13 novembre, 2011

Italie : Mario Monti, à peine nommé, déjà fragile

L'ex-commissaire européen a été désigné dimanche soir pour former le nouveau gouvernement, mais les partis politiques sont en embuscade.

Mario Monti, ex-commissaire européen, a été nommé dimanche soir président du  Conseil par le président de la République italienne.

Mario Monti, ex-commissaire européen, a été nommé dimanche soir président du Conseil par le président de la République italienne. © Jean Ayissi / AFP

Mario Monti a été désigné dimanche soir par le président Giorgio Napolitano pour tenter de former un nouveau gouvernement. Cette désignation est arrivée au terme d'une journée de consultations durant laquelle, conformément à la Constitution, Napolitano a reçu les anciens présidents de la République, les présidents des deux chambres et les responsables de tous les partis représentés au Parlement.

Toutes les formations, à l'exclusion de la Ligue du Nord, qui a annoncé son opposition au gouvernement Monti, et de l'Italie des valeurs (IDV) d'Antonio Di Pietro, qui a exprimé ses "réserves", ont convergé sur l'ancien commissaire européen pour succéder à Silvio Berlusconi. Mais des divergences demeurent sur la composition et la durée de ce gouvernement.

Mario Monti aurait souhaité former un exécutif majoritairement composé de techniciens, mais avec la présence d'un responsable de chacun des deux plus grands partis italiens, Peuple de la liberté (PDL) et Parti démocrate (PD). Une prise de responsabilités nécessaire pour assurer la stabilité à un gouvernement destiné à durer jusqu'à la fin de la législature, au printemps 2013.

Du bout des lèvres

Assurant un appui inconditionnel à Monti et sans poser de limite à la durée de l'exécutif, le PD a toutefois refusé d'entrer dans le cabinet de l'ancien commissaire européen. Donné gagnant par tous les sondages si des élections avaient lieu immédiatement, le PD renonce à demander le retour aux urnes pour arriver au pouvoir, mais exige que la responsabilité de la cure de cheval qui attend le pays retombe sur les techniciens.

Dans une rencontre samedi avec Mario Monti, Berlusconi avait en revanche accepté que le PDL participe au gouvernement. Mais au-delà d'une présence symbolique, il revendiquait le ministère de la Justice et celui du Développement économique. Autant de garanties pour ses procès en cours et pour l'avenir de ses entreprises. Ces requêtes ont été jugées irrecevables par Mario Monti. Le PDL s'est donc résigné à ne pas participer au gouvernement et à soutenir, du bout des lèvres, la naissance d'un exécutif Monti. Il limite toutefois la durée du cabinet à l'adoption des mesures de rigueur exigées par Bruxelles. Quelques mois tout au plus avant de retourner aux urnes.

Sans gouvernement

Mario Monti engagera à son tour des consultations pour fignoler son équipe et se présenter au Sénat mardi et à la Chambre basse mercredi. S'il n'obtenait pas la confiance, il resterait en fonction pour régler les affaires courantes et conduire le pays aux urnes d'ici à deux mois.

L'Italie se présente donc lundi à l'ouverture des marchés sans gouvernement, mais avec un président du Conseil. Avec quelles probabilités de mener à bien les réformes ? L'absence des deux grands partis dans l'exécutif fait redouter coups fourrés et chausse-trapes quand il faudra adopter l'avancement de l'âge de la retraite, la libéralisation du marché du travail ou l'imposition d'un impôt sur le patrimoine.

Fragilisé par cette naissance aux forceps, l'exécutif Monti devra également se méfier d'un "come-back" de Silvio Berlusconi. Hier, le Cavaliere a annoncé qu'il voulait "reprendre le chemin du gouvernement". Une velléité qui rappelle le final du Caïman, le film dans lequel le personnage censé représenté le Cavaliere brûlait l'Assemblée nationale plutôt que d'abandonner le pouvoir।

e Point.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire