La Russie et l’Afrique malgré la distance et les mers qui les séparent, ont eu depuis l’époque soviétique des relations très amicales et même cordiales parfois. Des milliers d’étudiants africains ont fait leurs études en Russie pour rentrer ensuite dans leurs pays natals en tant que spécialistes qualifiés. La Russie n’a jamais refusé de livrer à ses amis africains ses technologies et son équipement. Après la chute de l’URSS la coopération entre nos deux Continents a été pour un moment considérablement réduite. Mais aujourd’hui quand nos économies prennent de l’essor, on doit devenir encore plus proche qu’auparavant. Cette idée a été évoquée plusieurs fois lors du forum économique Oural-Afrique qui s’est tenu le 11-12 juillet à Ekaterinbourg, ville russe candidate à l'Exposition Universelle 2020. Le forum Oural - Afrique, qui se passe sur le terrain de l'exposition industrielle internationale Innoprom 2013 a accueilli plus d’une centaine de délégués haut placés de 40 pays africains ainsi que des représentants du gouvernement et des hommes d’affaires russes. Le forum a été également visité par le Premier ministre russe Dmitri Medvedev qui a déclaré que la Russie pourrait intensifier considérablement sa coopération commerciale et économique avec les pays du Continent africain tout en estimant que les relations entre l'URSS, et puis la Russie, avec l’Afrique avaient " résisté à l'épreuve du temps ". Le Premier ministre russe a également indiqué que " les échanges avec les pays du Continent africain augmentent, ils se chiffrent déjà à des dizaines de milliards de dollars ". Le président du Comité du Conseil de la Fédération pour les affaires internationales, Mikhaïl Marguelov, quant à lui, a remarqué que « l'attitude de la Russie envers la souveraineté et l'indépendance a une importance décisive pour les pays africains ».Il a souligné« que la Russie et les pays africains ont une approche similaire à propos d'un ordre mondial juste, du bien et du mal».
En deux jours dans le cadre du Forum économique à Ekaterinbourg se sont tenues de nombreuses conférences et tables rondes consacrées aux perspectives de la coopération économique entre la Russie et l’Afrique. Un des participants de ce grand événement, Monsieur Anicet Gabriel Kotchofa, l’Ambassadeur du Bénin en Russie, a aimablement consenti à accorder une interview à La Voix de la Russie.
LVdlR : Monsieur l’Ambassadeur, le forum Oural-Afrique qu’est-ce qu’il est pour vous ?
Anicet Gabriel Kotchofa : Vous savez que depuis des années l’Union soviétique et la Russie ont toujours été un partenaire privilégié pour l’Afrique. Après l’effondrement de l’Union soviétique la Russie a pratiquement disparu de l’Afrique. Des pays comme la Chine, l’Iran, l’Irak et la Turquie et le Brésil ont commencé à jouer le rôle très important sur le Continent. Aujourd’hui la Russie revient en Afrique. Le premier forum comme le forum que nous avons aujourd’hui et que nous avons appelé « Oural-Afrique » n’est pas le premier pas, le premier contact qui nous permet de voir ce que nous pouvons faire en Afrique, ce que nous pouvons faire ensemble. Aujourd’hui il est clair que la Russie a besoin de l’Afrique, il est clair que l’Afrique, elle aussi a besoin de la Russie. La Russie n’a jamais eu une colonie en Afrique. La Russie qui pendant des années n’a fait qu’aider l’Afrique en lui formant des cadres, en construisant des usines, en instaurant des relations très amicales et politiques avec l’Afrique. Aujourd’hui nous avons commencé par l’Oural. Le choix de l’Oural ce n’est le hasard. Quand nous parlons de la Russie, c’est toujours les plus grandes régions qui sont les plus importantes. Il n’est pas un secret que la Russie est en train de vouloir y localiser l’Exposition mondiale en 2020. Et Ekaterinbourg avec des villes comme São Paulo, comme Izmir et Dubaï, prétende aussi à la localisation de cette Exposition. Le Forum donc nous a permis de voir pour la plupart de nous ce que c’est Ekaterinbourg, de voir les possibilités, les dispositions qui sont prises et de pouvoir en novembre essayer d’aider Ekaterinbourg à gagner cette Expo. Nous avons été là, il y a eu beaucoup de personnes qui sont intervenues. Nous avons fait le tour d’horizon et nous sommes venus à la conclusion que et la Russie, et l’Afrique, nous devons conjuguer des efforts pour changer ce monde, pour avoir un partenariat gagnant-gagnant. L’émotion a été assez élevée. Les discours de chacun tendaient vers une union, une collaboration assez franche.
Aujourd’hui le programme est clair. Il faut que la Russie continue de former les cadres pour l’Afrique. Il faudrait que la Russie nous aide avec les hautes technologies et qu’elle puisse accompagner l’Afrique en lui offrant la technologie. La Russie a besoin de ressources minières de l’Afrique. Il est vrai que la Russie a ses propres ressources minières mais il faut que les usines de la Russie travaillent. Donc les usines de la Russie peuvent servir pour transformer des ressources minières de l’Afrique. Nous en Afrique nous avons les ressources minières mais nous n’avons pas la technologie. La Russie, elle a des technologies et des ressources minières qui ne suffisent pas, c’est vrai. Aujourd’hui la Russie aide le Continent africain à aller entièrement vers la Chine, l’Iran, le Brésil, vers l’Inde. Nous avons compris que la Russie est prête à revenir en Afrique. Les usines abandonnées, les chantiers abandonnés, la Russie est prête à venir vers l’Afrique et les pays BRICS le veulent aussi. En acceptant l’Afrique du Sud ces pays ont voulu avoir un pont vers le Continent africain. Nous allons profiter aussi de la présence de l’Afrique du Sud au sein des BRICS pour pouvoir nouer un partenariat réel avec ces pays. Bien que les intérêts soient différents, nous pensons quand même qu’aujourd’hui la Russie est prête à accompagner l’Afrique dans son développement dans les années à venir.
LVdlR : Quant à la coopération entre la Russie et le Bénin, quelles perspectives voyez-vous ?
Anicet Gabriel Kotchofa : Je vous assure que l’Union soviétique et la Russie ont formé et pour mon pays le Bénin, un pays qui n’a que 9 millions d’habitants, plus de 2500 cadres. Aujourd’hui dans tous les ministères on parle la langue russe et on n’a pas besoin d’un interprète. Dans tout le temps la Russie et le Bénin ont eu des rapports de coopération assez étroits. Aujourd’hui en étant ambassadeur je crois que je dois tout faire pour renforcer les relations d’amitié qui existent entre nos deux pays. Je suis très convaincu que la Russie reste un partenaire assez privilégié pour le Bénin. Il n’y a plus aucun pays au monde, ni les pays métropoles comme la France et les Etats-Unis, aucun pays ne peut rivaliser avec la Russie.
Je suis heureux que j’aie fait mes études ici en Russie, je suis heureux de connaitre la mentalité, les traditions et la culture russes. Je suis fier de connaitre le pays dans lequel je suis aujourd’hui nommé comme ambassadeur, je sais que ce pays a beaucoup de potentialité et cette potentialité pourrait être mon pays.
LVdlR : Est-ce qu’il y a la possibilité de conclure des contrats au cours du Forum ?
Anicet Gabriel Kotchofa : Nous avons rêvé que ce forum soit d’une dimension beaucoup plus grande. Nous avons même compris que nous n’avons pas eu assez de temps pour bien former ce forum. Mais le Forum Oural-Afrique n’a été que forum de reconnaissance et d’exploration. Nous avons vu l’Oural et nous avons compris les possibilités qu’a l’Oural. Nous avons compris que les technologies innovatrices que vous avez ici, peuvent servir à l’Afrique. Mais là nous devons retourner dans nos pays respectifs. Nous les ambassadeurs nous retournons à Moscou, nous allons rencontrer un autre différent gouvernement et nous les dirons ce que nous avons vu en Oural, nous les expliquerons ces possibilités qu’il y a dans cette région. Et comme j’ai proposé aujourd’hui, nous allons finir par organiser un sommet « Russie-Afrique », sommet auquel les présidents africains viendront participer. Au cours de ce sommet on aura la possibilité de signer des contrats. Pour le moment nous avons pris connaissance de toutes les possibilités. Si nous sommes intéressés par ces technologies, je crois que nous les ambassadeurs nous allons revenir pour signer ces contrats-là.
Merci Monsieur l’Ambassadeur !

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