27 juillet, 2013

WikiLeaks : Manning n’est pas un traître, il espérait «provoquer un débat mondial»

WikiLeaks : Manning n’est pas un traître, il espérait «provoquer un débat mondial»
Cliff Owen/AP/SIPA
Bradley Manning n’est pas un traître, comme l’affirme l’accusation, il espérait «provoquer un débat mondial» en transmettant à WikiLeaks des documents secrets. C’est du moins ce que plaide vendredi 27 juillet son avocat, David Coombs. Le soldat, accusé de collusion avec l’ennemi pour les révélations qu’il a fournies au site de Julian Assange, est quelqu’un de «jeune, naïf et bien intentionné», poursuit-il, alors que le procès en cour martiale débuté en juin à Fort Meade touche à sa fin.
Pour l’avocat du jeune homme de 25 ans, Manning a été choqué de voir ce qui se passait en Irak, et «espérait provoquer un débat mondial et (...) que les choses changeraient grâce à cela». «Il espérait que les gens apprendraient le vrai nombre des victimes en Irak, qu'ils en seraient scandalisés», a expliqué l’avocat, faisant référence à une vidéo divulguée par le soldat montrant du cockpit l’attaque en 2007 d'un hélicoptère Apache ; douze civils y avaient été tués dont deux employés de Reuters. Elle montre aussi des tirs contre des hommes non armés qui secourent un Irakien blessé, pendant ce temps, on y entend l’équipage américain faire des blagues. «Vous devez voir ça avec les yeux d'un jeune homme pour qui la vie humaine compte», lance l’avocat qui rejette également un autre argument. Bradley Manning serait photographié «joyeux» peu après la divulgation des informations. «Regardez la photo, il porte un soutien-gorge (…) il sourit parce qu'à ce moment-là, il se sent lui-même», justifie David Coombs, rappelant les doutes du jeune homme sur son identité sexuelle dans une armée où il n’est alors pas question de s’afficher homosexuel.
En transmettant des dossiers classés secrets à WikiLeaks, le soldat se retrouve au cœur de la plus grande affaire de fuites de documents classifiés de l'histoire américaine. Si l’acquittement est requis par David Coombs pour les accusations d'espionnage, de fraude informatique, et «d'aide à l'ennemi», Bradley Manning a reconnu avoir fait fuiter quelque 700.000 documents militaires et diplomatiques classifiés, mais a plaidé non coupable pour la charge la plus grave et qui peut lui valoir la prison à vie, celle d'avoir sciemment aidé al-Qaïda.
L’accusation reste de son côté impassible. Jeudi, elle a décrit le militaire comme égoïste et téméraire, estimant que le prévenu ne pouvait ignorer que les documents révélés par WikiLeaks pourraient être consultés par les ennemis de l’Amérique. Bradley Manning est également poursuivi pour 21 autres chefs d’inculpation pour lesquels il encourt un total de 154 ans de prison. Il a de fait accepté de plaider coupable pour dix d’entre eux pour un total de vingt années de prison. Les audiences consacrées à la fixation de la peine devraient débuter le 31 juillet prochain.

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