28 janvier, 2012

Etats-Unis: le rêve américain, au coeur de la présidentielle, de plus en plus inaccessible

  • "Le rêve américain traverse une mauvaise passe", explique Dr David Madland, directeur du American Worker Project du groupe de réflexion Center for Americain Progress. "Il est devenu beaucoup plus difficile de l'atteindre qu'autrefois. Beaucoup de gens pensent que les dés sont pipés et que les riches ne travaillent qu'à leur propre enrichissement", ajoute-t-il.Agrandir la photo

    "Le rêve américain traverse une mauvaise passe", explique Dr David Madland, directeur du American Worker Project du groupe de réflexion Center for Americain Progress. "Il est devenu beaucoup plus difficile de l'atteindre qu'autrefois. Beaucoup de gens pensent que les dés sont pipés et que les riches ne travaillent qu'à leur propre enrichissement", ajoute-t-il.

  • Le "rêve américain", au coeur de toute élection présidentielle, a du plomb dans l'aile en cette année 2012, où les inégalités entre riches et pauvres n'ont jamais été aussi criantes, fournissant un argument de choix au sortant Barack Obama.Agrandir la photo

    Le "rêve américain", au coeur de toute élection présidentielle, a du plomb dans l'aile en cette année 2012, où les inégalités entre riches et pauvres n'ont jamais été aussi criantes, fournissant un argument de choix au sortant Barack Obama.

Le "rêve américain", au coeur de toute élection présidentielle, a du plomb dans l'aile en cette année 2012, où les inégalités entre riches et pauvres n'ont jamais été aussi criantes, fournissant un argument de choix au sortant Barack Obama.

En prononçant mardi le traditionnel discours sur l'état de l'Union, le président américain s'est prononcé devant le Congrès pour la justice sociale et pour un impôt de 30% minimum sur les revenus des plus riches, qui sont parvenus ces dernières années à réduire leur imposition.

"Le rêve américain traverse une mauvaise passe", explique Dr David Madland, directeur du American Worker Project du groupe de réflexion Center for Americain Progress. "Il est devenu beaucoup plus difficile de l'atteindre qu'autrefois. Beaucoup de gens pensent que les dés sont pipés et que les riches ne travaillent qu'à leur propre enrichissement", ajoute-t-il.

Avec la prospérité d'après-guerre, le mythe du rêve américain voulait que quiconque travaille dur finisse par atteindre l'aisance de la classe moyenne, avec une maison et au moins une voiture par famille.

Mais une étude intitulée "La mobilité économique: le rêve américain fonctionne-t-il toujours?", montre que le revenu net des plus pauvres (un cinquième de la population) n'a augmenté que de 9% entre 1979 et 2004. Dans le même temps, le revenu des plus riches a bondi de 69%, voire de 176% pour les 1% les plus fortunés.

La différence est encore plus flagrante quand on compare l'augmentation des salaires des patrons et ceux de leurs employés: cette enquête, menée par la Brookings Institution et les Pew Charitable Trusts, montre qu'entre 1978 et 2005, les salaires des dirigeants ont été multipliés par 35, pour atteindre 262 fois celui du salarié moyen.

De telles disparités ont été dénoncées par les anti-Wall Street qui ont, à partir de septembre, essaimé dans tout le pays.

Erin Currier, du groupe de réflexion Pew Economic Mobility Project, avance que l'émergence de la mouvance anticapitaliste a convaincu le président Obama de travailler sur un message appelant à plus d'équité.

"Les Américains savent maintenant quel rôle le gouvernement doit jouer et ils vont maintenir la pression sur lui", explique-t-elle.

Pour Mme Currier, la réalité du rêve américain est mitigée. Le revenu des plus pauvres a, en termes absolus, dépassé celui de leurs parents, sans toutefois leur permettre de prendre "l'ascenseur social".

"Ceci va à l'encontre de notre idée fondamentale de justice et d'égalité face aux chances de réussite", ajoute-t-elle, précisant que les trois clés pour gravir l'échelle sociale sont un diplôme universitaire équivalent à un master, des économies et vivre dans un bon quartier.

Dans ce contexte, la publication mardi de la feuille d'impôts de Mitt Romney, candidat à l'investiture républicaine pour la Maison Blanche, a fait mauvais effet: le multimillionnaire a révélé n'avoir payé que 13,9% de ses revenus en 2010, quand la tranche supérieure pour les salariés grimpe jusqu'à 35%.

Les politiques sont parfois les moins bien placés pour donner des leçons, avance le fiscaliste David Cay Johnston, auteur d'un livre intitulé "Aux frais de la princesse: comment les Américains les plus riches s'enrichissent sur le dos de l'Etat en vous laissant régler la note", qui relève que républicains comme démocrates ont passé ces dernières décennies à offrir des cadeaux fiscaux aux plus riches.

En 1961, sous la présidence Kennedy, les 390 Américains les plus riches reversaient en moyenne 42% de leurs revenus à l'Etat, selon les recherches de ce fiscaliste. En 2008, cette proportion n'était plus que de 18%.

"Aux Etats-Unis, il y a deux systèmes fiscaux, parallèles et inégaux", fait-il remarquer précisant que les salariés comme la plupart des entreprises sont lourdement imposés mais que les directeurs de fonds d'investissements le sont très légèrement. Et ce, en toute légalité.

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