01 novembre, 2011

Un grand nom de Wall Street victime de la dette européenne

L'Expansion.com -

Le puissant courtier américain MF Global a déposé le bilan ce lundi, signant la huitième plus grosse faillite aux Etats-Unis depuis 1980. Il avait investi de 6,3 milliards de dollars dans de la dette européenne.

Le courtier américain MF Global, qui vient de connaître une semaine noire, a déposé le bilan lundi 31 octobre.
Le courtier américain MF Global, qui vient de connaître une semaine noire, a déposé le bilan lundi 31 octobre.
REUTERS/Andrew Kelly

Le courtier américain MF Global, en situation très délicate notamment en raison de son exposition à la dette européenne, a déposé le bilan, selon des documents de justice disponibles lundi. La société a soumis à un tribunal new-yorkais un dossier la plaçant sous la protection de la loi américaine sur les faillites, le conseil d'administration estimant qu'une telle opération était "dans l'intérêt de la compagnie, de ses créanciers, de ses actionnaires et des autres parties intéressées". Son placement sous la protection du Chapitre 11 de la loi sur les faillites, qui fait de MF Global la huitième plus grosse faillite des Etats-Unis depuis 1980, entérine une chute qui aura pris moins d'une semaine, conséquence de paris risqués sur le marché de la dette de la zone euro.

MF Global, qui se présente comme l'un des premiers courtiers en matières premières et produits dérivés dans le monde, était dans une position très difficile en raison des pertes plus lourdes que prévu annoncées la semaine dernière. Déjà malmené sur le marché depuis l'été, le groupe new-yorkais avait reconnu à cette occasion être exposé à hauteur de 6,3 milliards de dollars à la dette publique européenne, dont plus de la moitié à l'Italie et plus d'un milliard à l'Espagne, deux pays dans la ligne de mire des investisseurs. Les agences de notation avaient d'ailleurs menacé de faire tomber sa dette dans la catégorie "spéculative", ce qui aurait signé la fin de ses activités.

Selon des sources de la presse américaine, MF Global se serait efforcé durant tout le week-end de trouver des repreneurs pour tout ou partie de ses actifs, tout en mandatant des spécialistes des restructurations d'entreprises. Mais sans succès. Parmi les plus importants créanciers de MF Global figurent la banque américaine JPMorgan Chase et l'établissement allemand Deutsche Bank, ainsi que le groupe de médias CNBC.

"La plus importante victime de la crise de la dette"

Toutes proportions gardées, la chute de MF Global rappelle à certains observateurs la faillite de Lehman Brothers à l'automne 2008."Il a fini par perdre toute confiance auprès de sa base d'investisseurs", a expliqué Michael Epstein, spécialiste des restructurations chez CRG Partners, avant d'ajouter: "Sous certains aspects, c'est effectivement un mini-Lehman". Toutefois, même s'il s'agit de "la plus importante victime américaine jusqu'à présent de la crise de la dette européenne", selon l'analyste Chris Low de FTN Financial, l'onde de choc ne devrait pas être aussi importante. "Heureusement la situation de l'entreprise est unique. Le pari de Corzine sur la dette souveraine est la raison de la situation de la banque. Selon les autorités, les autres grandes entités américaines ne sont pas exposés", estime l'analyste.

Le dépôt de bilan de MF Global signe aussi l'échec personnel de Jon Corzine, son PDG, qui s'était donné pour objectif de transformer le courtier en un "mini-Goldman Sachs". Ancien coprésident de Goldman Sachs et gouverneur démocrate de l'Etat du New Jersey (Est) de 2006 à 2010, il a pris en mars 2010 les rênes de la société, ancienne filiale du britannique Man Group. Sous son égide, elle s'est diversifiée, se rapprochant d'une véritable banque d'investissement, et a massivement parié sur la dette européenne.

Pour Bill Brandt, directeur général du cabinet de conseil en restructuration Development Specialists, des cessions partielles d'actifs pourraient être facilitées par la procédure de sauvegarde ouverte lundi. Le dépôt de bilan aura en effet pour conséquence de geler la valeur des obligations émises par le groupe, ce qui permettra aux repreneurs potentiels d'estimer plus facilement les pertes qu'ils auraient à assumer, explique-t-il. Pour Naimh Alexander, analyste de Keefe, Bruyette & Woods, "la vraie question, c'est de savoir combien il restera d'actifs à reprendre". "Les clients pourraient partir très vite et chaque heure qui passe pourrait réduire le portefeuille d'actifs susceptible d'être transféré" à un repreneur, explique-t-il. Les obligations 2016 de MF Global, émises à 6,25%, ne valaient plus lundi que 39,5% de leur valeur nominale.

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