La
position française sur le dossier syrien montre le manque criant de
finesse et de connaissance par la diplomatie française des subtils
équilibres dans la région. Une incurie qui va finir par faire perdre à
la France son influence internationale qui était jusque-là sa force.
L'Union européenne vient de donner à ses membres le feu vert pour livrer des armes aux rebelles syriens. Crédit Reuters
L’Union européenne vient de
donner à ses membres le feu vert pour livrer des armes aux rebelles
syriens. Victoire diplomatique pour Paris et Londres qui le demandaient
instamment ? Bien au contraire, nos dirigeants font une fois de plus
dans cette affaire la preuve de leur inconséquence.
En
faisant au cours des derniers mois, au sujet de la Syrie, de la
surenchère sur la politique américaine elle-même, la France s’est en
effet marginalisée.
L’annonce il y a quelques
jours d’une conférence internationale sur la Syrie, avec la
participation du gouvernement Assad, dont le principe avait été négocié
directement entre les États-Unis et la Russie, a constitué un
camouflet pour la politique française et, plus largement, européenne qui
refusaient de traiter avec le chef d’État syrien.
Tenue
pour inexistante par les "grands", notre diplomatie aurait-elle voulu
se rattraper en se montrant plus irresponsable ? Rien n’est exclu.
Cette
surenchère s’était exprimée depuis plusieurs mois par la reconnaissance
du conseil national qui tient lieu de gouvernent provisoire des
rebelles, à la représentativité douteuse, et la volonté frénétique
d’armer la rébellion syrienne, deux positions que le présent Obama,
lui-même, avait refusé de prendre.
Cet accord direct entre Washington et Moscou, au nez et à la barbe des excités de Paris (et aussi de Londres), est-il nécessaire de dire que tout observateur un peu lucide de la scène proche-orientale pouvait le voir venir ?
Le
plus suffocant dans cette histoire est l’inculture diplomatique et
historique dont a témoigné la conduite de la politique française, signe
d’une grave dégénérescence de notre appareil politique et
diplomatique.
Notre projet d’armer la rébellion est en soi irresponsable dans une région qui est une véritable poudrière, surtout
si l’on considère que dans 0cette rébellion, les islamistes les plus
radicaux, Al Qaida compris, se trouvent en position hégémonique.
Certains de nos partenaires européens ne se sont pas privés de se
gausser mais ils n’ont pas réussi à bloquer le projet. Ajoutons que
notre position incompréhensible nous brouillait avec deux partenaires
naturels : la Russie et l’Algérie.
Irresponsable, la ligne politique française démontre aussi une triple ignorance.
1 L’oubli de la mission de La France au Proche-Orient
La première est celle de l’histoire de la présence française au Proche-Orient.
Même si nous sommes encore la 5e
puissance mondiale, rien ne nous fonderait à avoir un avis sur ce qui
se passe dans cette région si on ne faisait référence à l’histoire. De
grands pays, comme l’Allemagne, le Japon, la Chine, l’Inde ne s’y
impliquent guère et ne s’en portent pas plus mal.
La
France a eu un mandat de la SDN entre 1919 et 1945 pour administrer la
Syrie et le Liban. C’est ce qui justifie encore son intérêt. Mais ce
mandat est lui-même fondé sur le rôle de protecteur des chrétiens de
l’Empire ottoman que, dès le temps de François Ier, la France s’était
fait reconnaître par le sultan de Turquie. Napoléon III était intervenu
en Syrie en 1860 sur le même fondement.
atlantico.fr
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