09 novembre, 2011

Nucléaire iranien : Téhéran "ne reculera pas d'un iota"

Les Etats-Unis envisagent de réclamer de nouvelles sanctions après la publication d'un rapport de l'AIEA accusant Téhéran de chercher à se doter d'une arme nucléaire. La France réclame des "sanctions dures" et "sans précédent". L'Iran réplique, tout en réaffirmant n'avoir "pas besoin de la bombe".

Mahmoud Ahmadinejad refusant que l'Iran recule "d'un iota" sur son programme nucléaire (9 novembre 2011)Mahmoud Ahmadinejad refusant que l'Iran recule "d'un iota" sur son programme nucléaire (9 novembre 2011) © AFP / Présidence iranienne

Au lendemain de la publication d'un rapport de l'AIEA accusant Téhéran d'avoir travaillé à une arme nucléaire, en dépit de ses dénégations, la réponse de Mahmoud Ahmadinejad a pris la forme d'une fin de non-recevoir : "Nous ne reculerons pas d'un iota sur le chemin sur lequel nous nous sommes engagés", a martelé le président iranien à la télévision, tout en réaffirmant que l'Iran n'avait "pas besoin de la bombe atomique".

Téhéran, dont la plupart des installations sont sous la supervision de l'AIEA, a toujours farouchement démenti chercher à se doter de l'arme atomique, contrairement à ce que soupçonne depuis des années la communauté internationale. C'est d'ailleurs la tonalité de la réaction du représentant iranien auprès de l'AIEA, qui a assuré à la suite de ce rapport que l'Iran "n'abandonnera jamais ses droits légitimes" mais en "pays responsable" continuera à "respecter ses obligations dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire". Mais ces protestations de bonne foi n'empêchent pas les menaces : le chef d'état-major adjoint des forces iraniennes, le général Massoud Jazayeri, a ainsi évoqué une possible "destruction" d'Israël si ce pays attaquait ses installations nucléaires. "Notre réponse à une attaque ne sera pas limitée au Proche-Orient, nous avons des plans prêts pour réagir", a également affirmé le général Jazayeri. Les responsables militaires iraniens affirment régulièrement que l'Iran, qui considère que les Etats-Unis seraient coresponsables d'une éventuelle frappe israélienne, pourrait s'en prendre à des objectifs militaires américains s'il était attaqué par Israël. Ils ont à plusieurs reprises souligné que les forces américaines au Moyen-Orient, et notamment dans le Golfe, étaient vulnérables à des frappes de missiles ou des forces navales rapides iraniennes.

"Aller beaucoup plus loin dans les sanctions"

Du côté des Etats-Unis, on prévoit d'augmenter la pression sur l'Iran et peut-être de réclamer de nouvelles sanctions. Pas de réaction du côté d'Israël, dont le président Shimon Peres avait averti dimanche que "la possibilité d'une attaque militaire contre l'Iran était plus proche qu'une option diplomatique". Côté européen, le ton est mesuré, mais grave : "Le nouveau rapport de l'AIEA aggrave sérieusement les préoccupations actuelles sur la nature du programme nucléaire iranien, puisque ce rapport met particulièrement l'accent sur l'information corroborée par l'AIEA concernant d'éventuelles dimensions militaires du programme nucléaire iranien", a commenté une porte-parole de Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l'UE.

La France a pour sa part des propos d'une dureté inaccoutumée. Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a estimé que la saisine du Conseil de sécurité de l'ONU "s'impose", en réclamant des sanctions "sans précédent" contre Téhéran. "La France considère qu'il faut franchir un palier dans le renforcement de la pression diplomatique sur l'Iran", a-t-il ajouté. "Il faut des sanctions dures qui empêchent l'Iran de continuer à se procurer des ressources lui permettant de poursuivre ses activités en violation de toutes les règles internationales", a insisté le ministre sur RFI. Interrogé par Canal+ sur ce même thème, son collègue de la Défense, Gérard Longuet, a jugé possible "d'aller beaucoup plus loin dans les sanctions sans recourir à une solution de force". Il faut, selon lui, "mobiliser les grands pays et en particulier convaincre Chine et Russie qui font cavaliers seuls qu'il est absolument indispensable de faire pression sur l'Iran pour que ce pays ne suive pas dans la voie de la dissémination nucléaire", ce qui "serait une catastrophe" pour l'humanité.

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