IRIB-Parfois, nous avons un peu le sentiment ...
..d’être quelque part entre le 20 mai et le 14 juin 1940, en pleine
débâcle militaire, quand le président du Conseil Paul Reynaud proclamait
en vain : "Je crois au miracle car je crois en la France". Ou bien,
avec le Général de Gaulle à Baden-Baden, un sinistre 29 mai 1968: "Tout
est foutu, Massu!" Tous les ingrédients du désastre sont en effet réunis
: une épouvantable catastrophe économique, une phénoménale impuissance
politique, la tragédie du déchirement de la société française. Qui est
responsable ? Une classe dirigeante qui depuis le début des années 1980,
par aveuglement et instinct grégaire, a précipité le pays dans une
double fuite en avant : la bruxellisation, c’est-à-dire le placement
sous tutelle rigide des nations européennes et la suppression de leurs
frontières au profit d’une grande ouverture et d’une fragmentation de la
société. La dissidence a été peu à peu réduite à néant. Les grandes
voix isolées et prophétiques se sont tues en particulier, en France,
celles de Philippe Séguin, décédé après avoir été marginalisé, et de
Jean-Pierre Chevènement, quasi-disparu. Toute contestation du processus
s’est trouvée diabolisée et neutralisée par la création de puissants
partis repoussoirs auxquels le système politico-médiatique renvoie toute
velléité de contestation. Les rares voix lucides, dans ce pays, sont
placées sous l’éteignoir médiatique : Nicolas Dupont-Aignan, Jacques
Myard, Thierry Mariani… Bref, tout paraît bloqué, verrouillé, cloisonné.
"Garder espoir", n’est-ce qu’une formule de convenance, à laquelle plus
personne ne croit ? On se dit, avec André Tardieu, que "rien de ce qui
est humain n’est définitif" (pardon, je me souviens avec certitude
l’avoir lu, mais je n’ai pas noté la référence), ou bien avec Napoléon, à
Sainte Hélène "La force de l’inconnu est incommensurable" (Las Casas).
Bref, il reste forcément de l’espoir, quelque part masqué derrière le
caractère imprévisible, erratique de l’histoire, comme dans toutes les
situations qui paraissent les plus désespérées, même s’il est
impalpable, invisible aujourd’hui, sauf pour les naïfs ou les victimes
de manipulation.
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