12 décembre, 2011

La Tunisie attend son nouveau président qui devrait être Moncef Marzouki

TUNIS (© 2011 AFP) - L'ancien opposant au régime Ben Ali, Moncef Marzouki, devrait sauf coup de théâtre accéder lundi à la présidence de la Tunisie avec son élection par l'Assemblée constituante prévue dans la journée.
La Tunisie attend son nouveau président qui devrait être Moncef Marzouki

© AFP/Archives Fethi Belaid. Moncef Marzouki, lors d'une session de l'Assemblée constituante tunisienne, le 6 décembre 2011à Tunis

Les 217 membres de l'Assemblée se réunissent en plénière à 16H00 (15H00 GMT) pour élire le président, premier acte de la formation d'un exécutif, un mois et demi après les élections du 23 octobre.

Les candidatures sont ouvertes à tout Tunisien âgé de 35 ans minimum et parrainé par 15 élus au moins. Le vote aura lieu à la majorité absolue et à bulletins secrets.

Mais aux termes d'un accord au sein de la troïka majoritaire (les islamistes d'Ennahda avec 89 élus et les deux partis de gauche Congrès pour la République et Ettakatol, respectivement 29 et 20 sièges), le dirigeant du CPR Moncef Marzouki doit accéder à la magistrature suprême.

Agé de 66 ans, cet opposant historique au régime de Zine el Abidine Ben Ali, qui a vécu 10 années en exil en France, devrait ainsi réaliser son rêve. M. Marzouki avait annoncé sa candidature à la présidence de la République deux jours après la chute, en janvier, de l'ex dirigeant.

Après son élection, il devra prêter serment la main sur le Coran et jurer d'oeuvrer à l'établissement d'un Etat de droit et de rester fidèle "à la mémoire des martyrs, aux sacrifices consentis par les Tunisiens au fil des générations, et aux objectifs de la révolution".

Il nommera dans la foulée le chef du gouvernement, le numéro 2 d'Ennahda Hamadi Jebali, qui devrait former son équipe et la soumettre à l'approbation de l'Assemblée d'ici la fin de la semaine, selon la presse tunisienne.

La cérémonie de passation des pouvoirs avec le président intérimaire Fouad Mebazaa, qui a dirigé la Tunisie depuis la chute de Ben Ali, devrait avoir lieu au palais présidentiel de Carthage, en banlieue nord de Tunis, mardi ou mercredi.

Symboliquement, M. Marzouki aurait souhaité être à Carthage le 10 décembre, date de la journée internationale des droits de l'homme, avait-il récemment confié à l'AFP.

Mais il aura dû patienter deux jours de plus, l'Assemblée n'ayant adopté la constitution provisoire que samedi à minuit.

Ce texte, qui régit l'organisation des pouvoirs pendant la période transitoire jusqu'aux prochaines élections générales, a été voté par 141 voix contre 37 et 39 abstentions, après cinq jours de débats intenses et houleux.

Son adoption constituait le préalable à l'élection du président et la formation du gouvernement, attendues dans un contexte de grave crise économique et sociale.

Le texte définit notamment les prérogatives des trois "têtes" de l'Etat, le président de la République, le chef du gouvernement et le président de la Constituante (Mustapha Ben Jaafar).

Ces attributions ont été âprement discutées, les islamistes ayant été accusés de vouloir donner tout pouvoir au chef du gouvernement et de mettre en place un régime parlementaire pur.

Selon le texte adopté, le chef de l'Etat est le chef suprême des forces armées et définit la politique étrangère en concertation avec le Premier ministre.

Il promulgue et publie les lois votées par la Constituante, nomme et révoque les hauts gradés et le Mufti (autorité religieuse) en concertation avec le chef du gouvernement.

Il peut être démis de ses fonctions par deux tiers au moins des élus.

La désignation anticipée de M. Marzouki a suscité des grincements de dents en Tunisie.

"Aujourd'hui, élection du président dont le nom, comme au bon vieux temps, est connu d'avance", ironisait une caricature en une de la Presse lundi.

"Aujourd'hui, nous autres Tunisiens, nous allons encore avoir un président que nous n'avons pas choisi..." se lamentait un internaute sur twitter.

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