09 novembre, 2011

CAMP VICTORY (Irak) - Irak: la principale base américaine sur le point d'être cédée aux Irakiens

CAMP VICTORY (Irak) - Ce qui fut durant huit ans la base névralgique américaine en Irak, avec notamment le quartier général de l'armée et la prison de Saddam Hussein, sera bientôt cédée aux Irakiens.

Les soldats américains s'apprêtent à fermer début décembre Victory Base Complex (VBC), qui ressemblait à une petite ville des Etats-unis, avec ses villas en préfabriqué, ses rues Liberty, Victory ou Lost Lake, ses supermarchés et ses "fast-foods".

"Le VBC passera aux mains du gouvernement irakien dans les premières semaines de décembre", confie le général Brad Becker, commandant en second des unités de soutien et de logistique des forces américaines stationnées dans le centre et le sud de l'Irak.

Il ne reste plus aujourd'hui que 4.000 soldats et 4.500 contractuels alors qu'au plus fort de la lutte contre l'insurrection, ils étaient 100.000, dont 42.000 militaires, explique le lieutenant-colonel Jerry Brooks, "l'historien" des forces américaines en Irak.

Certains secteurs du complexe ont déjà été transférés aux Irakiens, dont cinq des neuf palais construits par Saddam Hussein avec leurs palmiers et leurs lacs artificiels. L'ancien dictateur y accueillait en toute discrétion ses hôtes avant l'invasion conduite par les Etats-Unis en 2003.

Les plus hauts gradés américains étaient logés dans les 2.300 m2 et les 20 pièces du palais Ez, en bordure de lac, construit en 1994 et qui était parait-il un des endroits préférés du roi Hussein de Jordanie, mort en 1999.

"Aujourd'hui il est vide, mais il fut un lieu de résidence et de travail des chefs de l'armée américaine en Irak à partir de 2003", explique Jerry Brooks. "Le premier à s'y installer fut le général Ricardo Sanchez, suivi des généraux George Casey, David Petraeus, Ray Odierno, et de l'actuel chef des forces américaines Lloyd Austin, qui a déménagé il y a deux mois dans la +zone verte+", secteur ultra-protégé dans le centre de Bagdad, ajoute-t-il.

Mais Al-Ez paraît minuscule comparé au palais Fao, qui s'étend sur 42.000 m2, avec 62 pièces et 29 salles de bain, sa rotonde de plusieurs étages, son revêtement de marbre, ses énormes chandeliers et son mobilier kitch. Après avoir d'abord servi de chambrées et de réfectoire, il fut le lieu de travail de 3.000 militaires. "C'est là que se faisait la planification des opérations", explique "l'historien" militaire.

Ce palais, terminé en 2000, est désert depuis septembre 2011 car ses occupants sont rentrés aux Etats-Unis ou partis dans la "zone verte".

Dans le camp Victory se trouvent aussi deux villas à moitié détruites sur une petite île artificielle accessible seulement par un pont-levis. C'est à l'intérieur de l'une d'elles qu'ont vécu jusqu'à leur exécution Saddam Hussein et son cousin Ali Hassan Majid, connu sous le sobriquet de "Ali le chimique" pour avoir ordonné le gazage d'adversaires du régime.

"Nous voulions empêcher toute tentative de faire évader les deux prisonniers", explique le lieutenant colonel.

"Au départ, notre intention était de remettre le camp Victory en une seule fois aux Irakiens à la fin de notre mission, mais nous ensuite décidé de le rendre graduellement", indique le général Becker.

Reste à savoir qui recevra quoi: "Nous devons savoir quelle autorité gouvernementale ou quel ministère recevra le camp. Il y a beaucoup de ministères qui voudraient récupérer cette importante propriété mitoyenne à l'aéroport", souligné le général.

Selon les officiers américains, l'armée laissera derrière elle à Victory des équipements d'une valeur d'environ 100 millions de dollars car cela coûte moins cher que de les ramener aux Etats-Unis. "La passation de pouvoir approche mais il reste encore 10.500 camions remplis d'équipements à rapatrier", souligne-t-il.

Importé par 20minutes.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire