01 juillet, 2013

Près d'un quart des Russes (23%) sont contre une séparation de la Tchétchénie de la Russie

Kommersant

Près d'un quart des Russes (23%) sont contre une séparation de la Tchétchénie de la Russie et une partie d’entre eux approuvent même les méthodes "musclées" auxquelles le pouvoir a recours pour maintenir l'intégrité territoriale du pays, indiquent les experts du centre Levada cités lundi par le quotidien Kommersant. Selon les sociologues, les citoyens ne perçoivent pas pour autant la Tchétchénie comme un territoire russe – en raison de ses "mœurs particulières".
Un récent sondage du centre Levada montre que 24% des Russes sont "favorables" à une séparation éventuelle de la Tchétchénie de la Russie, alors que 27% "ne seraient pas très impressionnés" par un tel évènement. 13% sont prêts à "accepter" l'indépendance de la Tchétchénie bien qu'ils ne l'apprécient pas. Il est notable que 13% des personnes sondées estiment que la sécession de la Tchétchénie est déjà un fait accompli. 10% soulignent la nécessité d'empêcher la séparation de la république par tous les moyens disponibles, y compris militaires.
"Des tirs pendant les mariages, des informations concernant des représentants des forces de l’ordre tchétchènes opérant dans d'autres régions du pays, le comportement des Tchétchènes dans les villes russes - tout cela provoque l’angoisse de la population", estime Alexeï Grajdankine, directeur adjoint du centre Levada. Selon lui, la xénophobie va croissant et les Russes sont tentés de créer une "barrière" entre eux et tout le Caucase du Nord. Les citoyens perçoivent toujours la Tchétchénie comme une "bombe à retardement" et pas comme "une partie de la Fédération de Russie".
"Les personnes interrogées y voient un territoire avec une gestion propre et un ordre très particuliers, ce qui donne l'impression que les organismes fédéraux ne le contrôlent pas", conclut-il.         
"Les normes du droit russe ne sont pas appliquées en Tchétchénie - Ramzan Kadyrov est le tsar et le dieu de la république. C’est pour ça que les citoyens perçoivent ce territoire comme étranger à la Russie, estime Valeri Solovei, professeur à l'Institut d'Etat des relations internationales de Moscou. Selon les Russes, les habitants du Caucase du Nord bénéficient de privilèges infondés, ne respectent pas les lois russes et imposent leurs propres règles".   
Valeri Rachkine, député communiste et vice-président du comité de la Douma (chambre basse du parlement russe) pour les affaires de nationalité, explique les résultats du sondage par "la politique nationale lancée dans les années 1990". Il affirme que le jugement du quart des Russes favorables à une sécession de la Tchétchénie est "totalement erroné" car les deux peuples "ont vécu dans l'amitié pendant des siècles", alors qu'aujourd'hui on voit une "régression à l’âge des cavernes". D'après lui, la guerre en Tchétchénie et la décrédibilisation de l'amitié entre les Russes et les peuples caucasiens - ces derniers ayant "exploité la charité russe" - se sont traduites par la volonté de certains citoyens de se séparer du Caucase du Nord. "La politique nationale actuelle nous mène vers un effondrement et il faut donc la changer", juge Valeri Rachkine.  
Selon le centre Levada, 28% des citoyens russes estiment que les fonds fournis aux républiques du Caucase du Nord sont "majoritairement volés", tandis que 21% sont sûrs que cet argent est utilisé d'une manière "moins efficace" que dans d'autres régions. "Ces suspicions de détournement ne sont pas du tout liées à l’image renvoyée par les chaînes de télévision fédérales : elles sont toujours fortes, notamment s'il s'agit de sommes considérables et des projets de grande envergure", conclut Alexeï Grajdankine.

fr.rian.ru

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