15 novembre, 2011

Sénégal : la maison de Senghor va devenir un musée


Léopold Sédar Senghor décédé en 2001 et sa femme Colette le 19 mars 1995 à Verson. Léopold Sédar Senghor décédé en 2001 et sa femme Colette le 19 mars 1995 à Verson. © AFP/Archives, Mychele Daniau

Le gouvernement sénégalais a annoncé dimanche 13 novembre que la maison du premier président sénégalais Léopold Sédar Senghor serait reconvertie en musée. L’annonce de l’ajout de pièces d’un grand collectionneur sénégalais dans la demeure du poète décédé suscite par contre la polémique.

La maison de l’ancien président sénégalais Léopold Sédar Senghor va devenir un musée. C’est ce qu’à annoncé le conseil des ministres via un communiqué publié dimanche 13 novembre. « Le président de la République a indiqué que l'État avait racheté cette maison pour en faire un musée qui portera le nom de Léopold Sédar Senghor », est-il précisé.

L’actuel chef de l’État sénégalais et ancien opposant à Léopold Sédar Senghor Abdoulaye Wade, avait exprimé la volonté de créer un « musée présidentiel » dans la maison Senghor, accueillant des objets offerts à tous les présidents sénégalais, dès le mois de juin dernier. Le projet avait soulevé la polémique. Alors qu’il visitait la demeure de l’ancien président mardi 8 novembre, Abdoulaye Wade a cette fois-ci tranché pour la création d’un « musée Senghor ».

« Ce musée viendra enrichir le patrimoine culturel sénégalais et contribuer à préserver un pan important de l'histoire de notre pays par la sauvegarde d'objets d'intérêt national pour les Sénégalais et les Africains », précise le communiqué, sans préciser toutefois le coût et à la date de l’achat. Aucune autre information n’a par ailleurs été rapportée par le conseil de ministres.

Pourtant, les possibles transformations qui seront apposées aux « Dents de la mer » (nom donné à sa résidence par l’ancien président), n’enchantent pas tous les acteurs culturels. Estimant que l’ouverture de la demeure de Senghor au public est une « très bonne chose », le critique d’art Abou Sylla, cité par le site sénégalais Walfadjri estime qu’elle doit être laissée « en état, sans aucun changement ».

"Nous faussons l’esprit de ce musée"

« J'ai vu qu'il y avait en projet d'embellir la maison en y ajoutant des œuvres d'art de Mourtala Diop qui est un grand collectionneur sénégalais et je voudrais demander respectueusement au président de la République de surseoir à cette installation d'œuvres nouvelles dans la maison de Senghor. Si nous y ajoutons d'autres objets que Senghor n'a pas choisis, quelque part nous faussons l'esprit de ce musée Senghor pour ceux qui savent combien il était exigeant dans le choix des œuvres qui devaient cohabiter dans sa maison », estime pour sa part le poète Amadou Lamine Sall, cité par RFI.

« Cette maison doit rester ce que Senghor en a fait et permettre aux Sénégalais, aux Africains, aux étrangers de par le monde de venir la visiter telle quelle, avec la chambre du poète, son bureau, son salon, ses jardins, sa piscine, sa bibliothèque, ses collections d'art, bref trouver là, la vraie âme de Senghor et ses propres biens culturels », poursuit-il.

Autre point qui prête à la polémique, le droit de l’État sénégalais d'initier ce projet de musée. « Dans le contrat d'achat avec l'État du Sénégal, la maison de Senghor est sous usufruit. Ce qui veut dire que tant que Madame Colette Senghor, la femme de Senghor, est en vie, elle jouit de cette maison laissée à sa disposition en l'état. C'est à sa mort seulement que les autorités pourraient totalement faire de cette demeure ce qu'elles voudront bien en faire », explique Amadou

Lamine Sall, cité par Walfadjri.

Située sur la corniche ouest de Dakar, dans le quartier aisé de Fann, la demeure abrite de nombreux objets d’art et de livres ayant appartenu au poète et chantre de la négritude Léopold Sédar Senghor.

La résidence du héro de l’indépendance sénégalaise, décédé le 20 décembre 2001 à Verson (France), est restée inoccupée depuis de nombreuses années et est gardée par des forces de sécurité. Léopold Sédar Senghor avait l’habitude de s’y rendre, dans les années qui ont suivi son départ du pouvoir, en 1980.


Jeuneafrique.com :

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