24 avril, 2012

UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU : Et si on remettait tout à plat ?

La vérité rougit les yeux et les larmes qui en coulent n’ont pas pour but de les crever, mais de les nettoyer. Sidzabda s’est posé des questions quand il a appris que Blaise Compaoré, le président du Faso, a été élevé au rang de Grand-croix de l’Ordre international des Palmes académiques du CAMES. On reconnaît donc son mérite pour ce qu’il a fait et continue de faire pour le bien de l’enseignement supérieur au Burkina et en Afrique. De multitudes interrogations ont éclaté comme un feu d’artifice dans ma caboche. Mais j’ai fini par trouver une réponse à mes questions (que de nombreux étudiants du Faso ont dû se poser) : cela doit être politique. Oui, de la politique dans la science.
Politique, puisqu’à l’Université de Ouagadougou, par exemple, les étudiants prennent les cours assis sur des briques qu’ils délaissent pour aller s’aligner devant des restaurants où la nourriture ne suffit pas ; les enseignants geignent parce qu’ils ne sont pas payés à la hauteur de leur labeur, et que sais-je encore ? Cela, tout le monde le sait et ce n’est pas le sujet principal de mon propos. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, ce sont ces bacheliers qui passent toute une année académique assis à la maison à se tourner le pouce parce qu’à l’Université, on ne sait plus à quelle année académique faire référence. Les notions de « session de juin » et « session de septembre » ont disparu. On rétorquera peut-être que le calendrier d’une année académique n’a pas forcément à coïncider avec ces mois.
D’accord, mais pourquoi ces bacheliers passent-ils cinq à six mois à la maison après avoir jubilé suite à la proclamation de leurs résultats du baccalauréat ? Pourquoi les parents ne peuvent-ils pas dire en quelle année académique sont leurs enfants ? Et cette actuelle absence de repère n’est-elle pas le fruit d’une succession de comportements laxistes, de crises répétées auxquelles on ne trouvait pas de solutions durables et d’une façon de voir l’Université comme un potentiel danger pour des intérêts, non pas nationaux, mais individuels ? On en a déjà parlé. On en parle. On en a trop parlé. Mais apparemment, le problème ne concerne pas grand-monde. Ce n’est pas étonnant. Ce sont les enfants de pauvres qui s’agglutinent à l’Université de Ouagadougou. Les plus riches, et généralement ceux qui peuvent valablement donner de la voix, ont leurs rejetons dans de grands instituts ou à l’extérieur. Malgré tout, on est à l’envers et si nous ne voulons pas que notre jeunesse devienne notre bourreau, il faut revenir à l’endroit. Les solutions essayées jusqu’à présent n’ont apparemment fait qu’enfoncer l’UO de plus en plus, comme dans du sable mouvant. Et si on remettait tout à plat ?
Oui, une année blanche. En Côte d’Ivoire, même si les raisons ne sont pas les mêmes, on a eu le courage de le faire. En juin, par exemple, on arrête tout. On se donne jusqu’à octobre pour tout remettre dans l’ordre, application du système LMD y compris, et reprendre à zéro avec une bonne étiquette : année académique 2012-2013. Je sais qu’une année blanche sonnerait politiquement mauvais, surtout maintenant. Suivez mon regard. Mais accélérer les cours, à la limite les bâcler, ne fera que sacrifier inutilement une génération d’étudiants et accentuera encore le problème de plus en plus soutenu du niveau des étudiants mis sur le marché de l’emploi. Ce n’est pas la peine d’atteindre 100% de taux de scolarisation au primaire si au supérieur les années académiques sont sans tête ni queue. Et tant qu’on continuera de la sorte, c’est se chatouiller pour s’efforcer de rire.
Sidzabda
Le Pays

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