IRIB-La coalition de l’opposition extérieure de la Syrie réitère,....
... à partir d’Istanbul, son exigence de réaliser par Genève II ce
qu’elle n’a pu obtenir par l’insurrection. Elle croit avoir beaucoup
concédé en acceptant que la conférence se réunisse pour consacrer le
départ d’El Assad au lieu de se réunir après ce départ. Moaz El Khatib,
bon prince, propose même au président syrien de prendre une suite de
cinq cent personnes et de quitter la Syrie, certainement par un de ces
couloirs humanitaires que rêvait la France de Sarkozy dans sa superbe,
sans lui garantir d’immunité contre une éventuelle action devant la
justice internationale. En clair Moaz El Khatib met les pieds dans le
plat et offre à un chef d’état laïc et plutôt moderne l’Aman Moyenâgeux
des traditions bédouines qui constituent le fond de sa « pensée
politique», alors qu’il est censé porter avec la caution française un
projet de république citoyenne moderne. Ne cherchez pas dans la presse
meanstream française une quelconque interrogation sur ces curieux
mariages – c’est le cas de le dire depuis Taubira – entre le boniment
démocratique de Fabius et les fantasmes bédouins ressuscités dans la
tête de chefs avouant leur inféodation à des Emirats et des royaumes
moyenâgeux.
La coalition a promptement refusé la largesse « royale » de Moaz El
Khatib. Elle risquait de faire croire aux miliciens et aux mercenaires
un manque de fermeté et de détermination de la part de l’opposition «
cinq étoiles », comme l’appellent désormais les syriens, en référence
aux fastes de leur vie dans les grands hôtels. Les dirigeants de la
coalition savent d’instinct et d’expérience que ces « révolutions »
enveloppées dans le langage et dans les motivations religieuses ne se
reconnaissent que dans l’ultime et impossible identité de la politique à
la religion. Par nature, les groupes islamistes, eux, fonctionnent au «
plus radical » jusqu’à l’identité de l’acte humain à la prescription
divine. Derrière la rodomontade, toute discussion doit porter sur les
modalités du départ d’El Assad – et non sur la construction d’une autre
Syrie, qui de toutes les façons est en train de naître – se dessine
implacable la réalité de la défaite. Elle cherche à donner une
impression de toute puissance et de gains tangibles en demandant, en
exigeant comme préalable –en implorant en réalité – que le pouvoir
montre « la sincérité de ses intentions » par des « gestes simples »
comme « cesser le feu » unilatéralement, se retirer de « certaines
villes etc. Nous pouvons comprendre cette prolongation du « délire de la
victoire » chez des dirigeants syriens dont la survie politique est
désormais grevée par la réalisation du seul but politique formulé
jusqu’à présent, si on considère qu’il s’agit d’un but politique : le
départ d’El Assad. Plus ce but est contrarié, plus la politique, elle,
refait surface et avec elle la question soigneusement refoulée: Quelle
Syrie veulent les syriens ? Premier accroc, les quarante mille
djihadistes étrangers dont a parlé Lakhdar Brahimi, soixante quinze
mille selon d’autres sources, les huit cents djihadistes européens dont
parle la presse européenne, sont-ils concernés par la question et
qu’ont-ils à faire dans la conférence de Genève II et qu’ont-ils à en
faire ? La coalition ne peut espérer désarmer politiquement cette force
étrangère qui fait l’essence de la « révolution syrienne » qu’en
présentant à la masse considérable de miliciens syriens qui
s’agglomèrent autour d’eux, des victoires plus évidentes que celles d’El
Nosra, et donc au minimum l’expulsion de l’armée syrienne des «
certaines villes », c'est-à-dire Alep et Homs essentiellement. Les
sponsors de cette révolution –France, Angleterre, Qatar, Arabie
Saoudite, Israël en douce - hors les USA qui se sont rendus à la réalité
– subissent cette logique jusqu’au bout : ils ne peuvent réclamer ni
proclamer moins que les djihadistes : le départ d ‘El Assad. Et partant,
gêner les USA qui ne pourront qu’au prix de mille difficultés entraîner
leurs comparses à accepter la nouvelle réalité et réduire de l’ampleur
de la défaite.
Les américains, eux, méditeront longtemps ce principe de précaution en politique : « on peut rattraper un retard, jamais une avance ». Ils auraient quand-même besoin de fouiller dans les textes de Mao Tsé Toung pour se convaincre des bienfaits de l’autocritique même si, au fond, ils risquent de trouver à côté des vertus de cette méthode d’évaluation et d’espérance pour révolutionnaires cet axiome que dédaigne l’Hybris comme l’arrogance des puissants : « Nul rapport de force n’est immuable ».
Publié sur Reporters.dz
Les américains, eux, méditeront longtemps ce principe de précaution en politique : « on peut rattraper un retard, jamais une avance ». Ils auraient quand-même besoin de fouiller dans les textes de Mao Tsé Toung pour se convaincre des bienfaits de l’autocritique même si, au fond, ils risquent de trouver à côté des vertus de cette méthode d’évaluation et d’espérance pour révolutionnaires cet axiome que dédaigne l’Hybris comme l’arrogance des puissants : « Nul rapport de force n’est immuable ».
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