03 juillet, 2013

Regain de tension entre Kaboul et Islamabad à propos des talibans


Le Pakistan et l’Afghanistan se sont affrontés à fleurets mouchetés mercredi, Kaboul accusant de nouveau son voisin de soutenir les rebelles talibans, signe d’un regain de tensions qui augure mal de la résolution du conflit afghan à 18 mois du retrait de l’Otan.
Cette passe d’arme est le dernier épisode en date de la séquence diplomatique agitée initiée il y a deux semaines par l’ouverture d’un bureau de représentation taliban à Doha (Qatar).
Un évènement historique, à l‘échelle de ce conflit de près de douze ans, salué par Islamabad et, au départ, par Washington, mais dénoncé par le gouvernement afghan, furieux de voir les rebelles envisager de discuter de paix directement avec ses alliés occidentaux, et non avec lui.
Kaboul accuse régulièrement Islamabad, qui fut le premier soutien des talibans lorsqu’ils étaient au pouvoir à Kaboul (1996-2001) et où nombre d’entre eux ont trouvé refuge après la chute de leur régime, de soutenir depuis leur rébellion pour défendre ses intérêts stratégiques dans la région, ce qu’Islamabad a toujours nié.
La mèche a été rallumée mercredi par le chef de l’armée afghane, le général Sher Muhammad Karimi, qui a estimé dans un entretien à la BBC que le Pakistan pourrait mettre fin à la guerre en Afghanistan en l’espace de “quelques semaines” s’il souhaitait véritablement la paix.
“Les talibans sont sous le contrôle” du Pakistan qui pourrait donc faire davantage pour promouvoir la paix, a-t-il dit, en estimant que le terrorisme pourra être éradiqué dans la région lorsque Islamabad sera “sincère” sur le sujet.
Quelques heures plus tard, le ministère pakistanais des Affaires étrangères a “catégoriquement rejeté” ces déclarations “provocatrices”.
“Les déclarations du chef de l’armée afghane à la BBC sont une nouvelle tentative de jeter l’opprobre sur le Pakistan”, a-t-il souligné.
“Le Pakistan s’est retenu ces derniers mois face aux provocations verbales des responsables civils et militaires afghans, sans mentionner leurs accusations montées de toute pièce”, a-t-il poursuivi, en ajoutant que cela ne l’empêchera pas de continuer à soutenir les efforts internationaux pour ramener la paix et la stabilité en Afghanistan.
Accusant à son tour certains éléments du gouvernement afghan de ne pas être sincères, Islamabad a enfin appelé les responsables afghans à s’abstenir dorénavant de lancer des accusations sans fondement et à consacrer tous leurs efforts à la paix
Pour le journaliste pakistanais et spécialiste du conflit afghan Rahimullah Yusufzai, Kaboul cherche avec ces accusations à masquer ses propres faiblesses à l’approche notamment des élections présidentielles prévues en 2014 qui s’annoncent fébriles et agitées, d’autant plus avec le retrait à la fin de cette même année de la grande majorité des 100.000 soldats de la force de l’Otan .
“Il y a un problème à l’intérieur même de l’Afghanistan. Un grand nombre d’Afghans n’acceptent pas plus leur gouvernement actuel que la présence militaire étrangère”, a expliqué à l’AFP M. Yusufzai, en relevant que “l’Afghanistan comme l’Occident pensent à tort que le Pakistan a le pouvoir de tout faire” dans la région, y compris avec les talibans afghans.
“Or si le Pakistan peut négocier” avec ces derniers “pour trouver une issue pacifique au conflit afghan, il ne peut pas leur dicter leur comportement”, note-t-il.
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