26 septembre, 2011

SENEGAL-CINEMA Les cinéastes africains invités à traiter des problèmes sociaux

Dakar, 25 sept (APS) – Le réalisateur Amadou Saloum Seck, auteur du film ‘’Ndobine’’, invite les cinéastes africains traiter de problèmes sociaux du continent, rappelant que le cinéma est ‘’un puissant vecteur de messages’’.

‘’Les cinéastes africains doivent traiter de problèmes sociaux. Le cinéma est avant tout un moyen d’évasion pour les gens mais également un vecteur de messages puissant’’, a dit Amadou Saloum Seck, samedi en marge de la projection de Ndobine, sélectionné lors du dernier Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO) au Burkina Faso.

‘’Nous autres cinéastes africains devons traiter des problèmes de notre société, et faire passer des messages dans nos films, tout en prenant soin de conserver l’aspect ludique’’, a-t-il soutenu.

Le film Ndobine a été projeté samedi à la salle Bada de la Médina, à Dakar, à l’initiative de l’Association sénégalaise des critiques de cinéma. ‘’Ndobine’’, qui dure une soixantaine de minutes, raconte l’histoire de Sakhir Lô, un jeune garçon qui fait une fugue pour échapper à un père autoritaire, alors qu’un pédophile abuse et brûle des enfants dans la ville.

Après la classe, l’instituteur de Sakhir Lô lui demande de rester pour discuter de ses résultats qui ont régressé alors qu’il est un élève brillant.

Il est alors en retard pour le déjeuner. Il rencontre sa sœur, au coin de la rue. Celle-ci l’informe que son père va le battre dès qu’il va rentrer, alors l’enfant s’enfuit.

Il est recherché par la police et son instituteur est arrêté après qu’on a retrouvé un enfant semblant correspondre à son signalement : ‘’violé, tué et brûlé’’.

On peut voir dans la distribution des comédiens comme Mamadou Ndiaye Doss (Ndobine le fou) et Lamine Ndiaye (le commissaire de police) mais également d’autres acteurs qui font leurs débuts au cinéma.

L’action se déroule dans la ville de Saint-Louis. ‘’Je voulais avoir une ville close comme une famille, et une ile répondait mieux à cette préoccupation. Dans une ile comme Saint-Louis les protagonistes de l’intrigue peuvent se croiser tous les jours, sans se reconnaitre. Et c’est une ville très esthétique’’, s’explique le réalisateur sur le choix du lieu de tournage.

Le film a été tourné en 2001. Il est sorti neuf ans plus tard. Selon Amadou Saalum Seck, au moment de la production, ‘’il n’y avait plus au Sénégal de structure pour financer des projets de ce genre’’.

‘’Le film est à mi-chemin entre le thriller ou le socio-polar’’, selon le réalisateur. Y sont abordés les thèmes de la pédophilie et des maltraitances dont sont victimes des enfants dans certaines familles, mais également des prévenus lors des interrogatoires dans les commissariats de police.

‘’En 2001 lors du tournage du film, les médias ne parlaient pas de pédophilie comme aujourd’hui. S’il était sorti au moment prévu, Ndobine aurait été précurseur dans la dénonciation de ce phénomène dont on pensait qu’il ne concernait que les étrangers qui venaient chez nous et pervertissaient nos enfants’’, assure-t-il.

Le réalisateur a choisi de ne pas faire arrêter le criminel car il veut ainsi montrer que ‘’le danger est toujours là, et qu’il guette encore et encore’’. Selon lui, ‘’cette expérience poussera le père à réfléchir à la façon autoritaire dont il éduquait ses enfants’’.

‘’Le père autoritaire fait partie de notre culture. Dans le film, le père du garçon dit qu’il est le garde du corps de sa famille car si les présidents ont des gardes, pour leurs enfants, pour les siens, ce rôle lui revient’’. ‘’En maltraitant son fils, ce père de famille l’a poussé à la fugue, l’exposant à des dangers dont il ne soupçonnait pas l’existence’’, raconte Amadou Saloum Seck.

En ce qui concerne la violence de certaines interrogations dans les commissariats, il soutient que Ndobine a également été ‘’un moyen d’attirer l’attention sur des pratiques qui ne vont pas souvent dans le sens du respect des droits humains’’.

ACF/AD

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