Le
président de la Guinée participe, avec de nombreux dirigeants
africains, au sommet de l’Union africaine qui s’est ouvert dimanche 26
mai à Addis-Abeba, en Ethiopie, faisant suite aux festivités marquant le
cinquantenaire de cette organisation.
Au micro de RFI, Alpha Condé revient sur les réalisations de ce
continent. Parmi elles, l’indépendance. Il évoque aussi ses
insuffisances, comme assurer la paix et la sécurité.
RFI : Quelle est la part des rêves du jeune Alpha Condé d’il y a cinquante ans qui est réalisée aujourd’hui ?
Alpha Condé : L’indépendance, parce qu’au moins il y
a deux choses : la fin de la colonisation et la fin de l’Apartheid.
Malheureusement, l’autre rêve, c’était l’unité africaine, mais elle
n’est pas encore réalisée. Mais je ne désespère pas.
L’une des grandes insuffisances est au niveau de la paix et
de la sécurité. L’Afrique a toujours besoin d’anciennes puissances
coloniales comme la France pour se protéger, comme au Mali et au Niger.
Quand cela va-t-il finir ?
C’est un peu trop fort de dire que l’Afrique a besoin de grandes
puissances pour se protéger. C’est vrai que c’est une honte pour nous
que cinquante ans après, on soit obligés d’applaudir la France. Mais il
est évident que si le président Hollande n’était pas intervenu, c’était
la catastrophe pour l’Afrique de l’Ouest, parce que ce n’est pas
seulement le Mali qui a été déstabilisé.
Nous sommes très reconnaissants au président Hollande. Mais je pense
que nous avons tous été un peu humiliés que l’Afrique n’ait pas pu
résoudre ce problème. Et je pense que ça va peut-être amener un sursaut
des chefs d’Etat africains, pour qu’on trouve le moyen de résoudre les
problèmes africains nous-mêmes, surtout sur le plan militaire.
Au Niger, il a eu de graves attentats jeudi dernier. Est-ce
que vous ne craignez pas une extension de la guerre à l’ensemble du
Sahel ?
J’espère que non ! Mais c’est évident que des attentats sont
possibles, des attentats ou bien des gestes désespérés. Mais je ne pense
pas que la guerre puisse s’étendre. Parce que j’avais prévenu qu’il
faut s’attendre à la deuxième guerre, que la première guerre, celle pour
délivrer le Mali, ne serait pas difficile. Mais la deuxième guerre,
celle du Sahara, évidemment, sera beaucoup plus longue.
En Guinée, les législatives sont prévues le 30 Juin, mais
l’opposition n’ira pas, puisqu’elle ne s’est pas inscrite sur les listes
de candidats. Comment sortir de ce blocage ?
Je me suis battu pendant quarante ans pour la démocratie. Pendant ce
temps, c’est les opposants aujourd’hui, qui gouvernent le pays, et on
sait dans quel état (il) se trouve. Mon ambition, c’est que l’élection
soit libre, transparente, et qu’elle se passe dans les meilleures
conditions. Maintenant, chacun est libre d’aller aux élections ou de ne
pas aller !
Le porte-parole du gouvernement a dit que tout était négociable, y compris la date des élections.
Je ne crois pas qu’il ait dit ça. Moi je n’ai pas entendu ça. Mais
nous, nous sommes ouverts à la discussion. Nous sommes pour le dialogue.
Pas pour la violence.
Est-ce que vous souhaitez que l’opposition aille à ces législatives ou pas ?
Mais si on crée un parti, c’est pour participer à des élections ! Le
président Alassane Ouattara a dit qu’ils (ses partisans) ont boycotté
les élections en 95 et qu’il regrette. Donc pour moi, il est préférable
que tout le monde aille aux élections. Mais maintenant, on ne peut pas
obliger quelqu’un à y aller.
Mais comme vous le dites, vous êtes ouvert au dialogue. Ce dialogue est-il possible aussi sur l’opérateur de ces élections ?
Je pense que le problème de l’opérateur est dépassé depuis très
longtemps, parce que tous les experts reconnaissent qu’il a fait son
travail.
Selon plusieurs observateurs, il n’est pas sûr que la Céni,
la Commission électorale, soit prête pour le 30 juin. Est-ce qu’il ne
faut pas envisager un report de quelques semaines ?
Cela regarde la Céni. C’est la Céni qui a organisé les élections, ce
n’est pas moi. C’est à la Céni à décider si elle peut ou pas.
C’est-à-dire que la date du 30 juin n’est pas ferme et définitive ?
Je vous dis : cela relève de la Céni. Moi je n’ai pas à faire de
commentaires sur la date. J’ai pris un décret. C’est la Céni qui a
organisé les élections, c’est elle qui doit dire si elle peut le faire
le 30 ou pas. Ce n’est pas mon rôle.
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