Créée officiellement le 1er juillet 2002
sous l’impulsion de l’ONU, après la ratification par suffisamment
d’Etats du Statut de Rome adopté le 17 juillet 1998, la Cour Pénale
Internationale (CPI) est une juridiction internationale permanente et
universelle ayant pour objectif louable de réduire l’impunité des
individus et non des Etats responsables de génocide, de crime contre
l’humanité, de crime de guerre et de crime d’agression, et de promouvoir
ainsi par la prévention, la dissuasion et la répression le respect
universel des droits de l’homme, notamment par les dirigeants
politiques.
Sur les 193 Etats membres de l’ONU, la
CPI compte actuellement 122 Etats membres, c’est-à-dire 122 Etats ayant à
la fois signé et ratifié le Statut de Rome, et répartis au CPI par
groupes d’Etats. Le groupe de loin le plus important est celui des Etats
d’Afrique, fort de 34 Etats membres sur les 54 constituant l’Union
Africaine, suivi du groupe de 27 Etats d’Amérique Latine et des
Caraïbes, du groupe de 25 Etats d’Europe Occidentale et autres Etats
occidentaux, du groupe de 18 Etats d’Europe de l’Est, et enfin du groupe
de 18 Etats d’Asie et du Pacifique.
Cependant, compte tenu des
nobles objectifs affichés de la CPI, il est curieux que les Etats-Unis
d’Amérique, qui se veulent le champion mondial de la défense des droits
de l’homme aient refusé jusqu’à ce jour de ratifier le Statut de Rome
qu’ils ont pourtant accepté de signer, tout comme l’ont fait la Russie
et Israël qui n’ont pas la même prétention de démocratie et de donneur
de leçons de droits de l’homme. Il n’est pas étonnant que la plupart des
pays asiatiques, en particulier arabes, en commençant par la Chine et
l’Inde, qui comme la Russie n’ont pas la même prétention évoquée, se
soient abstenus jusqu’à ce jour de signer le Statut de Rome, en
invoquant essentiellement la raison de la souveraineté de leurs Etats,
et son corollaire la non ingérence étrangère politique, humanitaire et
surtout occidentale dans leurs affaires intérieures.
Compte tenu des nobles
objectifs affichés de la CPI, le plus curieux, c’est que parmi la
trentaine de personnes inculpées par la CPI depuis sa création jusqu’à
ce jour, dont une petite dizaine sont actuellement détenus à la CPI, il
n’y a que des Africains, alors qu’en plus des deux dernières guerres
mondiales, les guerres récentes en Irak, en Afghanistan, en Côte
d’Ivoire et en Libye confirment l’accusation portée contre l’Europe par
Aimée Césaire dans son « Discours sur le colonialisme » et que nous
pouvons actualiser en disant que « l’Occident est comptable devant la
communauté humaine du plus grand tas de cadavres de l’histoire ».
C’est ce constat de curiosité,
d’incompréhension et d’indignation qu’a déjà formulé le 29 juin 2012
Jean Ping, alors président de la Commission de l’Union Africaine, lors
du 17è Sommet des chefs d’Etat de l’UA à Malabo, en Guinée Equatoriale
en déclarant : « On a l’impression que la Cour Pénale Internationale ne
vise que les Africains. Cela signifie-t-il que rien ne se passe par
exemple au Pakistan, en Afghanistan, à Gaza, en Tchétchénie ? Ce n’est
pas seulement en Afrique qu’il y a des problèmes. Alors pourquoi n’y
a-t-il que des Africains qui sont jugés par cette Cour?».
C’est ce même constat qu’à
l’unanimité les Chefs d’Etat et de gouvernement africains ont tenu à
exprimer le 27 mai 2013 à l’issue du sommet du 50-ème anniversaire de la
création de l’Organisation de l’Unité africaine, par la déclaration
suivante de leur porte-parole, le Président en exercice de l’Union
Africaine et Premier Ministre de l’Ethiopie, Hailemariam Desalegn :
«Lors de la création de la CPI, l’objectif était d’éviter toutes sortes
d’impunités, mais désormais le processus a dégénéré en une sorte de
chasse raciale que nous n’acceptons pas. (…). Je pense donc que la CPI
doit bien voir qu’elle ne devrait pas pourchasser (que) des Africains,
(…). 99% des inculpés de la CPI sont Africains, cela montre donc que
quelque chose est biaisé au sein du système de la CPI et nous contestons
cela».
Quant à nous, nous estimons que
cette situation présente de la CPI est d’autant plus inacceptable qu’en
plus du mépris de la souveraineté des Etats africains à la faveur de
l’ingérence politique et humanitaire occidentale dans les affaires
intérieures africaines qu’ont déjà refusé les Etats asiatiques, il
s’agit là d’une humiliation supplémentaire des Africains à la face du
monde, qui réveille en eux le traumatisme de la déportation de leurs
ancêtres dans les « camps d’extermination » de l’esclavage tant
occidental qu’oriental par des « trafiquants d’être humains», dont des
descendants s’érigent de nouveaux de nos jours en bourreaux des
Africains.
Au nom de la dignité et du
bien-être des Africains qu’ils ont la charge sacrée de cultiver et de
défendre, nous demandons donc aux Chefs d’Etat et de gouvernement
africains de tenir compte de la position des Etats-Unis d’Amérique, de
la Russie, de la Chine, et de l’Inde pour retirer sans tarder leurs
Etats de la CPI.
Au nom de l’exigence éthique
authentiquement africaine et multimillénaire de la Maât, c’est-à-dire
« le Bien, la Vérité, la Justice, l’Harmonie, etc. », pour atteindre le
plus tôt possible en Afrique le noble objectif de la CPI concernant
l’impunité des crimes de génocide, crimes contre l’humanité, des crimes
de guerre et des crimes d’agression tout en préservant la dignité des
Africains aux yeux du monde, nous leur demandons également de
concrétiser dans les meilleurs délais le projet de la « Cour Pénale
Africaine » appuyée par la future « la Force de Réaction Rapide » dans
l’attente de la future « Force Africaine en Attente », en complément de
la « Cour de Justice Africaine » et de la « Cour Africaine des Droits
Humains et des Peuples », qui constitueront ainsi les bases historiques
des institutions juridiques des futurs « Etats-Unis d’Afrique ».
Nous vous en remercions.
Fait à Pantin, le 3 juin 2012
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