28 août, 2013

Burkina Faso Grève de la Police municipale de Ouaga : « On a un avancement de 150 F CFA chaque deux ans »

Les agents de la Police municipale de la commune de Ouagadougou observent un « arrêt de travail momentané » depuis le 26 août 2013. Ce 27 août, ils ont décidé d’observer un service minimum, mais les revendications demeurent. Les salaires ne sont pas suffisants et bien d’autres problèmes.
Les agents de la Police municipale observent un "arrêt momentané de travail" (Ph : B24)
La Direction de la Police municipale à Ouagadougou, 27 août 2013 (Ph : B24)
A la direction de la Police municipale dans la matinée du 27 août 2013, tout semble calme et normal. Pas de trace d’une quelconque grève.
Le chef des lieux, le commissaire Clément Ouango, refusant une interview parce que n’ayant pas « reçu d’autorisation du maire », dit cependant ceci au reporter de Burkina 24 : « quelle grève ? Vous n’avez pas vu les policiers en circulation ? Il n’y a pas de grève ici ! ». Il n’en dira pas plus. Pourtant, le 26 août 2013, les Policiers municipaux avaient déclenché un mouvement de protestation. Y a-t-il eu une division ?
Un service minimum
Les agents sur les lieux sont réticents, après cette sortie de leur « chef». C’est après le départ de ce dernier que les langues se délient. « Nous ne sommes pas divisés », informe un agent.
« Nous nous sommes juste concertés ce matin », explique-t-il. « Nous sommes des paramilitaires et nous ne pouvons donc pas manifester comme les civils », continue-t-il.  Selon ses dires, ses collègues ont pris la décision d’assurer un service minimum par « respect pour la hiérarchie » et pour la population de Ouagadougou.
Mais l’arrêt de travail demeure de façon illimitée afin que leurs conditions de travail et de vie soient revues. Et des revendications, il y en a à la pelle. Tous les agents se regroupent autour des journalistes et les explications des problèmes pleuvent.
Une même parcelle pour 600 propriétaires ?
La circulaire qui nourrit le courroux des agents de police (Ph : B24)
La circulaire qui nourrit le courroux des agents de police (Ph : B24)
D’abord, cette taxe de résidence qu’ils ne comprennent pas. « Nous sommes environ 600 à Ouagadougou et tous sont attributaires de la même parcelle », explique l’un des agents en exhibant une déclaration d’attribution d’une parcelle domiciliée au secteur 30 avec les références suivantes : « section 999 ; lot 99 ; parcelle n°99, N° de porte : néant ; N° de rue :  néant ».
« Pour cette parcelle, on me prélève une taxe de 9 000 F CFA par an ». Il montre une circulaire qui indique qu’il doit payer un cumul de cette taxe de 2006 à 2012. Tous ses collègues sont concernés par cette circulaire, dit-il.
Les policiers expliquent qu’ils ne refusent pas de payer la taxe de résidence. Mais ce qu’ils ne comprennent pas, c’est qu’ils soient tous attributaires d’une même parcelle, qu’ils n’ont « jamais vue » d’ailleurs, alors qu’ils logent pour la plupart dans des « maisons en location ».
Indemnité de logement : 7 000 F CFA
Ensuite, ils déplorent leurs conditions salariales. « Nous avons un avancement  chaque deux ans pour un montant de 950 F CFA ; si vous enlevez les taxes, il nous reste 150 F CFA », se plaint un autre agent. Un de ses collègues affirme que « la moyenne des salaires ne dépasse pas 90 000 F CFA ». Leur indemnité de logement est fixée à 7 000 F CFA déclare un autre.
"Aucun véhicule n'est en bon état", se plaignent les agents de la police municipale (Ph : B24)
« Aucun véhicule n’est en bon état », se plaignent les agents de la police municipale (Ph : B24)
« Dites-moi, quelle maison peut-on louer à 7 000 F CFA à Ouaga ici ? », s’interroge-t-il. Les agents disent aussi ne pas comprendre pourquoi ils perçoivent 10 000 F CFA au titre de l’indemnité spéciale police alors qu’elle est fixée à 30 000 F CFA pour leurs collègues de la Police nationale. « Si on ne veut pas de la Police municipale, qu’on la supprime », tranche l’un des agents.
Le matériel en mauvais état
Enfin, les conditions de travail sont indexées, notamment le matériel. « Aucun véhicule n’est en bon état », explique un policier municipal. Il montre un véhicule en panne depuis deux mois, indexant un autre qui n’a pas de roue. « Le REN-LAC classe la  Police municipale comme 2; moi j’ai payé ma moto depuis 2003 et je ne l’ai pas encore changée », fait observer un agent.
Les Policiers municipaux disent qu’ils en ont ras-le-bol. Ils demandent au maire de la commune de rectifier sa position et continueront leur mouvement jusqu’à satisfaction de leurs revendications. « Nous sommes prêts pour le travail ; mais nous travaillons pour payer un mouton et non pour devenir des moutons », ont-ils terminé.
Abdou ZOURE
Pour Burkina 24

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