Les agents de la Police municipale de la commune de Ouagadougou observent un « arrêt de travail momentané »
depuis le 26 août 2013. Ce 27 août, ils ont décidé d’observer un
service minimum, mais les revendications demeurent. Les salaires ne sont
pas suffisants et bien d’autres problèmes.
A la direction de la Police municipale
dans la matinée du 27 août 2013, tout semble calme et normal. Pas de
trace d’une quelconque grève.
Le chef des lieux, le commissaire Clément Ouango, refusant une interview parce que n’ayant pas « reçu d’autorisation du maire », dit cependant ceci au reporter de Burkina 24 : « quelle grève ? Vous n’avez pas vu les policiers en circulation ? Il n’y a pas de grève ici ! ». Il
n’en dira pas plus. Pourtant, le 26 août 2013, les Policiers municipaux
avaient déclenché un mouvement de protestation. Y a-t-il eu une
division ?
Un service minimum
Les agents sur les lieux sont réticents,
après cette sortie de leur « chef». C’est après le départ de ce dernier
que les langues se délient. « Nous ne sommes pas divisés », informe un agent.
« Nous nous sommes juste concertés ce matin », explique-t-il. « Nous sommes des paramilitaires et nous ne pouvons donc pas manifester comme les civils », continue-t-il. Selon ses dires, ses collègues ont pris la décision d’assurer un service minimum par « respect pour la hiérarchie » et pour la population de Ouagadougou.
Mais l’arrêt de travail demeure de façon
illimitée afin que leurs conditions de travail et de vie soient revues.
Et des revendications, il y en a à la pelle. Tous les agents se
regroupent autour des journalistes et les explications des problèmes
pleuvent.
Une même parcelle pour 600 propriétaires ?
D’abord, cette taxe de résidence qu’ils ne comprennent pas. « Nous sommes environ 600 à Ouagadougou et tous sont attributaires de la même parcelle », explique
l’un des agents en exhibant une déclaration d’attribution d’une
parcelle domiciliée au secteur 30 avec les références suivantes : « section 999 ; lot 99 ; parcelle n°99, N° de porte : néant ; N° de rue : néant ».
« Pour cette parcelle, on me prélève une taxe de 9 000 F CFA par an ». Il
montre une circulaire qui indique qu’il doit payer un cumul de cette
taxe de 2006 à 2012. Tous ses collègues sont concernés par cette
circulaire, dit-il.
Les policiers expliquent qu’ils ne
refusent pas de payer la taxe de résidence. Mais ce qu’ils ne
comprennent pas, c’est qu’ils soient tous attributaires d’une même
parcelle, qu’ils n’ont « jamais vue » d’ailleurs, alors qu’ils logent pour la plupart dans des « maisons en location ».
Indemnité de logement : 7 000 F CFA
Ensuite, ils déplorent leurs conditions salariales. « Nous avons un avancement chaque deux ans pour un montant de 950 F CFA ; si vous enlevez les taxes, il nous reste 150 F CFA », se plaint un autre agent. Un de ses collègues affirme que « la moyenne des salaires ne dépasse pas 90 000 F CFA ». Leur indemnité de logement est fixée à 7 000 F CFA déclare un autre.
« Dites-moi, quelle maison peut-on louer à 7 000 F CFA à Ouaga ici ? », s’interroge-t-il.
Les agents disent aussi ne pas comprendre pourquoi ils perçoivent
10 000 F CFA au titre de l’indemnité spéciale police alors qu’elle est
fixée à 30 000 F CFA pour leurs collègues de la Police nationale. « Si on ne veut pas de la Police municipale, qu’on la supprime », tranche l’un des agents.
Le matériel en mauvais état
Enfin, les conditions de travail sont indexées, notamment le matériel. « Aucun véhicule n’est en bon état », explique un policier municipal. Il montre un véhicule en panne depuis deux mois, indexant un autre qui n’a pas de roue. « Le REN-LAC classe la Police municipale comme 2e ; moi j’ai payé ma moto depuis 2003 et je ne l’ai pas encore changée », fait observer un agent.
Les Policiers municipaux disent qu’ils en
ont ras-le-bol. Ils demandent au maire de la commune de rectifier sa
position et continueront leur mouvement jusqu’à satisfaction de leurs
revendications. « Nous sommes prêts pour le travail ; mais nous travaillons pour payer un mouton et non pour devenir des moutons », ont-ils terminé.
Abdou ZOURE
Pour Burkina 24
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire