@ Photo : AFP
La première étape de sa tournée a amené Obama
au Sénégal. Après un accueil plutôt chaleureux et la visite symbolique
de l’île de Gorée, triste plaque tournante de la traite esclavagiste
d’antan, Obama a vite rappelé son rôle de donneur de leçons, notamment
sur la question de la dépénalisation de l’homosexualité au Sénégal et en
Afrique en général. La réponse du président sénégalais ne s’est pas
faite attendre et en pleine conférence de presse commune, M. Macky Sall a
clairement rappelé au président étasunien la position sénégalaise sur
la question. Il a notamment déclaré que lui-même, en qualité de
président de la République du Sénégal, n’est nullement homophobe, et que
les homosexuels ne subissaient aucune discrimination, notamment au
niveau de l’emploi. Et d’ajouter : «
Tout en respectant les droits des homosexuels, nous ne sommes pas
disposés à lever cette disposition de la loi. Ce qui ne veut pas dire
que nous sommes homophobes mais c’est à la société sénégalaise de
traiter cette question sans subir aucune pression ».
Il
a également souligné qu’il fallait respecter le choix de chaque pays
sur des questions aussi complexes et contradictoires. M. Macky Sall a
également rappelé que chaque pays a le droit de tenir compte de sa
culture, de ses traditions et de ses valeurs, sans oublier que même dans
les pays ayant autorisé le fameux « mariage pour tous », c’était
bien loin de faire l’unanimité au sein de la population. Une allusion
presque non voilée à la France, où l’adoption de ladite loi a vivement
divisé la société française et où la voix de la majorité de la
population a été tout simplement ignorée au nom d’intérêts de lobbies
ultra-puissants. Une réponse claire et digne aux donneurs traditionnels
de leçons qui ne se soucient guère des problèmes internes de leurs
propres pays et qui font la sourde oreille aux revendications légitimes
de leurs peuples.
Après le Sénégal, Obama a fait escale
en Afrique du Sud, où il aura passé la plus grande partie du temps de sa
tournée. Pas surprenant compte tenu du poids politique et économique de
la République Sud-africaine sur le continent et qui est par ailleurs
membre depuis 2011 du club des grandes puissances émergentes, les BRICS,
avec la Russie, la Chine, l’Inde et le Brésil. Pour souhaiter la «
bienvenue » à M. Obama, des centaines de manifestants dans plusieurs
grandes villes Sud-africaines ont manifesté contre sa venue. Sur les
pancartes des manifestants, on pouvait lire plusieurs accusations en
lien direct avec les violations et les crimes commis par les USA au
cours de leur histoire récente : guerres en Irak, en Afghanistan et en
Libye, soutien des USA à Israël dans sa violation des droits du peuple
palestinien, pillage de l’Afrique … y compris à travers des accusations
qui visaient personnellement l’intéressé : « Obama,
l’Oncle Sam sioniste », « Représentant de l’administration satanique »,
« Bush, Blair, Netanyahou et Obama : criminels de guerre »pouvait-on lire entre autres.
Pas
assez pour Barack Obama, qui avait ferme intention de rendre visite à
l’hôpital au père de la nation Sud-africaine et au principal héros
national, Nelson Mandela. Certainement pour se faire encore plus de
publicité aux yeux du monde, mais également de ses propres concitoyens
américains, à l’heure où le pays de Madiba, l’Afrique et le monde entier
prient pour la guérison du héros de la lutte contre le régime raciste
d’Apartheid. Fort heureusement, cette visite n’aura pas lieu. Néanmoins,
Obama rencontrera la famille de Nelson Mandela et visitera
symboliquement l’île de Robben Island, où Mandela a été détenu durant 18
de ses 27 années d’emprisonnement, notamment « grâce » à la
participation très active de la CIA…
Après l’Afrique du
Sud, Obama effectuera une brève visite en Tanzanie, évitant ainsi une
visite au Kenya voisin, pays dont est originaire le père d’Obama,
probablement en raison des poursuites de la Cour pénale internationale
(CPI) à l’encontre de Uhuru Kenyatta et de William Ruto, respectivement
président et vice-président actuels du Kenya.
Cette
tournée africaine d’Obama aura été tout sauf une visite de courtoisie
mais bien le signe de la volonté étasunienne de contrer le poids et
l’influence chinoise en Afrique. Une mission dont le bilan est
visiblement un échec, car de moins en moins de gens ne se font
d’illusions sur les « changements »promis
par Obama au monde, ainsi que sur sa personnalité. La réponse du
président du Sénégal aux leçons d’Obama et surtout les manifestations
massives en Afrique du Sud ont clairement montré que l’Afrique préfère
de loin avoir affaire à des partenaires respectant sa souveraineté et sa
dignité. N
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