29 mai, 2013

Le cas syrien ou la preuve éclatante de l’inconséquence de la diplomatie française

La position française sur le dossier syrien montre le manque criant de finesse et de connaissance par la diplomatie française des subtils équilibres dans la région. Une incurie qui va finir par faire perdre à la France son influence internationale qui était jusque-là sa force.

L'Union européenne vient de donner à ses membres le feu vert  pour livrer des armes aux rebelles syriens.
L'Union européenne vient de donner à ses membres le feu vert pour livrer des armes aux rebelles syriens. Crédit Reuters
L’Union européenne vient de donner à ses membres le feu vert  pour livrer des armes aux rebelles syriens. Victoire diplomatique pour Paris et Londres qui le demandaient instamment ? Bien au contraire, nos dirigeants font une fois de plus dans cette affaire la preuve de leur inconséquence.
En faisant au cours des derniers mois, au sujet de la Syrie, de la surenchère sur la politique américaine elle-même,  la France s’est en effet marginalisée.
L’annonce il y a quelques jours d’une conférence internationale sur la Syrie, avec la participation du  gouvernement Assad, dont le principe avait été négocié directement entre les États-Unis et la Russie, a constitué un camouflet pour la politique française et, plus largement, européenne qui refusaient de traiter avec le chef d’État syrien. 
Tenue pour inexistante par les "grands", notre diplomatie aurait-elle voulu se rattraper en se montrant plus irresponsable ? Rien n’est exclu.
Cette surenchère s’était exprimée depuis plusieurs mois par la reconnaissance du conseil national qui tient lieu de gouvernent provisoire des rebelles, à la représentativité douteuse, et la volonté frénétique d’armer la rébellion syrienne, deux positions que le présent Obama, lui-même, avait  refusé de prendre.
Cet accord direct  entre Washington et Moscou, au nez et à la barbe des excités de Paris (et aussi de Londres), est-il nécessaire de dire que tout observateur un peu lucide de la scène  proche-orientale pouvait le voir venir ?  
Le  plus suffocant dans cette histoire est l’inculture diplomatique et historique dont  a témoigné la conduite de la politique française, signe d’une grave  dégénérescence de notre appareil politique et diplomatique.
Notre projet  d’armer la rébellion est en soi irresponsable dans une région qui est une véritable poudrière, surtout si l’on considère que dans 0cette rébellion, les islamistes les plus radicaux, Al Qaida compris, se trouvent en position hégémonique. Certains de nos partenaires européens ne se sont pas privés de se gausser mais ils n’ont pas réussi à bloquer le projet. Ajoutons que notre position incompréhensible nous brouillait avec deux partenaires naturels : la Russie et l’Algérie. 
Irresponsable, la ligne politique française démontre aussi une triple ignorance.  
1 L’oubli de la mission de La France au Proche-Orient
La première est celle de  l’histoire de la présence française au Proche-Orient. 
Même si nous sommes encore la 5e puissance mondiale, rien ne nous fonderait  à avoir  un avis sur ce qui se passe dans cette région si on ne faisait référence à l’histoire. De grands pays, comme l’Allemagne, le Japon, la Chine, l’Inde ne s’y impliquent guère et ne s’en portent pas plus mal.
La France a eu un mandat de la SDN entre 1919 et 1945 pour administrer la Syrie et le Liban. C’est ce qui justifie encore son intérêt. Mais ce mandat est lui-même fondé sur le rôle de protecteur des chrétiens de l’Empire ottoman que, dès le temps de François Ier, la France s’était fait reconnaître par le sultan de Turquie. Napoléon III était intervenu en Syrie en 1860 sur le même fondement.


atlantico.fr

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