26 mai, 2013

Anciens ministres : la vie après Sarkozy

Ils sont devenus animatrice télé, avocat, chef d’entreprise… Quatre fidèles de l’ancien président nous racontent comment ils ont tourné la page.

Roselyne Bachelot
Roselyne Bachelot Christophe Meireis
Depuis la défaite de leur champion il y a un an, le 6 mai 2012, les sarkozystes sont orphelins. Sur les 32 membres du dernier de , vingt siègent au .
D’autres se sont repliés sur leur mairie, comme Alain Juppé à Bordeaux. Mais, pour certains, passé les six mois d’indemnités accordées aux anciens ministres – près de 14 000 euros brut par mois –, il a fallu trouver un travail.
Ils sont devenus avocats, chefs d’entreprise ou… animatrice télé. Ils ont dû s’inventer une nouvelle vie, réapprendre le quotidien sans chauffeur ni assistants.
En espérant le retour en politique de Nicolas Sarkozy ? Frédéric Lefebvre et Claude Guéant n’attendent qu’un signe de sa part pour se mettre en ordre de bataille.
« Il est clair qu’il s’intéresse à la vie du pays », glisse le second, ancien ministre de l’Intérieur, déjà prêt à « tout faire pour faciliter sa victoire ».
Mais Franck Louvrier, ex-conseiller en communication de Sarkozy, a tourné la page, comme Roselyne Bachelot, qui s’agace de l’incertitude entretenue par l’ancien président.
Son « ombre » pèse sur la droite comme « le fantôme de la République qui vient visiter ce château hanté qu’est devenue l’UMP », peste-t-elle. « Qu’il dise clairement ce qu’il veut faire ! »
Roselyne Bachelot : « J’ai décidé de ne pas me casser la gueule »
2007-2010. Ministre de la Santé et des Sports
2010-2012. Ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale
2013. Animatrice télé du « Grand 8 », sur D8
« La politique, disait Clemenceau, c’est comme un hamac : on a beaucoup de mal à grimper dedans. Une fois qu’on y est, on est ballotté de droite à gauche et on se casse la gueule en sortant. »
Roselyne Bachelot part dans un grand éclat de rire : « Moi, j’ai décidé de ne pas me casser la gueule ! »
Sa sortie, l’ex-ministre de la Santé l’a soigneusement préparée. Elle l’a programmée il y a dix ans déjà. Parce que « les vieux messieurs en politique, c’est triste, mais les vieilles dames, c’est pathétique. »
A 66 ans, Roselyne Bachelot s’est donc lancée dans une carrière inattendue d’animatrice télé au sein de l’émission « Le Grand 8 », sur D8. Contactée en juin dernier par Laurence Ferrari, elle n’a pas hésité longtemps.
Pas question pour elle de revivre la dépression qu’elle a connue en 2004 en quittant le ministère de l’Ecologie du gouvernement Raffarin.
Priée de vider son bureau en vingt-quatre heures – « c’est très violent » –, elle traverse alors une « période d’agoraphobie ». « J’ai mis plusieurs semaines à reprendre le métro, à sortir dans la rue, à vivre une vie normale », se souvient-elle.
Aujourd’hui, elle « s’éclate ». Brandissant fièrement sa carte de transport, elle assure ne récolter dans le métro que des sourires et, parfois, cette question intimidée : « “C’est vous ?” Je réponds : ”Oui, c’est moi” », s’esclaffe-t-elle.
Son chauffeur et ses assistants ne lui manquent pas. « C’était aussi une énorme contrainte. Combien de fois mon cabinet a annulé des rendez-vous personnels, pourtant inscrits sur mon agenda, pour telle réunion importante, telle urgence… »
Désormais, elle apprécie de « marcher toute seule dans la rue ». Et d’acheter ses sous-vêtements… sans la présence embarrassante du garde du corps.
Roselyne Bachelot, qui gagne plus qu’au gouvernement, a conscience d’agacer ses anciens collègues avec son nouveau métier. Parce que « cela dit de façon explicite à la classe politique : “C’en est fini des carrières à vie”. »
Elle y voit aussi du « machisme ». « Je suis la protégée de Fillon, je dois tout à Sarkozy, dit-on. Mais j’ai existé avant eux ! Je ne suis pas une favorite dans le harem sur laquelle le doigt du sultan se pose ! »
Elle entend poursuivre sa route librement, quitte à brouiller les lignes. Cette « journaliste politique d’opinion » autoproclamée a gardé sa carte à l’UMP. Mais elle s’est fixé une règle de « déontologie » : réprimer la femme politique en elle quand elle reçoit des élus.
Elle participera aux prochains scrutins internes et échange des SMS avec son « ami » François Fillon. Et après ? Pourquoi pas une autre émission, la sienne peut-être. « J’ai déjà des propositions. Beaucoup. »
Claude Guéant : « J’ai enfin compris ce qu’était la vie d’un Français »
2007-2011. Secrétaire général de l’Elysée
2011-2012. Ministre de l’Intérieur
2013. Avocat
Une plaque sur la porte – « Guéant avocats » –, un bureau d’à peine dix mètres carrés au style dépouillé et une magnifique vue sur… le mur de l’immeuble d’en face.
La nouvelle vie professionnelle de Claude Guéant n’est pas vraiment « bling-bling ». L’ancien bras droit de Nicolas Sarkozy a enfilé la robe d’avocat le 19 décembre dernier, fort d’un 18/20 à l’examen de déontologie.


Claude Guéant
Il reçoit dans les locaux exigus du cabinet qu’il vient d’ouvrir avec son fils François, tout près des Champs-Elysées. Sa spécialité : le « conseil en stratégie ».
A 68 ans, il dit n’avoir pas envisagé une seconde de prendre sa retraite. Habitué aux journées de travail entamées à 6 heures pour s’achever à minuit, il en avait pourtant rêvé.
« Je me disais : ce sera formidable, je pourrai voyager, écouter de la musique, lire… Le premier dimanche de ma liberté retrouvée, j’ai lu, écouté de la musique… Et je me suis dit : “Ah non, c’est pas possible !” »
Entre sa nouvelle activité professionnelle et ses nombreuses interventions dans les médias, Claude Guéant admet dormir un peu plus, caresse l’idée d’écrire ses Mémoires et consacre davantage de temps à ses petits-enfants, qui l’ont même traîné au cinéma.
Pour cet ancien préfet,qui fréquente depuis plus de quarante ans les palais de la République, le retour à la ‘‘vraie vie’’, amorcé le 6 mai 2012, a tout d’une aventure.
Décrocher son téléphone pour prendre ses rendez-vous avec les clients, utiliser un ordinateur : il lui a fallu tout réapprendre.
« J’ai toujours été aidé dans ma vie professionnelle, souligne-t-il. J’avais des collaborateurs autour de moi, y compris pour les aspects les plus matériels de la vie, comme prendre un billet de train ou d’avion… Et, du jour au lendemain, je me suis retrouvé absolument seul ! »
Alors, forcément, « la première fois que j’ai dû prendre un rendez-vous à l’hôpital, j’ai enfin compris ce qu’était la vie d’un Français. Parce que c’est pas si facile ! Les gens sont jamais là, on vous renvoie d’un poste à l’autre… »
L’ex-ministre de l’Intérieur a tout de même conservé quelques privilèges : il a toujours un chauffeur et un garde du corps, et aurait très bien pu appeler le médecin en question sur son portable privé.
Mais il assure savourer cette plongée dans le quotidien des Français : « C’est très, très intéressant de partager la vie des gens ! »
La politique ? Après son échec aux législatives à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), il jure qu’on ne l’y reprendra plus. Avec le recul, cette élection « était une affaire plus compliquée que je ne le pensais », confie-t-il.
Mais l’homme veut « être utile » à la « reconquête » de 2017. Si Nicolas Sarkozy, qu’il voit régulièrement, décide de revenir, il sera là.
Franck Louvrier : « Je l’ai suivi jusqu’à l’Elysée, que faire de plus ? »
2007-2012. Conseiller en communication de Nicolas Sarkozy
2013. Président de Publicis Events
Le président, désormais, c’est lui. Patron de l’agence de communication Publicis Events depuis septembre dernier, Franck Louvrier, ombre de Nicolas Sarkozy pendant quinze ans, jure avoir tourné définitivement la page.


Franck Louvrier
Pourtant, à la demande de son ancien patron, c’est bien l’ex-conseiller en communication qui a organisé la riposte des proches de Sarkozy après sa mise en examen dans l’affaire Bettencourt.
Dans son bureau de Suresnes (Hauts-de-Seine), seule une photographie avec Barack Obama rappelle le temps d’avant. La politique, « j’ai toujours su que ce ne serait pas toute ma vie ».
Alors, en 2011, il prévient Sarkozy : même en cas de victoire, il s’en ira. « Je l’ai suivi de la mairie de Neuilly à l’Elysée. Qu’est-ce que j’aurais pu faire de plus après ? »
A 44 ans, il n’a « pas du tout le sentiment d’avoir décéléré », même si, désormais, il peut aller à l’opéra sans l’angoisse d’être injoignable. Les privilèges du pouvoir ne lui manquent pas.
« J’avais refusé le chauffeur, la voiture ou le logement de fonction. Il ne faut surtout pas s’y habituer. Ça permet de garder la tête sur les épaules. » C’est donc à moto qu’il a quitté l’Elysée. « Comme j’y étais arrivé le premier jour », souligne-t-il.
Avec Sarkozy, Franck Louvrier a conservé une « relation amicale », débarrassée des liens hiérarchiques. Pour son anniversaire, le 28 janvier, il lui a offert une édition du Tour du monde en quatre-vingts jours (de Jules Verne). « Maintenant, chacun part pour son propre voyage. »
Frédéric Lefebvre : « La politique reste ma vie »
2010-2012. Secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme, des Services, des Professions libérales, et de la Consommation
2013. Avocat
Café le Bourbon, près de l’Assemblée nationale. Frédéric Lefebvre discute avec le ministre socialiste Pierre Moscovici.


Frédéric Lefebvre
Ancien secrétaire d’Etat au Commerce, cet ultra-sarkozyste s’est retrouvé sans mandat national après sa défaite aux législatives, en juin dernier. Il a donc repris ses activités d’avocat d’affaires dans un cabinet parisien. Sereinement.
« Certains vivent la politique comme un moyen de subsistance. Ils vous disent : “Il faut que je sois investi, parce que sinon je ne peux pas vivre.” Je n’ai jamais été dans cette situation. Mais je n’ai jamais imaginé faire autre chose. La politique, c’est ma vie », martèle-t-il.
Quinze jours après sa défaite, il crée un cercle de réflexion, Nouveaux horizons, et repart sillonner sa circonscription des Français de l’étranger, l’Amérique du Nord. Il est en lice pour les législatives partielles des 25 mai et 8 juin.
A 49 ans, Frédéric Lefebvre, qui dit avoir « la niaque », va retenter sa chance plus tôt que prévu.

leparisien.fr

1 commentaire:

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