28 juin, 2013

Iran: des espoirs et des attentes après l‘élection de Rohani


. © Mikhail Klimentyev Le président iranien élu Hassan Rohani va devoir s’atteler rapidement à l’immense tâche du rétablissement de l‘économie, minée par les sanctions internationales, et du dialogue avec l’extérieur pour répondre aux espoirs des électeurs qui l’ont élu dès le premier tour.
Navid Fathi, un dirigeant d’une société informatique, affirme à que l‘élection de M. Rohani l’a “rempli d‘énergie”.
Désormais, il espère “voir du changement” avec la levée de certaines sanctions imposées par l’ONU, et renforcées par un embargo pétrolier et bancaire de l’Union européenne et des Etats-Unis, pour contraindre Téhéran à suspendre son programme nucléaire controversé.
Les grandes puissances réunies au sein du groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) soupçonnent l’Iran, malgré ses dénégations, de vouloir se doter de la bombe atomique sous couvert de son programme nucléaire civil.
“Les professionnels doivent pouvoir dialoguer avec le monde, nous avons besoin de matériel, d‘échanges de données et de transactions financières”, explique Navid Fathi.
Même s’il vient du sérail, M. Rohani, qui va prêter serment le 3 août après avoir été élu le 14 juin, incarne “le changement” attendu par les Iraniens, après huit ans de présidence de Mahmoud Ahmadinejad marquée par la confrontation avec les grandes puissances.
Trois jours après son élection, M. Rohani a promis “plus de transparence” dans le dossier nucléaire afin de restaurer la “confiance mutuelle” dans les négociations avec les grandes puissances, dans l’impasse depuis plusieurs mois. Il a toutefois réclamé la reconnaissance des droits nucléaires de l’Iran.
M. Rohani, 64 ans, connaît le dossier pour avoir mené les premières négociations avec les pays européens lorsque le programme d’enrichissement d’uranium de Téhéran avait été révélé au début des années 2000. L’Iran avait alors suspendu son programme et autorisé les inspections internationales sur ses sites nucléaires.
Pendant la campagne, M. Rohani s‘était également abstenu de toute rhétorique ou affrontement verbal avec l’Occident, appelant au contraire à un gouvernement “de l’espoir et de la sagesse”.
Décisions “pratiques” et “raisonnables”
Mais pour le rédacteur en chef d’un quotidien de Téhéran, qui souhaite rester anonyme, la tâche de M. Rohani est d’autant plus dure que les attentes sont fortes.
“Nous avons vu la réaction semi-positive du monde (à l‘élection de M. Rohani) mais il doit y répondre par des décisions pratiques et pas par des sourires”, estime-t-il.
Il espère aussi voir “plus de fond dans les articles comme nous l’avons vu lors des débats télévisés pendant la campagne quand la question du nucléaire a été ouvertement discutée”.
“Une personne saine d’esprit prend des décisions raisonnables qui ont une influence sur nos vies et M. Rohani est sain d’esprit”, souligne le dessinateur de presse Jamal Rahmati.
“J’espère qu’il va améliorer la situation des médias et permettre une plus grande liberté”, ajoute-t-il, alors que la presse est sévèrement encadrée par la censure.
Le candidat Rohani avait notamment plaidé pour la liberté de la presse afin de lutter contre la corruption.
Les Iraniens attendent surtout une amélioration de la situation économique du pays, qui connaît un taux officiel d’inflation de plus de 30%, une poussée du chômage et une chute de la valeur du rial de près des deux tiers.
“Je veux que les prix baissent pour que mes clients arrêtent de râler sur la cherté de la vie”, lance Siamak, qui tient un mini-supermarché dans l’ouest de la capitale.
La remontée du rial, qui a repris 15% face au dollar en une semaine, est considérée comme l’un des premiers signes d’amélioration, même si les changeurs notent un effet d’aubaine.
Et pour parfaire cette semaine d‘élection, les Iraniens sont descendus dans la rue une seconde fois le 18 juin pour fêter la qualification de leur équipe nationale pour la Coupe du monde 2014 de football au Brésil.
“Depuis que je suis là, je n’avais vu qu’une fois les Iraniens fiers comme lors de ces deux journées. C‘était en 2011 quand le réalisateur Asghar Farhadi a remporté l’Oscar du film étranger avec +Une séparation+”, dit un diplomate en poste à Téhéran.
Pour Hossein, un chauffeur de taxi de 55 ans, l’espoir se lit tout simplement sur les visages. “Mes passagers sont plus calmes et plus souriants”, dit-il.
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