15 février, 2011

Double attentat suicide dans un village du Caucase russe: 1 militaire tué

MOSCOU (AFP)

AFP/Archives

Les lieux d'un attentat suicide à la voiture piégée, le 9 septembre 2010 à Vladikavkaz, dans le Caucase russe

Un militaire a été tué et une vingtaine blessés dans deux attentats suicide perpétrés en quelques heures dans un même village du Daguestan, a indiqué à l'agence Interfax le ministère de l'Intérieur de cette république instable du Caucase russe minée par une rébellion islamiste.

Une femme kamikaze s'est d'abord "fait exploser" à l'entrée du commissariat de Goubden, un village daguestanais, tuant un soldat et en blessant quatre autres, selon le ministère daguestanais de l'Intérieur.

La sécurité a alors été renforcée dans la localité et un poste de police a été installé à l'entrée de Goubden. Quelques heures plus tard, à cet endroit, un kamikaze a bord d'une voiture piégée de marque Lada a actionné son engin explosif, blessant au moins 17 personnes, dont 10 militaires, six policiers et un autre agent des forces de l'ordre.

"Le kamikaze a fait exploser sa voiture au barrage mobile de la police", a indiqué un porte-parole du ministère daguestanais de l'Intérieur.

"La voiture allait vers l'endroit où la femme kamikaze s'était faite exploser" auparavant, a-t-il précisé.

Les policiers ont été visés au même moment par des tirs depuis un massif forestier voisin, mais selon une source citée par l'agence russe, l'attaque a été "repoussée".

Le bilan de la seconde explosion pourrait cependant être plus lourd, selon des sources médicales citées par Interfax, alors qu'une source au sein du ministère de l'Intérieur a évoqué un policier tué.

"Il y a beaucoup de blessés, on n'arrive pas à les compter, il y a des militaires et des civils", a indiqué une source à l'hôpital du district de Karaboudakhent.

Après la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) entre forces russes et indépendantistes, la rébellion s'est progressivement islamisée et a de plus en plus débordé les frontières tchétchènes pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement islamiste armé actif dans tout le Caucase du Nord.

Des attentats, des explosions et des attaques visant des responsables des forces de l'ordre sont quasi-quotidiens dans les républiques du Caucase. Le Daguestan est particulièrement touché par ces violences.

Une des tactiques de la rébellion consiste à perpétrer un premier attentat, doublé d'une deuxième attaque une fois que les policiers et enquêteurs sont sur place.

La rébellion caucasienne a aussi revendiqué l'attentat suicide de l'aéroport de Moscou qui a fait 36 morts en janvier, ainsi que celui de mars 2010 dans le métro de la capitale russe (40 morts).

Côte d'Ivoire: visas de l'ambassade pro-Ouattara à Paris pas valables

ABIDJAN — Les visas délivrés par l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris, dirigée par un proche d'Alassane Ouattara, reconnu président ivoirien par la communauté internationale, ne sont plus valables, a annoncé lundi le gouvernement de son rival, le chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo.

"Les visas d'entrée en Côte d'Ivoire délivrés par +l'ambassade de Côte d'Ivoire en France+ sont désormais nuls et de nul effet", indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères de M. Gbagbo, lu sur la télévision publique RTI.

Les personnes voulant se rendre en Côte d'Ivoire doivent "s'adresser directement aux consuls honoraires de Côte d'Ivoire en France", a ajouté le ministère, rendant publique une liste de ces représentants.

Après l'ONU et avant les Etats-Unis, l'ex-puissance coloniale française a entériné en janvier la nomination d'un nouvel ambassadeur nommé par Alassane Ouattara, Ali Coulibaly, qui a pris possession un peu plus tard de l'ambassade auparavant dirigée par Pierre Kipré, un proche de M. Gbagbo.

Le gouvernement Gbagbo avait répliqué en retirant l'accréditation de l'ambassadeur de France à Abidjan, Jean-Marc Simon.

Depuis la présidentielle du 28 novembre, la Côte d'Ivoire est déchirée entre M. Gbagbo et M. Ouattara, reconnu par une grande partie de la communauté internationale, dont Paris, qui presse en vain le sortant de céder le pouvoir.

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Des survivants tunisiens accusent des gardes côtes pour le naufrage de leur bateau

DJERBA (Tunisie) (AFP)

AFP

Des immigrés tunisiens à Lampedusa, le 14 février 2011

Huit survivants tunisiens qui avaient tenté de rallier clandestinement l'Italie le 11 février ont accusé lundi des gardes côtes tunisiens d'avoir "délibérément foncé" sur leur embarcation, faisant 5 morts et 30 personnes portées disparues dans les eaux internationales.

"Le bateau, tout neuf était parti d'une zone touristique El-Ogla, proche de Zarzis (500 km au sud de Tunis), et transportait 120 passagers. 85 personnes ont été sauvées, 5 sont mortes, et 30 sont toujours portées disparues", a déclaré à l'AFP un de ces survivants, Ziad Ben Abdaalah, 23 ans.

Ces déclarations ont été confirmées par 7 autres survivants qui se trouvaient à bord de ce navire après avoir versé 2.000 dinars (environ 1.000 euros) à des passeurs.

"Il était 15H00. Il faisait beau. Nous approchions de la côte italienne après 12 heures à bord, et nous n'étions plus environ qu'à une heure de l'Italie quand un bateau de la garde nationale nous a donné l'ordre d'arrêter les moteurs. Nous avons obéi", affirme Ziad dont les propos sont appuyés par les autres survivants et par les proches des victimes, visiblement traumatisés.

"Puis, se souvient-il, le bateau de la garde côtière, qui faisait 40 mètres de long, s'est mis en position parallèle avec le nôtre avant de reculer de 700 mètres environ. Nous pensions que le bateau rebroussait chemin, mais soudain il a foncé sur nous". "Nous avons entendu des gardes nous dire de +baisser les têtes+, et ensuite ils ont foncé sur nous et ont brisé en deux notre bateau".

Il ajoute que ses compagnons d'infortune étaient "totalement choqués par ce qui venait de se passer", se déclarant convaincu que ces gardes côtes étaient là pour les ramener en Tunisie.

Et puis soudain, juste après le choc, ces survivants affirment avoir vu un hélicoptère italien juste au dessus de leurs têtes avant l'arrivée d'un autre bateau des gardes côtes tunisiens dans cette zone.

"A ce moment, les gardes côtes ont fait semblant de vouloir nous aider. Quand j'ai réussi à monter sur leur bateau, un des gardes côtes m'a dit de retourner dans l'eau pour sauver mes amis", ajoute Ziad.

Le rescapé a dénoncé le traitement infligé aux survivants, "en les laissant trempés sur le bateau, et en ne leur donnant qu'un bout de pain"... "et même pas pour tout le monde", a renchéri un autre survivant Fares Ben Yahyaten, 21 ans, un chômeur à la recherche d'un emploi.

Ensuite, l'armée est intervenue et a ramené ce groupe d'hommes à la base militaire de Sfax (sud), "où ils nous ont offert de la nourriture et des couvertures mais où ils ont également pris nos empreintes (digitales), des photos et nous ont posé des questions sur des gardes côtes", déclare de son côté Aziz Bousetta, 26 ans, un autre survivant.

Au port de Zarziz, des gardes côtes ont affirmé à l'AFP que ce naufrage avait été provoqué par la vétusté du bateau, se refusant à donner d'autres commentaires.

"Nous voulons savoir pourquoi ce bateau tunisien a cassé en deux ce bateau. Nous voulons que les coupables soient jugés car des gens sont morts et nous voulons comprendre pourquoi ils ont fait ce qu'ils ont fait", déclare pour sa part Nabil Ragdal, frère d'une victime.

"Nous allons aller jusqu'au bout. Les responsables doivent être jugés, pour meurtres", ajoute-t-il en montrant une autorisation d'enterrement concernant son frère Lasaad, dont le corps a été retrouvé au large de Sfax.

Lasaad, selon son frère, voulait se rendre en France pour retrouver sa femme qu'il n'a pas vue depuis 2004. "Il n'était à bord de ce bateau qu'à cause du refus répété de l'ambassade de lui délivrer un visa, il ne voulait pas rester en Italie, il voulait aller en France", regrette Nabil.

Cette autorisation cite le président du poste frontalier de la garde nationale de Sfax, qui écrit que Lassad "est mort noyé" et annonce l'ouverture d'une enquête pour "meurtre prémédité".

Onze familles des victimes et des personnes portées disparues entendent déposer mardi une plainte contre les gardes côtes du bateau "Liberté 302".

Ashraf Beyahia, qui vient d'enterrer son frère, a déclaré pour sa part qu"il y avait un adolescent de 14 ans à bord du bateau", affirmant avec les autres survivants "qu'aucun criminel ne se trouvait à bord de leur bateau".

USA: dans le budget 2012, Obama veut réduire les dépenses pour vaincre le déficit

AFP
Le président Obama à la sortie du Bureau ovale à la Maison Blanche, le 14 février 2011
Le président Obama à la sortie du Bureau ovale à la Maison Blanche, le 14 février 2011 Mandel Ngan AFP
projet de loi de finances remis lundi au Congrès.

Le déficit serait ramené à 1.101 milliards de dollars, soit 7,0% du produit intérieur brut américain, contre un record de 1.645 milliards (10,9% du PIB) prévu désormais sur l'exercice 2011.

Ces chiffres sont fondés sur des prévisions économiques optimistes pour 2012, bien que la Maison Blanche ait abaissé ses prévisions de croissance pour 2011.

Selon le projet de budget, le PIB américain devrait croître de 2,7% en 2011 (contre 3,2% attendus jusque-là) et de 3,6% en 2012.

Avec le retour de la croissance, l'exécutif table sur une augmentation de 21% des recettes fiscales en 2012, à 2.627 milliards de dollars, estimant qu'elle lui permettra de réduire le déficit.

Pourtant, le taux de chômage, en baisse, devrait rester malgré tout très élevé, à 9,3% en moyenne en 2011, pour ensuite diminuer à 8,6% en 2012.

Le budget de M. Obama prévoit notamment d'abandonner les réductions d'impôts pour les ménages les plus fortunés, décidées par son prédécesseur George W. Bush et reconduites récemment en geste de conciliation avec l'opposition républicaine victorieuse aux élections législatives.

Il prévoit aussi d'éliminer 12 exemptions d'impôts qui profitaient aux producteurs de pétrole, de gaz et de charbon, comptant lever ainsi 46 milliards de dollars sur dix ans.

L'administration veut également couper dans les dépenses, à hauteur de 1.100 milliards d'économies en 10 ans.

Pentagone Pour cela, elle prévoit de réduire de 78 milliards de dollars les dépenses du au cours des cinq prochaines années, de tailler dans l'aide aux frais de chauffage des plus démunis et de geler les salaires des fonctionnaires en 2012.

D'autres coupes seront effectuées dans les aides au logement et le financement des prêts étudiants.

En revanche, les aides aux chômeurs seront maintenues.

Le budget prévoit également des investissements de 18 milliards de dollars dans l'accès à l'internet et de 8 milliards dans le développement de trains à grande vitesse.

Le déficit budgétaire de l'Etat fédéral campe au sommet depuis plus de deux ans. Après avoir atteint un record à plus de 1.400 milliards de dollars pour l'exercice 2009 (10,0% du PIB), il est retombé un peu au-dessous de 1.300 milliards (8,9% du PIB) en 2010.

L'objectif du gouvernement est de réduire de moitié le déficit d'ici la fin du mandat de M. Obama en 2014, à 645 millions de dollars, soit 3,6% du PIB.

A 1.645 milliards, le chiffre du déficit pour l'exercice 2011 évoqué dans le budget de M. Obama est nettement supérieur aux dernières estimations du Bureau du budget du Congrès (CBO), qui l'évaluait le mois dernier encore à 1.480 milliards (9,8% du PIB).

La loi de programmation du budget en cours, qui s'achèvera fin septembre, n'a toujours pas été votée, faute d'accord au Congrès.