19 septembre, 2012

Compaoré: conditions pas réunies pour une intervention armée au Mali

PARIS - Le président du Burkina Faso Blaise Compaoré a estimé mercredi à Paris que les conditions n'étaient pas réunies pour une intervention armée ouest-africaine dans le nord du Mali, occupé par des islamistes armés, en rejetant la responsabilité sur les autorités de Bamako.

Il y a eu une requête en ce sens des autorités maliennes mais les conditions qui accompagnent cette requête font qu'il est impossible pour la Cédéao aujourd'hui d'être de façon efficace sur le terrain, a déclaré à la chaîne de télévision France 24 le président burkinabé, médiateur pour le conflit malien de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).

Pour l'instant, le problème est à Bamako, a-t-il insisté, au lendemain d'un entretien avec le président français François Hollande. Bamako souhaite avoir des troupes de la Cédéao mais ne souhaite pas les avoir dans le sud du pays, par exemple à Bamako, ce qui est impossible, a-t-il dit.

Il a invoqué la nécessité pour une éventuelle force d'intervention de disposer d'un aéroport, d'une antenne médicale, de transmissions mais aussi d'un dispositif qui permette d'éviter que les mouvements armés puissent par des infiltrations déstabiliser Bamako.

On peut regretter que malgré l'engagement et la détermination de la communauté internationale et l'entière disponibilité de la Cédéao, le processus de sortie de crise au Mali manque de souffle, a encore dit M. Compaoré. Il manque un leader actuellement dans ce processus du côté du Mali, a-t-il insisté.

La Cédéao, qui prépare depuis plusieurs mois le déploiement de 3.300 soldats, a dû revoir ses projets qui prévoyaient de sécuriser à Bamako le régime de transition, mis en place en avril à la faveur d'un accord entre la Cédéao et les putschistes qui avaient renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré.

Dans sa demande d'aide, formulée début septembre, le président malien de transition Dioncounda Traoré a en effet pris soin de préciser que le déploiement de forces militaires combattantes est sans objet à Bamako, conformément au voeu de l'ex-junte militaire.

Les autorités maliennes ont invité les troupes ouest-africaines à apporter un soutien logistique et aérien, ainsi qu'une participation au maintien de l'ordre, une fois les villes du Nord reconquises.

Aucune date n'a été fixée pour le début d'un éventuel engagement militaire ouest-africain, qui passe également par le vote d'une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies.

En attendant, M. Compaoré a une nouvelle fois défendu la poursuite d'un dialogue avec certains groupes du nord du Mali, en particulier les Touareg indépendantistes du MNLA et les islamistes d'Ansar Dine, avec lesquels, a-t-il dit, nous avons eu des contacts.

Il y a des Maliens qui demandent l'indépendance, il y a des Maliens qui veulent la charia. Comme ailleurs, on discute d'abord pour voir si on peut les intégrer dans la République, si on peut limiter ces revendications extrêmes, parfois extrémistes, a-t-il déclaré.

Il a en revanche prôné une attitude de fermeté immédiate envers les autres groupes armés, également présents au nord du Mali, à savoir Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).


(©AFP / 

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