09 décembre, 2011

BRUXELLES - Le Premier ministre britannique Cameron reprend le chemin de l'affrontement avec l'UE

BRUXELLES - Le Premier ministre britannique David Cameron, aiguillonné par son parti eurosceptique, a mis fin sèchement à une période de trêve avec l'Union européenne en bloquant un projet de changement de traité, au risque de s'isoler complètement sur le continent.

A Bruxelles, de nombreux fonctionnaires européens s'étonnent que ce premier vrai "clash" soit arrivé si tard après son arrivée au 10 Downing Street en mai 2010.

Elu sur un programme clairement eurosceptique appelant à réexaminer les relations entre Londres et Bruxelles, les chefs des "Tories" s'est ensuite distingué par une surprenante retenue avec l'Union européenne.

Il y a été contraint par les nécessités de la Realpolitik dans la mesure où il lui faut composer avec ses alliés libéraux-démocrates au sein de la coalition gouvernementale, traditionnellement europhiles et emmenés par un vice-Premier ministre, Nick Clegg, qui fut député européen.

Les pressions de l'aile droite de son parti, qui réclame le rapatriement de certains pouvoirs transférés à Bruxelles, l'ont contraint à durcir le ton.

L'occasion lui en a été fournie par la volonté de l'Allemagne, soutenue bon gré mal gré par la France, de changer le traité de l'Union européenne pour y ancrer une discipline budgétaire renforcée pour les seuls pays de la zone euro.

L'exercice est toujours périlleux et, de l'Irlande à la République tchèque ou la Pologne, les exemples d'accidents de parcours en matière de changements de traités fourmillent. Toute modification de ce type requiert l'unanimité des 27 pays du bloc.

Bien que non concerné par la reconstruction de l'architecture de la zone euro, puisque son pays refuse toute idée d'adhésion, David Cameron a saisi la perche qui lui était tendue pour monnayer le feu vert du Royaume-Uni à l'exercice.

"Pour accepter une réforme des traités à 27, (le Premier britannique) David Cameron a demandé, ce que nous avons considéré tous comme inacceptable, un protocole dans le traité permettant d'exonérer le Royaume-Uni d'un certain nombre de réglementations sur les services financiers", a déploré le président français Nicolas Sarkozy.

Alliés encore tout récemment en Libye, MM. Sarkozy et Cameron sont adversaires en Europe. Le précédent sommet de l'UE fin octobre avait déjà été l'objet d'une franche explication entre les deux hommes, le premier s'agaçant en plein réunion que le second donne des leçons à la zone euro sur la conduite à tenir.

A Bruxelles cette fois, M. Cameron a demandé concrètement à pouvoir disposer d'un droit de veto pour permettre à la City de Londres d'échapper à la supervisions des autorités paneuropéennes. Cela n'a pu être toléré "puisque nous considérons tout au contraire qu'une partie des ennuis du monde vient de la dérégulation du service financier", a poursuivi le chef de l'Etat français.

M. Cameron a parlé lui d'"une décision difficile mais bonne". "Si vous ne pouvez pas obtenir des garde-fous à l'intérieur du traité, il vaut mieux rester en dehors", a-t-il estimé.

La Grande-Bretagne se retrouve néanmoins en compagnie de la seule Hongrie dans ce cas. Sur les dix pays membres de l'UE mais pas de l'euro, six ont décidé de rejoindre l'Union monétaire dans un traité séparé. La République tchèque et la Suède réservent leur position.

En privé, des responsables britanniques s'inquiètent de voir la zone euro s'émanciper toujours plus des autres pays de l'Union européenne, qui du coup perdent en influence sur les grands choix collectifs.

Le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt, s'est dit "préoccupé que la Grande-Bretagne commence à dériver de l'Europe de manière aussi grave". "Pour aller où? vers une alliance forte avec la Hongrie....", a-t-il ironisé sur twitter.

Importé par 20minutes.fr

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