclarant gays, lesbiennes, transsexuelles
ou transgenres. Pendant son séjour, Susana a également été enchaînée
pendant plusieurs jours. « C’était humiliant. J’ai marché, dormi, monté
des escaliers avec des chaînes. On me disait qu’il fallait que je me
libère des chaînes de mon esprit ».
Le rôle des mafias dans ces centres clandestins
Maria Auxiliadora est retournée chez ses
parents qui ont cru que leur fille était « soignée ». Des mois plus
tard, la jeune fille a été enlevée par des inconnus et remise en centre
car son orientation sexuelle était restée la même. Ces types de cas sont
nombreux. Une enquête récente a démontré que ces « centres de
déshomosexualisation » sont apparus dans les années 1990 avec un décret
leur permettant de traiter une orientation sexuelle comme une addiction.
Actuellement, ils fonctionnent frauduleusement en se faisant passer
pour des institutions qui réhabilitent les personnes souffrant de
problèmes d’alcool ou de drogues. On ne connait pas vraiment leur nombre
dans le pays. En outre, l’Etat équatorien est accusé d’omission de ces
cas de violations des droits de l’homme.
Ces centres sont totalement
incontrôlables et sans régulation aucune, a reconnu le vice-Premier
ministre de la Santé, Miguel Dalo. « Le problème, c’est ce que ces
centres sont administrés par des mafias qui leur permettent de
fonctionner ».
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