07 juillet, 2013

Snowden: Venezuela, Bolivie et Nicaragua défient les Etats-Unis


. © François Laplante-Delagrave En offrant publiquement l’asile à l’ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden, le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua défient une fois de plus ouvertement les Etats-Unis, avec lesquels ils entretiennent à la fois d’importants échanges économiques et des relations politiques tendues.
Le président bolivien Evo Morales est devenu samedi le troisième président latino-américain à se dire prêt à accueillir celui qui a révélé le programme américain secret de surveillance des communications mondiales, après le Vénézuélien Nicolas Maduro et le Nicaraguayen Daniel Ortega.
Pourtant, seul ce dernier avait effectivement reçu une demande d’asile de la part de l’ex-consultant de l’Agence de la sécurité nationale (NSA). Mais le président bolivien comme son homologue vénézuélien, successeur d’Hugo Chavez, sont généralement au premier rang lorsqu’il s’agit de défier la grande puissance continentale.
“En signe de protestation, je voudrais dire aux Européens et aux Nord-Américains : maintenant, nous allons accorder l’asile si cet Américain persécuté par ses compatriotes nous le demande. Nous n’avons pas peur”, a assuré Evo Morales.
La veille, Nicolas Maduro s‘était dit prêt à offrir “l’asile humanitaire au jeune Snowden pour le protéger de la persécution de l’empire le plus puissant du monde, qui s’est déchaînée sur lui”.
La réponse du président du Nicaragua Daniel Ortega, qui lui a effectivement reçu une demande d’asile, est plus modérée. Mais là où de nombreux pays contactés par Snowden avaient immédiatement signifié leur refus, il a tout de même affirmé que si les circonstances le permettaient, son pays recevrait Snowden “avec grand plaisir” et lui accorderait l’asile.
Les Etats-Unis ne se sont pas prononcés ouvertement, mais analystes et diplomates estiment que ces offres d’asile pourraient détériorer encore un peu plus les relations déjà tendues entre ces pays et Washington.
Le président bolivien, dont l’avion en provenance de Moscou s‘était vu cette semaine refuser l’autorisation de survol par quatre pays européens qui soupçonnaient qu’il puisse ramener Snowden, n’a pas exclu jeudi de fermer l’ambassade des Etats-Unis dans son pays – même si les Etats-Unis sont le troisième destinataire des exportations boliviennes, avec 1,76 milliard de dollars en 2012.
Au Venezuela, l’affaire Snowden survient alors que le gouvernement de Maduro était justement parvenu à un accord en juin avec Washington pour rétablir des relations diplomatiques normales, alors que les deux pays n’ont plus d’ambassadeurs depuis 2010.
Milos Alcalay, ancien vice-ministre des Affaires étrangères, voit dans la “diplomatie de l’insulte” de Maduro une menace pour cette normalisation.
“Le Venezuela peut recevoir Snowden, mais sans pour autant lancer une tempête d’insulte contre un pays, les Etats-Unis, qui a tout à fait le droit de le poursuivre pour ce dont il est accusé”, a-t-il expliqué à l’AFP.
“Si l’asile est accordé, cela paralysera certainement le processus de normalisation des relations avec les Etats-Unis, qui a pourtant été demandé par le Venezuela”, a commenté de son côté, à l’AFP, l’experte en relations internationales et professeur d’université Maria Teresa Romero.
Et cela pourrait également, souligne-t-elle, pousser Washington à réduire ses achats de pétrole vénézuélien. Les Etats-Unis sont actuellement le principal client du Venezuela, qui lui vent 900.000 barils de pétrole par jour.
D’ailleurs, le ministre des Affaires étrangères, Elias Jaua, s’est montré plus réservé que son président. Si Snowden décidait d’accepter leur offre d’asile, a-t-il déclaré, il faudrait encore “entrer en contact avec la Russie (et…) établir la position du gouvernement russe sur ce point” et il faudra ensuite “prévoir la route” lui permettant d’arriver jusqu’en Amérique latine.
Quant au Nicaragua, son président, tout en se disant prêt à recevoir Snowden, s’est gardé de grande rhétorique anti-américaine. Les Etats-Unis sont en effet le premier partenaire économique de son pays, qui lui vend 28% de ses exportations, et dont il reçoit chaque année environ 25 millions de dollars en prêts et dons.
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