12 juillet, 2013

L’Europe menacée par le terrorisme solitaire?

Nezavissimaïa gazeta

Pour la première fois, le Royaume-Uni a évoqué une menace sérieuse liée à la chute éventuelle du président syrien Bachar al-Assad, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta du 12 juillet 2013.
Les armes chimiques pourraient tomber entre les mains des terroristes, ce qui serait très dangereux pour les pays européens. Telle est la conclusion du rapport du comité parlementaire pour le renseignement et la sécurité.
"Il existe un risque sérieux qu'une partie des stocks syriens d'armes chimiques puisse tomber entre les mains des terroristes. Dans ce cas-là les conséquences seraient catastrophiques", indique ce texte parlementaire. Les services de renseignement britanniques considèrent la possession d'armes chimiques par les groupes radicaux syriens comme "la menace terroriste la plus inquiétante pour la Grande Bretagne".
L'éventualité d’une utilisation d'armes chimiques en Europe s'explique par le fait que les islamistes syriens comptent dans leurs rangs des membres issus des pays européens : "Ils ont acquis du savoir-faire et de l'expérience, ce qui augmentera considérablement la menace terroriste quand ces personnes reviendront chez elles". Le "terrorisme solitaire" constitue un problème particulièrement préoccupant car les activistes isolés sont beaucoup plus difficiles à démasquer qu'un groupe. Selon les services de renseignement, Al-Qaïda préfère actuellement recourir à des radicaux agissant de leur propre chef - l'époque du terrorisme de groupe touche à sa fin.
Ces derniers jours le sujet des armes chimiques en Syrie est revenu au premier plan des discussions. La Russie a présenté à l'ONU des preuves selon lesquelles ce ne sont pas les autorités mais les opposants qui ont utilisé des substances toxiques lors d'une attaque près d'Alep le 19 mars 2013. L'ONU discutait de ce crime depuis fin mars mais n'arrivait pas à trouver le coupable. Paris a annoncé que l'analyse des échantillons prélevés sur le terrain a prouvé l'usage de ces armes par le gouvernement. La commission onusienne des violations des droits de l'homme a quant à elle établi qu'il s'agissait probablement d’actions des rebelles, comme l’a reconnu sa porte-parole Carla del Ponte. Les Etats-Unis et la Grande Bretagne ont rejeté la responsabilité sur les troupes gouvernementales sans pourtant présenter de preuves convaincantes. Les diplomates iraniens ont évoqué des preuves contre les insurgés mais personne n'est prêt à faire confiance à Téhéran, qui soutient ouvertement le régime de Damas.
Enfin Vitali Tchourkine, représentant permanent de la Russie auprès de l'ONU, a déclaré le 9 juillet : "Je viens de transmettre au secrétaire général l'analyse des échantillons prélevés par les experts russes à Khan al-Assal, près d'Alep. Les résultats d'analyse démontrent clairement qu'il s'agit d'une ogive de production non-industrielle contenant du gaz sarin. La substance qui a servi de charge d'explosif n'est pas utilisée dans des munitions ordinaires. On a donc toutes les raisons de supposer que ce sont les combattants de l'opposition armée qui ont utilisé ces armes chimiques à Khan al-Assal". Tchourkine a notamment souligné que la production de missiles non-guidés Bashair-3 a été lancée en février par le groupe Bashair al-Nasr, qui fait partie de l'Armée syrienne libre (ASL).
Le porte-parole de l'ASL Louay al-Mokdad a accusé la Russie de fraude : "La déclaration de la partie russe est fausse et fabriquée de toutes pièces. Les opposants n'ont aucune envie de porter la responsabilité de la violation de la "ligne rouge" d'Obama au lieu d'al-Assad. Les insurgés ont invité les spécialistes onusiens en Syrie, promettant de garantir leur sécurité".
Les Etats-Unis examinent ce rapport depuis le 10 juin. Jennifer Psaki, porte-parole du département d'Etat, accompagne ce travail de reproches : "La Russie bloque constamment les efforts du Conseil de sécurité visant à obtenir pour l'ONU un accès en Syrie afin de mener une enquête". Hier, il s'est avéré qu'une mission onusienne se rendra à Damas à l'invitation d'al-Assad, la date exacte du déplacement étant toujours inconnue.
Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, s'est servi de toute son influence et son éloquence : "Nous avons transmis une sélection complète de documents comprenant plus de 80 pages. Elle contient notamment des photos et des indications concrètes de coordonnées géographiques, de procédures et de résultats. Nous garantissons que ces échantillons ont été prélevés et conservés en permanence par les experts avant d’arriver au laboratoire". Cela correspond parfaitement aux exigences de l'ONU en matière d'interdiction des armes chimiques. Ni Paris, ni Londres, ni Washington n'ont présenté de preuves aussi convaincantes. Moscou n'exclut pas une publication ouverte de ces documents si le secrétariat de l'ONU donnait son aval.

fr.rian.ru

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