Les
spectaculaires casses des agences de la Banque centrale des Etats de
l'Afrique de l'Ouest (Bceao) font le buzz sur la toile depuis 48h.
A
la faveur de la visite effectuée par le président de l'Assemblée
nationale, Guillaume Soro, au Sénégal la semaine dernière, un site
sénégalais a exhumé l'affaire. On se souvient qu'un an après
l'éclatement de la rébellion en septembre 2002, soit en 2003, les
agences de la Bceao de Bouaké puis Korhogo et Man avaient été braquées
par des rebelles d'alors. L'on avait spéculé sur les sommes faramineuses
sorties des coffre-forts des différentes agences. La Banque elle-même
n'avait pas communiqué au grand public, le montant exact emporté lors de
ces attaques.
Au
Sénégal où le leader de l'ex-rébellion, Guillaume Soro, était en visite
la semaine dernière, le dossier des casses de la Bceao a fait et fait
encore grand bruit. C'est que des journalistes sénégalais s'y étaient
intéressés au point de mener des investigations, ayant abouti à des
accusations portées contre l'ancien président Abdoulaye Wade.
Selon
eux, l'ex-chef de l'Etat sénégalais était trempé dans l'affaire en
permettant aux auteurs des casses de blanchir leur butin à Dakar.
1O38 MILLIARDS VOLES
S'agissant des billets sortis des coffre-forts, l'on avance maintenant la faramineuse somme de 1038 milliards de F. CFA. « Une
évaluation complète du préjudice causé à la Banque centrale a été
faite. Les montants dérobés dans les trois agences s’élèvent à 1038
milliards de FCFA. Cet argent a d’abord été placé au Burkina Faso, base
arrière de l’ex-rébellion, avant d’être convoyé au Sénégal en avion», rapporte en effet le site d'information sénégalais derniereminute, cité par Koaci.ci.
L'argent
volé aurait été blanchi avec des complicités au plus haut sommet du
gouvernement sénégalais d'alors et la direction de la Bceao. «Parce
que, sans la complicité de la BCEAO elle-même, il était impossible de
blanchir cet argent qui a été par la suite injecté dans le circuit», croit
savoir le confrère, qui ajoute que ce trésor a été investi dans
l'immobilier, la restauration et l'hôtellerie au Burkina Faso et dans
bien des pays africains et même au Brésil, où certains auteurs de ces
casses se sont offert des ranchs.
Le
confrère avance par ailleurs que, suite à une enquête promise par
Charles Konan Banny, gouverneur de la Bceao à l'époque, toutes les
personnes impliquées dans ce coup fumant ont été listées, mais l'affaire
est restée sans suite. «Dix ans plus tard, on a vu les résultats.
Les cerveaux de ces attaques n’ont jamais été inquiétés et aucune
communication n’a été faite sur les pertes causées à la banque», note le site sénégalais.
Et
pourtant, l'ancien chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, avait déposé à
l'époque des faits, une plainte contre X, après avoir reçu le rapport
que lui avait adressé la ''mission exploratoire'', suivie de la
''mission pluridisciplinaire'' dépêchée par Banny sur les lieux en son
temps. C'est du moins ce que rapportait Jeune Afrique dans son édition
du 20 décembre 2003.
DES CHEFS D'ETAT DANS LE COUP
Mais,
ces poursuites judiciaires sont restées sans suite. A l'époque, la
France, rapporte pour sa part le confrère ''L'Eléphant déchaîné'', avait
voulu faire arrêter tous les cerveaux des attaques, mais des chefs
d'Etat, dont les pays ont tiré parti du fruit de ces casses, n'ont pas
voulu s'associer à l'initiative des autorités françaises, au risque de
se mettre en difficulté. Dix ans après ces braquages, le dossier ne
semble pas être sorti des esprits. Au Sénégal où l'affaire avait conduit
à des poursuites contre un journaliste et un homme politique du nom de
Amath Dansoko, sous le régime d'Abdoulaye Wade, le dossier des casses de
la Bceao est loin d'être rangé au placard.
La
preuve, dans une interview accordée il y a quelques jours au site
sénégalais seneweb, Amath Dansoko est revenu sur ses accusations quant
au rôle joué par les anciens dirigeants sénégalais dans cette affaire. «Je
maintiens que l’argent a été blanchi ici à Dakar. Le ministre des
Finances ivoirien de l’époque l’a dit ici, et personne n’a protesté. Il
(Ndlr. : Wade) s’acharnait contre Banny (Ndlr. : ancien directeur de la
banque) (…). Lors d’une conférence de presse à Dakar, Banny a dit qu’il
ne sait pas si demain il sera encore vivant, évoquant une menace de
mort, mais nous savons que de hautes autorités ont blanchi l’argent de
Bouaké et Korhogo et nous rendrons la liste publique dans quelques
jours. Dès le lendemain, Abdoulaye Wade est allé s’agenouiller devant
lui pour le supplier de ne pas le faire», a notamment déclaré ce ministre d'Etat dans le gouvernement Malick Sall.
Assane NIADA
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