29 février, 2012

Le Bélarus fustige la politique de l'Union européenne, les ambassadeurs quittent Minsk

Le régime d'Alexandre Loukachenko a accusé mercredi l'Union européenne d'avoir choisi la voie de "l'escalade" avec le Bélarus alors que les ambassadeurs de l'UE rappelés la veille par Bruxelles s'apprêtaient à quitter le pays.

"La réaction nerveuse de l'Union européenne (...) témoigne d'une chose: Bruxelles a choisi la voie de l'escalade", a déclaré le porte-parole de la diplomatie bélarusse, Andreï Savinykh.

L'Union européenne a décidé mardi soir de rappeler pour consultations ses ambassadeurs au Bélarus, réagissant à la décision de Minsk qui a "invité le chef de la mission de l'UE au Bélarus et l'ambassadeur de Pologne à rejoindre leurs capitales pour consultations".

"C'est une voie qui mène à l'impasse. Bruxelles et les autres capitales européennes ne doivent pas oublier que la politique d'intimidation ne marche pas à l'encontre du Bélarus", a poursuivi le porte-parole.

L'ambassadeur polonais Leszek Szarepka et le chef de la mission de l'UE au Bélarus Maira Mora vont quitter Minsk mercredi, a-t-on appris auprès des représentations concernées.

Contactées par l'AFP, les ambassades de France et d'Allemagne à Minsk ont indiqué que les ambassadeurs s'apprêtaient à quitter le Bélarus mais la date de leur départ n'a pas été communiquée.

Le ton est brutalement monté entre l'UE et le Bélarus après de nouvelles sanctions décidées mardi par l'Union européenne à l'encontre de 21 magistrats et responsables policiers bélarusses impliqués dans la répression de l'opposition.

Le Bélarus est l'objet de sanctions occidentales en raison des arrestations d'opposants qui se sont multipliées après la réélection d'Alexandre Loukachenko à la présidence en 2010 avec plus de 80% des voix, à l'issue d'un scrutin marqué par d'importantes irrégularités, selon les observateurs.

A ce jour, 229 responsables bélarusses impliqués dans la répression de l'opposition sont interdits de visa dans l'UE et ont leurs avoirs gelés s'ils disposent de biens dans un pays de l'Union européenne.

Les avoirs de trois sociétés liées au régime sont également gelés et un embargo est en vigueur concernant les ventes d'armes et de matériel pouvant servir à la répression.

Ce nouveau scandale diplomatique risque d'isoler davantage l'autoritaire président bélarusse au pouvoir depuis 17 ans, qui avait été qualifié de "dernier dictateur d'Europe" par l'administration de l'ex-président américain George Bush.

L'opposant Vladimir Nekliaïev, candidat malheureux face à M. Loukachenko à la présidentielle de 2010, a estimé que Minsk avait commis "une grosse erreur politique" au moment où le pays est isolé et connaît d'importantes difficultés économiques.

"La situation au Bélarus ne lui permet pas de dicter ses conditions", a souligné M. Nekliaïev. "Cela ne fera qu'augmenter la dépendance de Loukachenko vis-à-vis de la Russie dont il a peur", a-t-il ajouté.

Le leader du parti d'opposition "Un monde juste", Sergueï Kaliakine, a estimé que le scandale allait "avoir des répercussions sur les gens ordinaires et sur l'économie" sans pour autant "résoudre un seul problème".

Le dernier conflit d'envergure avec les ambassadeurs au Bélarus date de 1998.

Alexandre Loukachenko avait alors expulsé les ambassadeurs européens et américain de leurs résidences à Drozdy, près de Minsk, qui étaient tout près de la sienne sous prétexte de "travaux".

Le président Loukachenko et 130 responsables bélarusses avaient alors été interdits d'accès dans la plupart des pays de l'UE.

L'ambassade américaine a été définitivement fermée en 2008 et les Etats-Unis sont depuis représentés par un chargé d'affaires.

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