02 août, 2011

Poutine est favorable à une fusion de la Russie et de la Biélorussie

La Biélorussie et le territoire rebelle géorgien d'Ossétie du Sud ont fraîchement accueilli ce mardi les propos du Premier ministre russe, Vladimir Poutine, appelant à leur fusion avec la Russie comme du temps de l'URSS.

Le ministère biélorusse des Affaires étrangères, a indiqué n'avoir aucun commentaire à faire sur le sujet, sinon que le président Alexandre Loukachenko a toujours été un ardent défenseur de l'indépendance de son pays.

La chute de l’URSS, «plus grande catastrophe géopolitique» du 20e siècle

«Alexandre Loukachenko a dit clairement que la souveraineté nationale avait un caractère saint pour les Bélarusses et n'était pas un sujet de négociation», a indiqué à l'AFP un porte-parole de la diplomatie bélarusse, Andreï Savinikh.

Interrogé lundi lors d'un forum de jeunes favorables au pouvoir sur la possibilité d'un Etat réunissant le Bélarus et la Russie comme «du temps de l'URSS», Vladimir Poutine, qui jugeait en 2005 que la chute de l'Union soviétique était «la plus grande catastrophe géopolitique» du 20e siècle, a répondu sans ambages.

«C'est possible, très souhaitable et cela dépend entièrement de la volonté du peuple biélorusse», a-t-il estimé, avant de dire au jeune biélorusse qui l'interrogeait: «battez-vous pour cela!».

L’Ossétie du Sud n’est pas pour

Il a exprimé une position similaire au sujet de l'Ossétie du Sud, petite région pro-russe du nord de la Géorgie dont Moscou est l'une des seules capitale a avoir reconnu l'indépendance après la courte guerre russo-géorgienne d'août 2008.

Tbilissi a dénoncé ces propos, jugeant qu'ils montraient «que l'objectif de la Russie était d'annexer les territoires géorgiens», selon le vice-président du Parlement géorgien, Mikhaïl Matchavariani.

Même l'Ossétie du Sud, petite terre de 50.000 habitants, n'a pas adhéré aux déclarations de Vladimir Poutine.

«Notre peuple a fait son choix pour l'indépendance lors d'un référendum en 2006, et nous n'avons aucun projet de devenir un territoire de la Fédération de Russie», a déclaré l'ambassadeur sud-ossète à Moscou, Dmitri Medoïev, à la radio Echo de Moscou. Il a cependant dit que son territoire était prêt à intégrer l'Union Russie-Bélarus, une alliance politico-économique aux contours et aux prérogatives mal définis.

31,4% des Biélorusses voteraient «oui»

Aux yeux d'observateurs russes et bélarusses, les déclarations de Poutine sont avant tout à usage interne et destinées à répondre à l'ambition de grandeur de nombreux Russes, au moment où le pays entre en période électorale (législatives en décembre 2011 et présidentielle en mars 2012).

«Cette déclaration vise le segment de la population russe qui est nostalgique du passé» soviétique, relève l'opposant biélorusse Anatoli Lebedeko, «il y a une campagne électorale en Russie», dit-il.

Selon un sondage réalisé en juin en Biélorussie, le «oui» à un référendum d'unification avec la Russie rassemblerait 31,4% des voix, contre 47,8% de «non».

Rapports étroits mais compliqués avec Loukatchenko

Le politologue russe Stanislav Belkovski a lui aussi jugé que l'appel de Vladimir Poutine relevait de la tactique politicienne: «Il n'y a aucun contenu politique sérieux dans les déclarations» du Premier ministre russe.

«Vladimir Poutine n'a pas été sincère du tout», a-t-il ajouté, estimant que l'homme fort de la Russie ne souhaitait en réalité pas une fusion avec la Biélorussie. La Russie entretient des rapports étroits mais compliqués avec son allié, l'autoritaire Alexandre Loukachenko.

Moscou a volé au secours de la Biélorussie en juin en débloquant un crédit de trois milliards de dollars pour aider l'ex-république soviétique à sortir d'une grave crise économique.

Mais la Russie est aussi sur les rangs pour acquérir les plus beaux actifs biélorusses, d'autant que les pays occidentaux ont imposé des sanctions à Minsk en raison de la répression de l'opposition, dont plusieurs chefs ont été emprisonnés depuis l'élection présidentielle de décembre.

© 2011 AFP

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