08 juillet, 2013

Pourquoi l'UMP peut faire faillite

Le Monde
L'UMP a lancé la "grande souscription nationale", le 4 juillet au soir, et a jusqu'au 31 juillet pour trouver 11 millions d'euros.

L'UMP a jusqu'au 31 juillet pour trouver 11 millions d'euros. S'il veut éviter le scénario catastrophe, le parti doit rembourser à temps un emprunt – contracté essentiellement auprès de la Société générale – pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

  • Combien le parti a-t-il déjà récolté ?
La "grande souscription nationale", lancée par l'UMP le jeudi 4 juillet au soir, marche fort. Lundi matin, l'UMP affirmait avoir collecté près de 2,2 millions d'euros, en comptant les seuls paiements par carte bancaire sur le site. Le parti pense totaliser bien plus lundi soir, une fois reçus les chèques des grands donateurs par courrier. Mais si les dons affluent dans les premiers jours de collecte grâce à l'appel à la mobilisation de M. Sarkozy, le rythme risque de s'essoufler, craint-on à l'UMP. Les vacances scolaires peuvent avoir un effet démobilisateur.
  • Sarkozy peut-il être amené à payer la facture ?
Oui, car l'ex-président s'est porté caution solidaire du prêt de 11 millions d'euros, que le parti doit rembourser à une banque au 31 juillet. Dans un scénario catastrophe, M. Sarkozy pourrait donc être potentiellement amené à rembourser lui-même la somme manquante, si le parti ne parvenait pas à rembourser l'intégralité du prêt et faisait faillite.
M. Sarkozy met lui-même la main à la poche. "7 500 euros maximum, il ne peut donner plus", précise-t-on à l'UMP. Avec M. Copé, ils multiplient les coups de fil pour convaincre les grands donateurs de contribuer au "Sarkothon".
Chaque Français peut participer à la souscription, sachant que les dons des particuliers ne peuvent pas dépasser 7 500 euros par personne et par an. Des micropartis, dont les versements ne sont pas limités, ont prévu de donner. C'est le cas de Génération France – club du président de l'UMP, Jean-François Copé – et de l'association des Amis de Nicolas Sarkozy. S'ajoutera à cela, le produit des collectes dans chaque fédération.
  • L'affaire va-t-elle coûter à l'Etat ?
Oui, car chaque contribution ouvre le droit à une réduction d'impôts "égale à 66 % des sommes versées, dans la limite de 20 % du revenu imposable", précise les services de l'Etat. Le contribuable pourrait donc potentiellement prendre en charge plus de 7 millions d'euros sur les 11 millions.
  • Une faillite de l'UMP est-elle possible ?
Oui, la menace de faillite est réelle. Le mot est prononcé par un connaisseur du dossier à l'UMP. "Il ne faut pas s'y tromper : les enjeux sont énormes", prévient-il. Si l'UMP n'a pas rassemblé les 11 millions au 31 juillet, elle négociera un report du remboursement avec la banque concernée. "Si la banque ne veut rien savoir et veut absolument les 11 millions à la fin du mois, c'est à ce moment-là que l'on pourrait être mis en faillite, redoute un cadre de l'UMP. Le parti pourrait alors suspendre son activité pour se concentrer sur le remboursement."
  • Pourquoi la situation est-elle si critique ?
La situation se révèle périlleuse pour l'UMP, car elle n'a pas d'économies de côté. Au contraire. Le parti compte 44 millions d'euros de dettes, en dehors du prêt de 11 millions à rembourser pour la campagne de M. Sarkozy. Pour revenir à l'équilibre fin 2016, il doit rembourser 11 millions d'euros par an à quatre banques, à qui il a emprunté 55 millions d'euros en juillet 2012 pour assurer ses dépenses de fonctionnement.
Le parti totalise près de 35 millions de recettes annuelles, avec 21 millions de dotation publique et 14 millions provenant des dons et des cotisations payées par les adhérents et les élus. C'est nettement moins que lors de la précédente mandature. De 2007 à 2012, le budget annuel de l'UMP s'élevait à 54 millions d'euros.
En 2012, le financement public a été ramené de 35 à 21 millions d'euros à cause de la défaite aux élections législatives de juin, qui a envoyé 120 députés UMP au tapis. L'UMP a donc perdu près de 14 millions d'euros de dotation publique.
  • Quelles sont les conséquences de la perte des 11 millions sur l'UMP ?
Pour rassurer les troupes, M. Copé assure que des licenciements ne sont pas à prévoir parmi les 92 salariés à temps plein du parti. Le siège de l'UMP ne devrait pas non plus être revendu car il reste le principal actif du parti et sert de garanties aux emprunts. Il a coûté 40 millions d'euros (20 millions pour l'achat et 20 millions pour les travaux) en 2010 et a été financé en majeure partie par un emprunt de 32 millions d'euros contracté sur une période de 13,5 années.
"La gestion va être encore plus rigoureuse dans le cadre d'un plan de redressement. Nous allons encore devoir faire des économies", explique M. Copé, sans préciser sur quelle ligne de dépense. Personnel, locations de salles, frais d'hôtellerie... Pour sortir ses comptes du rouge, l'UMP réalise déjà des économies dans tous les domaines depuis plusieurs mois.

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