21 juin, 2013

L’amour franco-russe est éternel

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C’était à Paris il y a seulement quelques semaines, l’histoire aurait pu être écrite pour faire un scénario de film, pourtant la vie est souvent plus riche que la fiction. Les Russes diraient que ces histoires ne peuvent arriver qu’à Paris, le fait est que celle-ci eut pour décor la capitale du monde, du moins celle de l’amour.

A l’heure où les médias français cherchent sans vergogne à écorner peu ou prou la Russie, il est parfois bon de lire une histoire de douceur et de tendresse, une histoire d’amour, une vraie histoire d’amour.
A La Voix de la Russie, nous aimons ces histoires, mais qui ne pas les aimerait pas ! Il y a quelques mois, nous exhumions une histoire d’amour entre un vétéran russe des maquis, Nicolaï Vasenin et Jeanne, fille du capitaine de sa compagnie. C’était il y a 69 ans… sur fond de libération de la France. Cette fois-ci, l’histoire est nettement plus banale dans son contexte, mais tellement attachante et belle qu’elle mérite assurément quelques lignes. Les amoureux ont souhaité rester anonymes, aussi nous les appellerons Alexis et Geneviève. Comme toutes les histoires de retrouvailles, elle débuta par un heureux hasard, incarné par la personne de Bruno, Français et polyglotte qui se trouvait à cette heure réceptionniste d’un hôtel 4 étoiles dans le centre de Paris.
Bruno, la trentaine, avait étudié à Moscou en 2011 dans le célèbre institut Pouchkine, institut d’Etat de la langue russe. Après plusieurs postes et un passage à Londres, il se trouvait en repos ce jour-là et comme beaucoup d’autres, Français et étrangers, ses pas le conduisirent près du célèbre musée du Louvre, le plus grand et le plus prestigieux musée du monde. Grâce à ce pouvoir d’attraction culturel, une histoire d’amour devait se retrouver étrangement exhumée. C’est en arrivant sur un pont, près de l’ancien palais qu’intrigué, Bruno vit un vieil homme très élégant qui semblait perdu et interloqué. S’approchant, il fut surpris d’entendre ce personnage s’exprimer en russe et demander « qu’est-ce que c’est ?». « C’est le Louvre » lui répondit Bruno entamant ainsi une belle conversation, malgré son russe imparfait.
C’est ainsi qu’Alexis débuta le récit de son histoire. Il n’était jamais venu à Paris de toute sa vie, mais il avait rencontré 41 ans auparavant, en 1972, une jeune Française dans la capitale russe, Moscou. Cette femme avait été son premier amour, et c’est avec émotion que le vieil homme sur ce trottoir près du Louvre se mit à évoquer cette jeune fille qui avait tant compté pour lui. Il avait sur lui des photos ainsi que des poèmes qu’il avait composés spécialement pour elle à cette époque. La démarche de cet homme, arrivant à Paris tant d’années après sans rien connaître de la destinée de cette femme, mais rêvant de la croiser au détour des rues de la capitale, toucha profondément Bruno qui décida de s’enquérir et de rechercher cette femme. Il n’avait qu’un nom et de vagues informations.
Ces recherches ne furent pas très longues, après avoir guidé Alexis quelques heures dans les allées du musée, Bruno ayant pris les coordonnées du vieil homme et connaissant dès lors le lieu où il était descendu à Paris, se dépêcha de commencer des recherches sur Internet via les réseaux sociaux. Le temps était compté puisqu’Alexis n’était à Paris que pour quelques jours. Mais la chance souvent est un puissant allié de l’amour ! C’est ainsi que Bruno ne tarda pas à découvrir sa fille et une cousine. C’est par cette dernière qu’ayant obtenu le numéro de téléphone de Geneviève, Bruno eu l’audace d’appeler et de raconter sa rencontre. Geneviève avait été mariée à deux reprises mais se retrouvait seule. La veille, incroyable hasard, elle avait effectué à Paris où elle résidait, sa dernière journée de travail, sa vie de retraitée pouvait commencer. Qui ne rêverait pas d’une telle histoire, au moment où le crépuscule d’une vie commence et où les années sensées être les plus riches et les plus douces de l’existence sont déjà passées ?
Très émue par le récit de Bruno et par la démarche d’Alexis, Geneviève accepta immédiatement de rencontrer le vieux monsieur et rendez-vous fut pris… devant l’entrée du Louvre. La première rencontre eut lieu entre Bruno et Geneviève un peu en retrait du musée et c’est ensemble qu’ils se dirigèrent vers la fameuse et gracieuse pyramide. Le vieux monsieur, nous pouvons le croire, était déjà sur place depuis un bon moment, l’émotion qui devait étreindre ces deux êtres devait être assurément extraordinaire. Alexis portait un énorme bouquet de 41 roses et se trouvait entouré d’hôtesses qui ne comprenaient rien à la présence de ce monsieur ne parlant pas le français, de surcroît avec cet imposant bouquet entre les mains. Ayant appelé à la rescousse une hôtesse d’origine russe, l’histoire fut bientôt connue de l’assemblée. L’une d’elle émue fondit en larmes.
Il ne fallut pas longtemps pour que les appareils photos crépitent autour des retrouvailles et que les deux amoureux se voient dotés d’une entrée gratuite pour le musée. Ils avaient toutefois d’autres choses à faire à cet instant, que de déambuler au milieu des œuvres d’art du monde entier. C’est naturellement que Bruno les accompagna jusque dans une brasserie toute proche où il fit encore un moment l’interprète entre les deux tourtereaux… avant de s’éclipser poliment afin de les laisser poursuivre et continuer une histoire d’amour interrompue 41 ans plus tôt à cause des difficultés de l’époque. Malgré la distance, malgré les années, malgré les chances quasiment inexistantes de retrouver Geneviève dans une ville comme Paris, ou même en France dans le pays tout entier, Alexis lui, y avait cru. Il y avait cru assez pour prendre un billet d’avion pour Paris et se rendre en France pour 15 jours afin de retrouver cette femme qui se tenait devant lui à cette heure… dans un café de Paris.
Nous pouvons penser certes que l’âme et le cœur de Bruno furent également un puissant vecteur, mais la vérité de cette histoire est que l’amour donne véritablement des ailes, de l’espoir et que jamais, même après tant d’années, l’amour ne peut être totalement détruit. Dans les souvenirs, dans les replis de l’esprit et du cœur, il reste toujours quelque chose qui à la moindre éclaircie, au moindre rayon de soleil, à la moindre petite pluie providentielle peut, refleurir. L’amour est éternel, c’est le sens de toute vie, l’amour franco-russe, lui, est encore plus que cela. N

french.ruvr.ru

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