16 août, 2011

VIE CHERE AU BURKINA : Il faut des mesures radicales

Quel bilan peut-on tirer des mesures prises par le gouvernement pour atténuer les effets de la vie chère au plus fort de la crise sociopolitique ? Le gouvernement avait décidé, en effet, de baisser les prix de différents produits pour une durée de trois mois, à savoir le riz 25% brisure, le riz local, l’huile alimentaire en vrac et le sucre granulé. Et toutes ces mesures auraient coûté quelque 4 milliards de F CFA au gouvernement en termes de subvention. Mais, qu’est-ce que les citoyens ont réellement gagné dans cette affaire ? Il serait malhonnête intellectuellement de dire que les Burkinabè n’ont pas profité de ces mesures. Mais, du fait même de la nature des solutions qui étaient conjoncturelles, l’amère réalité était apparue très vite.

Comme en 2008, après les émeutes de la vie chère au Burkina, les commerçants n’ont pas appliqué les prix imposés par le gouvernement malgré les subventions. Ils ont répété leur combine cette année malgré les contrôles de l’Inspection générale des affaires économiques (IGAE). Ils se sont même payé le luxe de faire grimper le prix du sucre au début du Ramadan. De quoi apporter largement de l’eau au moulin de ceux qui ont toujours dénoncé la collusion entre les politiques et les opérateurs économiques. Sinon, comment comprendre que des gens décident de bafouer l’autorité de l’Etat sans craindre son épée de Damoclès ?

On peut légitimement se demander si les détaxes sur les produits n’ont pas servi à enrichir certains amis ou du moins des sociétés-écrans de certains hommes forts du régime. En tous les cas, on a l’impression qu’aucune leçon n’a été tirée des mesures prises en 2008. Et c’est pourquoi, en 2011, on a remis ça encore pour trois mois. En quatre ans, les gouvernants n’ont pas su développer le sens de l’anticipation. Ainsi, cette année, on a attendu le début du Ramadan pour prendre des mesures (encore conjoncturelles) afin de ramener le prix du paquet de sucre à 800 F CFA. Il faut donc aller résolument vers des solutions structurelles et radicales.

Quand l’Etat prend des décisions de subvention de produits de grande consommation, il doit se montrer ferme envers tous les acteurs économiques (grossistes, demi-grossistes et détaillants) parce qu’il a justement cette puissance. Mais ce que les Burkinabè attendent vraiment de leurs gouvernants, c’est d’anticiper et de mettre en œuvre des solutions structurelles. A ce propos, il serait judicieux de faire le point des mesures prises, il y a quelques années, pour augmenter la production nationale des céréales (et notamment le riz). A l’heure où le monde vit douloureusement les erreurs fatales du capitalisme, l’Etat burkinabè doit faire lui aussi le choix d’un interventionnisme juste et approprié.

Il se devrait aussi de montrer patte blanche sur les conflits d’intérêts (et même les délits d’initiés) entre politiciens et opérateurs économiques ainsi que travailler à réduire considérablement le libéralisme sauvage qui a cours sur nos marchés. Et bien sûr, on n’oubliera pas de souligner que la croissance économique n’est pas loin de tout cela et qu’une partie de la solution à la vie chère viendra d’une agriculture plus performante. Le Burkina ne peut pas continuer à confier sa sécurité alimentaire aux commerçants ; c’est une fuite de responsabilité très grave qu’il faudra corriger, en travaillant à une autosuffisance alimentaire nationale.

SIDZABDA

Le Pays

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire