Cependant, les manifestants n'ont pas l'intention de céder. Les désordres apparaissent à tout moment dans différents coins du pays.
Il était difficile de s’imaginer que les plans d’abattre les arbres dans un des parcs d’Istanbul se transformeraient en une vague de protestations politiques dans toute la Turquie. Cependant, le prétexte pour le mécontentement, loin d’être le plus scandaleux, a révélé un tas de problèmes, qui germaient depuis longtemps dans la société turque. L’un des principaux, c’est le rejet brutal de la politique islamiste du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan. On peut aujourd'hui répartir les habitants de Turquie en deux camps hostiles, trouve l'expert du Centre des études analytiques Semion Bagdasarov :
« 15-20 millions, ce sont des Alawites qui s’opposent à l'islamisation, particulièrement après qu'Erdogan ait commencé à construire des mosquées sur leur territoire. Une partie considérable de la population est tout simplement contre. Aux élections, cinquante pour-cent de la population ont voté pour lui. Mais il y a aussi l’autre moitié, ceux qui trouvent l'islamisation inadmissible ».
Cependant, une série d'experts croit que même ce problème – ce n’est qu’un prétexte pour l'influence extérieure sur les processus politiques intérieurs en Turquie. Selon le président exécutif de la Société de coopération efficace avec les pays arabes Viacheslav Matouzov, la vague actuelle des désordres en Turquie – c’est une sorte de prévention pour Erdogan de la part de ses partenaires occidentaux :
« Ici, sont liés les moments de la lutte intérieure, mais aussi quelques facteurs extérieurs, qui ont mis en marche ce mécanisme historique avec quelques autres objectifs politiques. Erdogan n’a pas suivi totalement les consignes des États-Unis et de l'OTAN en ce qui concerne la Syrie. On demandait de lui une participation plus active de l'armée turque aux événements syriens, la proclamation du nord de la Turquie la zone interdite aux vols jusqu'à cinquante kilomètres en profondeur du territoire de la Syrie et l'utilisation plus active des forces armées turques pour le soutien des groupements militarisés d'opposition, envoyés activement en Syrie depuis le territoire de la Turquie ».
De plus, comme le marque Viacheslav Matouzov, en utilisant la Turquie comme l'avant-poste proche-oriental global de « l’implantation de la démocratie », les Américains utilisent la possibilité de tester une fois de plus leur arme politique dans la société turque :
« Ils se sentent parfaitement bien en Turquie, où travaillent non seulement des spécialistes militaires, mais aussi des technologues politiques, ils coopèrent activement avec l'opposition syrienne, qui a trouvé le refuge à Istanbul et effectue la radiodiffusion sur toutes les chaînes de télévision arabe pour la Syrie. Et le séjour des Américains en Turquie permet d'utiliser les technologies politiques modernes, la tactique des « révolutions oranges » et du « printemps arabe », pour influencer les processus en cours sur le territoire de la Turquie ».
Très probablement, les événements actuels en Turquie est un châtiment pour Erdogan pour son activité insuffisante de la promotion de la politique américaine au Proche-Orient, supposent les experts. Et en outre, le châtiment frappera plus tard le parti qui est au pouvoir aujourd'hui en Turquie – Parti de la justice et de développement. Comme l’a marqué Viacheslav Matouzov, les émotions en Turquie se prolongeront pendant encore quelque temps et n'entraîneront pas de victimes massives. Cependant, aux élections législatives qui auront lieu dans deux ans, la population turque, selon toute apparence, se souviendra des événements de juin de 2013 et laissera le parti avec un résultat décevant.

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